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Centre de développement

Les lois et normes sociales discriminatoires entravent toujours l’égalité entre les femmes et les hommes, selon le SIGI 2019 du Centre de développement de l’OCDE

 

7/12/2018 - Le rythme des progrès réalisés à l’échelle mondiale en matière d’égalité  de genre reste lent, malgré des avancées dans certains pays, selon l’édition 2019 du  Social Institutions and Gender Index (SIGI).


Depuis la dernière édition du SIGI, publiée en 2014, 14 pays ont érigé les violences domestiques en infraction pénale et 15 pays ont renforcé leur cadre juridique dans le but de reculer l’âge du premier mariage en supprimant les exceptions légales permettant aux filles de contracter un mariage. De même, certaines normes sociales préjudiciables à l’égalité sont devenues moins perceptibles. À titre d’illustration, l’acceptation sociale des violences domestiques a régressé pour passer de 50 % en 2012 à 37 % en 2014 et à 27 % en 2018.


Cependant, dans bon nombre des 180 pays couverts par la base de données, les engagements pris au niveau politique, les réformes juridiques et les programmes sensibles aux disparités entre les sexes ne trouvent toujours pas leur traduction dans des changements concrets en faveur des femmes et des filles. Malgré des variations régionales, la discrimination fondée sur le sexe persiste obstinément et reste difficile à contrer. À l’échelle mondiale, 16 % des filles âgées de 15 à 19 ans ont été mariées avant l’âge de 18 ans en 2018, contre 19 % en 2012. À ce rythme, il faudra plus de 100 ans pour éradiquer le mariage des très jeunes filles.


« Au cours de ces dernières années, nous avons assisté à une montée en puissance sans précédent du soutien en faveur des droits des femmes. Certes, reconnaître les faits constitue déjà une avancée décisive, mais il est à présent temps de passer des discours sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes aux actes », a déclaré Juan Yermo, Directeur adjoint du Cabinet du Secrétaire général de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques, lors de la présentation, aujourd’hui à Bruxelles, de la quatrième édition de l’indice SIGI du Centre de développement de l’OCDE.


Mise en place en 2009, la base de données fait ressortir les disparités engendrées entre les femmes et les hommes possibilités par la législation, les attitudes et les pratiques sur le plan des droits et des. Elle met également en évidence les domaines dans lesquels des efforts accrus sont nécessaires afin de parvenir à l’égalité effective. L’indice SIGI couvre quatre dimensions importantes pour le parcours de vie des femmes et des filles. En particulier, les nouvelles données mettent en relief les progrès réalisés et les défis qui subsistent quant aux droits des femmes dans la famille (comme le mariage précoce), à leur intégrité physique (ex., mutilations sexuelles féminines, violence, santé et droits sexuels et procréatifs), à leur accès aux actifs productifs et financiers (ex., accès à la terre, droits dans le monde du travail) et à leurs droits civiques (ex., représentation politique).


Cette quatrième édition de l’indice SIGI contient un nouveau classement international qui confère à 120 pays un rang en fonction de leur niveau de discrimination dans le domaine des institutions sociales, 180 notes pays présentant des informations détaillées sur les cadres juridiques et les plans d’action visant à protéger les droits des femmes et à promouvoir l’égalité entre les sexes, ainsi qu’une nouvelle base de données présentant une synthèse de toutes les lois, normes sociales et pratiques discriminatoires existant dans le monde entier.


Les nouvelles données soulignent l’importance que revêt l’application effective d’une nouvelle législation visant à renforcer l’égalité et à abroger les lois discriminatoires, notamment au moyen de programmes et plans d’action propres à transformer en profondeur les rapports sociaux entre femmes et hommes. Les lois – ce qui est juridiquement faisable – et les normes sociales – ce qui est socialement acceptable – sont des armes à double tranchant pour les femmes : elles peuvent faire obstacle au changement ou, au contraire, en être le moteur. Les attentes sociales concernant le rôle de chaque sexe se traduisent toujours par une stigmatisation des mères qui travaillent et des femmes qui participent à la vie politique, les empêchant ainsi d’exercer leur force d’initiative dans les sphères économique et politique : la moitié de la population estime que les enfants pâtiront si leur mère a un emploi rémunéré hors du domicile, et que les hommes font de meilleurs dirigeants politiques que les femmes. De même, certaines lois confèrent toujours aux femmes un statut qui les soumet à l’autorité de leur époux: dans 41 pays, l’homme est reconnu comme l’unique chef du ménage ; dans 27 pays, la loi exige de la femme l’obéissance à son mari ; dans 24 pays, les femmes doivent obtenir la permission de leur époux ou « tuteur légal » (frère, père) pour choisir une profession ou travailler.


Des progrès ont certes été accomplis grâce au signal d’alarme lancé par des milliers de femmes dans le monde entier, mais le chemin qui mène à l’égalité entre les sexes est encore long. La discrimination sexiste demeure un défi protéiforme auquel les femmes et les filles sont confrontées tout au long de leur vie. Des solutions conçues au niveau local et conjuguées à une législation appropriée sont nécessaires pour susciter d’autres transformations sociales solides. Destiné à fournir un appui supplémentaire aux responsables de l’élaboration des politiques en mettant à leur disposition les données factuelles dont ils ont besoin pour comprendre ces influences positives et négatives et réaliser les changements importants qui s’imposent pour que les femmes et les hommes aient les mêmes chances, le Simulateur des politiques, nouvelle fonctionnalité de l’indice SIGI, permet de déterminer les possibilités de réforme et d’évaluer leurs effets potentiels sur la progression de l’égalité entre les sexes dans les institutions sociales. Cet outil permet à ses utilisateurs de comparer un pays donné avec plusieurs autres pays choisis.

 

>> Pour plus d’informations sur l’indice ISE 2019 :

-          Consultation des résultats de l’édition 2019 de l’indice SIGI : www.genderindex.org

-          180 notes  pays: https://www.genderindex.org/countries/

-          Simulateur des politiques: http://sim-dev.oecd.org/Default.ashx?lang=En&ds=SIGI

-          Base de données Égalité femmes-hommes, Institutions et Développement (EID 2019): https://stats.oecd.org/Index.aspx?DataSetCode=GIDDB2019

Les demandes de renseignements des médias doivent être adressées au Bureau de la presse du Centre de développement de l’OCDE (courriel: bochra.kriout@oecd.org; tél: +33 1 45 24 82 96).


À propos du SIGI

Élaboré par le Centre de développement de l’OCDE, Social Institutions and Gender Index (SIGI) est un outil unique en son genre de mesure, à l’échelle internationale, des discriminations dont sont porteuses les institutions sociales, à savoir les lois, normes sociales et pratiques formelles et informelles qui restreignent les droits des femmes et des filles, ainsi que leur accès aux moyens et aux ressources nécessaires à leur émancipation.

L’indice SIGI est une source officielle de données qui sert au suivi des progrès accomplis au regard de l’indicateur 5.1.1 de l’Objectif de développement durable 5 (ODD 5), à savoir la présence ou l’absence d’un cadre juridique visant à promouvoir, faire respecter et suivre l’application du principe de l’égalité entre les femmes et les hommes.

 

 

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