Les politiques de soutien entravent largement l'adaptation au changement climatique

Le changement climatique a un impact grandissant sur la production agricole partout dans le monde, du fait de la variabilité accrue des températures et des précipitations, des perturbations des services écosystémiques et du ralentissement de la croissance de la productivité. L'agriculture est confrontée à une fréquence croissante de phénomènes météorologiques extrêmes, notamment des sécheresses, des inondations, des vagues de chaleur et des tempêtes. S’il en résulte un allongement des périodes végétatives dans certaines régions, presque partout ailleurs, il est urgent que les exploitants s'adaptent à la détérioration et à la variabilité accrue des conditions de culture.

Les pouvoirs publics redoublent d’efforts pour aider l'agriculture à s'adapter au changement climatique. Les 54 pays couverts par ce rapport ont adopté près de 600 mesures d'adaptation au changement climatique dans le secteur agricole. Il s’agit en grande partie de mesures de nature sociale, économique et institutionnelle, telles que la planification de l'adaptation, les investissements dans le renforcement des capacités, la fourniture de services climatologiques et la fourniture de mécanismes financiers et de dispositifs d'assurance. Ensemble, elles représentent 61 % de toutes les mesures d'adaptation. D'autres activités, telles que la mise en place de diverses approches fondées sur les écosystèmes, le développement d’infrastructures et des solutions techniques, représentent les 39 % restants. Ces mesures sont davantage axées sur la recherche de solutions utiles aux exploitants et aux systèmes agricoles.

Mesures et programmes d'adaptation de l’agriculture 

Note : La taille de chaque rectangle est proportionnelle à la part dans le total des mesures et programmes correspondants recensés par le Secrétariat de l'OCDE, sur la base des informations communiquées par les capitales. Source : OCDE (2023), Politiques agricoles : suivi et évaluation 2023

Cependant, l'adaptation efficace de l'agriculture au changement climatique appelle des mesures supplémentaires. Les pouvoirs publics devraient dépasser le stade de la planification et s’atteler de toute urgence à la mise en œuvre, au suivi et à l'évaluation des mesures d'adaptation. Les mesures destinées à renforcer la résilience au changement climatique devraient concilier le soutien au relèvement à court terme après des chocs liés au climat avec des ajustements progressifs à moyen terme ; au gré de l’évolution des conditions, , et des actions transformatrices à long terme lorsque les systèmes existants seront devenus intenables. Parallèlement, les pays se voient contraints de redoubler d'efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) d'origine agricole. Si plusieurs pays ont mis à jour leurs objectifs d'atténuation à l’échelle de l'économie, aujourd'hui, seuls 19 des 54 pays couverts ont défini sous une forme ou une autre un objectif d'atténuation spécifique à l’agriculture.

La majeure partie du soutien actuel à l’agriculture consolide les systèmes de production existants et entrave l'adaptation au changement climatique. Le soutien des prix du marché et les autres transferts au titre d’un seul produit faussent les signaux envoyés aux producteurs, les dissuadent de modifier leurs systèmes de production et créent des distorsions sur les marchés internationaux, lesquels demeurent pourtant essentiels pour atténuer les effets des pénuries ou des récoltes exceptionnelles et pour renforcer la résilience des systèmes agricoles et alimentaires. Par ailleurs, l’objectif de 1.5°C énoncé dans l’Accord de Paris ne pourra pas être atteint sans efforts d’atténuation dans le secteur agricole.

Les investissements dans l'innovation, les infrastructures et la biosécurité peuvent jouer un rôle essentiel pour aider l'agriculture à s'adapter au changement climatique. Il s'agit de consacrer une plus grande part des dépenses de R&D à l'adaptation, de veiller à ce que les investissements dans les infrastructures soient résistants face au changement climatique, de soutenir à l’échelle du paysage, des solutions fondées sur la nature et de renforcer les mesures de biosécurité pour que les exploitants agricoles puissent répondre aux nouvelles menaces liées aux ravageurs et aux maladies.

En savoir plus:

• Le soutien à l'agriculture a atteint des niveaux record
• Les investissements dans les services vitaux ont pris du retard par rapport à d'autres formes de soutien
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