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Australie

Australie : les réformes menées après la pandémie devraient viser le retour à une croissance vigoureuse et équitablement répartie

 

15/09/2021 - Après s’être redressée rapidement de la récession provoquée l’année dernière par la pandémie de COVID-19, l’économie australienne s’est essoufflée du fait des mesures de freinage prises face aux résurgences du virus. Une fois l’économie rouverte et la reprise réamorcée, l’accent devra être mis sur des réformes propres à relancer la croissance de la productivité, relever les niveaux de vie et renforcer la résilience : c’est ce qui ressort d'un nouveau rapport de l’OCDE.

Dans la dernière Étude économique de l’Australie réalisée par l’OCDE, les auteurs relèvent que si la pandémie est venue suspendre 28 années de croissance ininterrompue, la récession initialement enregistrée par l’Australie a été relativement modeste par rapport à celle qu'ont subie la plupart des pays de l’OCDE et la reprise a été rapide, grâce à des mesures publiques de soutien généreuses et à la réouverture rapide des activités au plan national. Cependant, les deux plus grands États d’Australie étant désormais aux prises avec une nouvelle vague de COVID-19, les risques et les incertitudes demeurent importants.

Selon les projections figurant dans l’Étude, la croissance du PIB, qui avait chuté de 2.5 % en 2020, devrait s'établir à 4 % en 2021 et 3.3 % en 2022. L'activité économique devrait se contracter au troisième trimestre de 2021 avant de renouer avec la croissance à mesure que les taux de vaccination permettront d'alléger les restrictions. La reprise sera peut-être plus graduelle qu’elle ne l’a été au cours des épisodes précédents, car elle va s’inscrire dans un contexte de transmission virale plus élevée. L’accélération du déploiement des vaccins pourrait permettre une réouverture plus rapide et un redémarrage plus prompt de la consommation des ménages, compte tenu du stock d’épargne excédentaire. À l’inverse, si de nouvelles vagues significatives de contamination devaient se produire dans d'autres États, le choc économique pourrait devenir plus profond. Toute montée des tensions avec la Chine pourrait affaiblir encore les échanges commerciaux.

La politique budgétaire à court terme devrait continuer d’être adaptée en fonction d’évolutions telles que celle de la pandémie, selon l’Étude. Tous les adultes répondant aux critères devraient pouvoir se faire vacciner et les frontières internationales devraient être rouvertes dès que possible. Une fois la reprise bien engagée, l’Australie devrait continuer de réduire les obstacles réglementaires, administratifs et financiers auxquels sont confrontées les jeunes entreprises à fort potentiel. Repenser les cadres institutionnels liés aux politiques budgétaire et monétaire et garantir un filet de sécurité sociale adapté sont autant de mesures qui permettraient de mieux préparer l’économie à des chocs futurs.

D’une manière générale, les réformes à prendre après la pandémie devraient viser à relever les défis de longue date antérieurs au COVID-19, par exemple la stagnation de la croissance des niveaux de vie et le fléchissement des gains de productivité expliquant les résultats décevants en matière de salaires pour les travailleurs. Les jeunes et les travailleurs faiblement rémunérés étant maintenant fortement touchés par la crise liée au COVID-19, des mesures d'activation efficaces seront indispensables pour éviter que la crise ne laisse des traces négatives durables sur les chômeurs de longue durée et pour favoriser le redéploiement des emplois. 

La pandémie va laisser un autre héritage sous la forme d'une augmentation de la dette publique. La stratégie budgétaire future devrait s’inscrire dans le contexte des tensions qui vont peser à l’avenir sur les finances publiques, et être suivie par un organisme budgétaire indépendant. Une réforme fiscale sera nécessaire pour réduire le poids de l'impôt sur le revenu des personnes physiques dans le système fiscal australien, qui rend les finances publiques vulnérables au vieillissement de la population. Pour ce faire, on pourrait relever le taux de la taxe sur les biens et services ou en élargir l'assiette, en compensant tout effet régressif par de nouvelles baisses de l’imposition des revenus des personnes physiques, et réduire les allègements fiscaux relatifs aux pensions privées et les déductions d’impôt accordées au titre des plus-values. En outre, davantage d’États fédérés devraient remplacer les droits de timbre par un impôt foncier périodique judicieusement conçu.

L’Étude examine en détail la manière dont le secteur financier peut contribuer à une reprise plus forte, plus durable et inclusive. Si les institutions financières ont permis d'amortir le choc économique provoqué par la pandémie, les prêts aux entreprises ont baissé par rapport aux concours aux particuliers, si bien que la limitation de l'accès aux financements pèse sur certaines entreprises innovantes. En outre, de nombreux ménages n’ont pas de compétences et capacités financières suffisantes, et davantage pourrait être fait pour garantir l’alignement des flux financiers sur la durabilité environnementale. S’attaquer à ces obstacles en modifiant la réglementation, proposer des solutions alternatives au financement bancaire et renforcer la protection des consommateurs pourraient aider à accroître la productivité, à améliorer la résilience des ménages et à favoriser la transition vers une économie neutre en carbone.

Étant le continent habité le plus aride de la planète, l'Australie est vulnérable face au changement climatique, comme on le voit avec la multiplication de feux de brousse catastrophiques. Cela dit, elle est aussi parfaitement bien placée pour profiter économiquement de la transition verte, grâce à son vaste territoire balayé par les vents, son fort ensoleillement et son large accès à la mer, ainsi qu'à son potentiel d'innovation dans les technologies de réduction des émissions de carbone. L'Australie doit maintenant se doter d'une stratégie nationale cohérente définissant des objectifs clairs et précisant les paramètres de l’action publique nécessaires pour passer à zéro émission nette. Le secteur financier peut jouer un rôle déterminant dans la réalisation de ces objectifs.

On trouvera dans la Synthèse les principales conclusions ainsi que les principaux graphiques de cette Étude économique (vous êtes invités à utiliser ce lien dans vos articles).

 

Pour toute information complémentaire, les journalistes sont invités à contacter Catherine Bremer à la Division des médias de l’OCDE (+33 1 45 24 80 97). 

 

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