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Le PIB de l’Afrique connaît depuis 2000 une solide croissance de 5 % par an, tirée par la demande de produits de base et stimulée par des liens plus étroits avec la finance et les échanges mondiaux, une gestion économique plus efficace dans les secteurs public et privé, l’amélioration des communications et d’autres innovations technologiques, et par des progrès en termes de conditions de vie et d’éducation.
La productivité a augmenté sur l’ensemble du continent et le revenu par habitant, malgré une croissance démographique élevée par rapport au reste du monde, a progressé deux fois plus vite que dans les pays de l’OCDE, amorçant ainsi l’essor rapide de la classe moyenne. Des réfrigérateurs aux téléphones portables, aux voitures et aux services financiers, la consommation a explosé : au Ghana par exemple, le taux de motorisation a fait un bond de 81 % depuis 2006.
Mais des obstacles considérables persistent malgré ces progrès.
L’Afrique a du mal à atteindre les huit Objectifs du Millénaire pour le développement – alors qu’il reste à peine deux ans avant l’échéance. Ainsi, un tiers seulement des Africains disposent d’installations sanitaires, et un autre tiers n’a pas accès à l’eau potable. Dans ce contexte, la lutte contre les maladies reste un défi de taille, d’autant que le prix des vaccins augmente. Ces problèmes sont particulièrement préoccupants dans les États fragiles d’Afrique, dont les 200 millions d’habitants sont en constante situation de dépendance. Bien qu’une étude récente de la Banque mondiale laisse entrevoir certains progrès dans les États fragiles, leur situation difficile met en évidence l’importance de l’aide au développement et la nécessité pour les donneurs de revenir sur les récentes baisses appliquées.
L’aide sera essentielle également pour remédier à ce que la Banque africaine de développement appelle un « déficit d’infrastructures », un énorme gouffre dont le comblement coûterait 50 milliards de dollars par an environ pendant 10 ans, d’après les estimations de la Banque.
De toute évidence, l’Afrique doit transformer ses structures économiques si elle veut exploiter plus pleinement ses abondantes ressources naturelles. Il faudra notamment aider les pays à se tourner vers des activités à plus forte valeur ajoutée, comme la production manufacturière, et à tirer des bénéfices accrus de l’exploitation même des matières premières en ancrant plus profondément les entreprises mondiales dans les chaînes d’approvisionnement locales.
Une autre priorité consiste à investir davantage dans l’acquisition de compétences et dans l’éducation des enfants, en particulier pour améliorer les perspectives des dizaines de millions de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Il faut aussi poursuivre les efforts accomplis – souvent avec l’aide de l’OCDE – pour renforcer les institutions publiques, améliorer les systèmes fiscaux et lutter contre la corruption.
En définitive, l’Afrique peut-elle continuer d’aller de l’avant et résister à des difficultés à court terme, en particulier à la baisse de la demande de la Chine ? La réponse est oui, en partie grâce à la hausse des investissements de l’Inde, de la Corée et d’autres pays, et au maintien des efforts internationaux de développement.
Mais les véritables avancées viendront surtout de la coordination des politiques. En favorisant, par des stratégies adaptées, une croissance solidaire et une utilisation accrue du capital humain, les décideurs publics pourraient faire véritablement advenir le siècle de l’Afrique.
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