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Économie

Un renforcement des institutions et des finances publiques contribuerait à rehausser la productivité, la croissance et les revenus en Roumanie

 

12/03/2024 - L’économie roumaine a enregistré de bons résultats ces dernières années, ce qui a permis d’élever le niveau de vie de sa population et d’étayer le processus de convergence vers les pays de l’OCDE, mais la forte inflation a pesé sur le pouvoir d’achat des ménages, selon la dernière Étude économique de l’OCDE consacrée à la Roumanie.


D’après les prévisions de l’OCDE, le PIB de la Roumanie devrait croître de 3.1 % en 2024 puis de 3.3 % en 2025, après avoir augmenté de 2.0 % en 2023. Le niveau élevé de l’investissement soutiendra l’économie, de même que le redressement de la demande extérieure, tandis que les tensions sur les dépenses des ménages s’atténueront progressivement. Après avoir culminé à 16.8 % en novembre 2022 lors de la crise énergétique, l’inflation a reflué pour s’établir à 7.4 % en janvier 2024, mais les tensions sous-jacentes sur les prix demeurent vives dans l’économie. L’inflation globale devrait continuer de se replier et s’établir à 5.0 % en 2024 puis à 3.7 % en 2025.


Il faut renforcer les finances publiques en accroissant les recettes fiscales et en améliorant l’efficience des dépenses publiques, afin de maintenir la dette publique à un niveau gérable et de créer les marges de manœuvre requises au regard des tensions grandissantes sur les dépenses, liées par exemple au vieillissement démographique et à la transition écologique. Nécessaire pour réduire le déficit budgétaire, l’assainissement des finances publiques contribuerait également à étayer la politique monétaire restrictive, en atténuant les tensions liées à la demande en période de forte inflation.


Il sera important de renforcer la gouvernance publique et l’état de droit pour améliorer le climat des affaires et favoriser les gains de productivité. Les réformes mises en œuvre permettent d’alléger progressivement les contraintes réglementaires pesant sur les entreprises, mais la corruption et l’incertitude liée à l’action publique mettent en difficulté un grand nombre d’entre elles. Il demeure essentiel que la Direction nationale anticorruption (DNA) soit dotée de ressources suffisantes, et il est recommandé dans l’Étude de mettre pleinement en œuvre le cadre de gouvernance renforcé applicable aux entreprises publiques et de s’attaquer aux obstacles au financement des petites entreprises.


« Les bons résultats économiques de la Roumanie ont permis une hausse continue du revenu moyen. L’écart entre son niveau de vie et la moyenne des pays de l’OCDE s’est réduit de moitié entre 2000 et 2022. L’enjeu immédiat des politiques macroéconomiques est de juguler l’inflation, qui demeure nettement supérieure à l’objectif visé, grâce à la mise en œuvre coordonnée de politiques monétaire et budgétaire restrictives », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, lors de la présentation de l’Étude à Bucarest, aux côtés du Premier ministre, Marcel Ciolacu. « Les nouvelles mesures fiscales contribueront à remédier aux moins-values de recettes, mais des réformes plus ambitieuses seront nécessaires pour réduire les déséquilibres budgétaires, soutenir la croissance et remédier aux inégalités de revenu. La dynamique de réformes structurelles résultant du plan pour la reprise et la résilience devrait apporter une pierre à l’édifice, si elle s’inscrit dans la durée, de même que de nouvelles réformes destinées à lever les obstacles à l’investissement et à rehausser le taux d’activité. »


Le relèvement de l’âge de la retraite atténuera les tensions budgétaires liées au vieillissement démographique. Les recettes publiques restent néanmoins insuffisantes pour financer les nouvelles priorités en matière de dépenses. La mise en place d’une administration fiscale numérique s’impose pour lutter contre la fraude et accroître les rentrées d’impôts. Il est également d’une importance prioritaire d’élargir l’éventail de biens et de services assujettis au taux normal de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en Roumanie, ainsi que d’éliminer les dépenses fiscales liées à l’impôt sur le revenu qui sont source de distorsions et inéquitables.


Le taux d’activité n’a pas suffisamment augmenté pour compenser l’émigration de Roumains en âge de travailler. Les femmes sont sous-représentées dans la population active. Un congé parental généreux incite les femmes à cesser de travailler pour élever leurs enfants. En outre, du fait de l’insuffisance de l’offre de services d’accueil des jeunes enfants, les jeunes parents ont du mal à continuer à travailler tous les deux. Améliorer l’offre de services formels d’éducation et d’accueil des jeunes enfants faciliterait le retour au travail des parents après la naissance d’un enfant. Il est également nécessaire de continuer d’investir dans la formation des enseignants et les établissements pour améliorer les résultats du système d’enseignement, en augmentant les aides et en les ciblant mieux sur les groupes vulnérables.


Les émissions nettes de gaz à effet de serre doivent diminuer d’un quart au cours de cette décennie pour que la Roumanie puisse atteindre son objectif de neutralité carbone d’ici à 2050. Pour y parvenir sans freiner les progrès accomplis en termes d’augmentation du niveau de vie, les pouvoirs publics doivent mettre en œuvre une politique climatique économiquement efficiente et équitable. Il est nécessaire d’accélérer le déploiement des capacités de production d’énergie renouvelable pour pouvoir tenir l’engagement d’abandon progressif de la production d’énergie à partir de charbon. Il faut moderniser les réseaux électriques pour accroître la production d’électricité renouvelable, en envoyant des signaux-prix forts pour favoriser les économies d’énergie. Il importe également de soutenir les efforts de rénovation énergétique, d’améliorer les systèmes de transport et de veiller à la reconversion des travailleurs qui perdent leur emploi en Roumanie dans le cadre de la transition vers une économie bas carbone.


Cette Étude est publiée alors que la Roumanie s’est engagée dans le processus d’adhésion à l’OCDE. L’objectif général de ce processus d’adhésion est de promouvoir la convergence vers les normes et les meilleures politiques et pratiques de l’OCDE, en vue d’améliorer la situation de la Roumanie et de ses citoyens.


On trouvera ici une Synthèse de l’Étude économique de la Roumanie reprenant ses principales conclusions et ses graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).


Pour toute information complémentaire, les journalistes sont invités à contacter la Division des médias de l’OCDE (+33 1 45 24 97 00).

 

 

Note à l’intention des responsables de publication :


L’OCDE est une organisation internationale qui a son siège à Paris et dont la mission consiste à promouvoir des politiques visant à améliorer le bien-être économique et social des populations du monde entier. Travaillant avec ses pays membres et partenaires, elle offre aux pouvoirs publics une enceinte où ils peuvent conjuguer leurs efforts en vue de partager leurs expériences et de rechercher des solutions aux problèmes économiques, sociaux et de gouvernance auxquels ils sont confrontés.


Les 38 pays membres de l’OCDE sont : l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, le Chili, la Colombie, la Corée, le Costa Rica, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, les États-Unis, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Irlande, l’Islande, Israël, l’Italie, le Japon, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, le Mexique, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République slovaque, le Royaume-Uni, la Slovénie, la Suède, la Suisse, la Tchéquie et la Türkiye.


Le 25 janvier 2022, le Conseil de l’OCDE a décidé d’ouvrir des discussions d’adhésion avec la Roumanie et cinq autres pays (l’Argentine, le Brésil, la Bulgarie, la Croatie et le Pérou). Le 10 juin 2022, le Conseil réuni au niveau des Ministres a adopté la Feuille de route concernant le processus d’adhésion à l’OCDE de la Roumanie [C/MIN(2022)25/FINAL], qui définit les modalités, les conditions et le processus devant lui permettre de rejoindre l’Organisation. Conformément à cette Feuille de route, 26 comités techniques de l’OCDE, composés d’experts de l’action publique représentant chacun des 38 pays membres de l’Organisation, réaliseront une évaluation approfondie de la législation, des politiques et des pratiques de la Roumanie au regard des instruments juridiques de l’OCDE ainsi que de ses meilleures politiques et pratiques, couvrant de multiples domaines de l’action publique, notamment la politique économique, mais aussi les politiques sociales, du marché du travail, de l’éducation et de la santé.


L’objectif général de ce processus d’adhésion à l’OCDE est de promouvoir la convergence de la Roumanie vers les normes et les meilleures politiques et pratiques de l’OCDE, ce qui se traduira par de meilleurs résultats pour les membres de l’Organisation ainsi que pour la Roumanie et ses citoyens. Tout au long du processus d’adhésion, l’OCDE travaillera en étroite collaboration avec la Roumanie pour favoriser l’adoption de réformes pérennes dans cette optique. L’Étude économique de la Roumanie a été examinée lors de la réunion du Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement (EDR) qui s’est tenue le 16 janvier 2024, et est publiée sous la responsabilité du Secrétaire général de l’OCDE. Les données utilisées dans ce rapport ont été collectées jusqu’à la date du 1er mars 2024. La précédente Étude économique consacrée à la Roumanie a été publiée en janvier 2022. Des informations sur les autres Études et sur leurs modalités de préparation sont disponibles à l’adresse suivante : www.oecd.org/fr/economie/etudes/.


La publication de ce document, ainsi que les analyses et les recommandations qu’elle contient, ne préjugent en rien des résultats de l’examen de la Roumanie par le Comité EDR dans le cadre de son processus d’adhésion à l’OCDE.

 

 

 

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