Partager

Gouvernance d'entreprises

Les marchés boursiers changent : investisseurs, entreprises et régulateurs doivent être prêts

 

27/11/2019 - L’Asie est en voie de devenir le plus grand marché boursier du monde : les entreprises asiatiques ont contribué à 51% de l’ensemble des fonds propres levés en 2018 dans le cadre d’introductions boursières. En outre, aujourd’hui, plus de la moitié des sociétés cotées en bourse dans le monde sont en Asie. Selon un nouveau rapport de l’OCDE, cette évolution redéfinit le marché boursier mondial de diverses manières. D’une part, par le biais de fonds de pension, fonds mutuels et d’autres intermédiaires, les ménages hors Asie ont accru leurs investissements dans des entreprises asiatiques. D’autre part, il est de plus en plus fréquent que les sociétés cotées en bourse appartiennent majoritairement au secteur public ou à d’autres sociétés privées. Par ailleurs, les levées des fonds via les marchés des capitaux sont considérablement plus utilisées par des petites entreprises à potentiel de croissance en Asie que dans le reste du monde.


D’après le rapport OECD Equity Market Review of Asia 2019, les sociétés non-financières asiatiques ont réuni en moyenne 67 milliards USD par an au cours de la dernière décennie, en dépassant le montant total des fonds propres réunis par les sociétés d’Europe et des États-Unis.

Equity-Review-Asia-2019-Figure-French-600x270

Ce développement en Asie est principalement dû à une augmentation significative de l’utilisation des marchés boursiers par les sociétés chinoises, qui ont réalisé deux fois plus d’introductions en bourse que les sociétés américaines. Pourtant, cela ne concerne pas exclusivement la Chine : l’Inde, la Corée et le Japon se classent également parmi les 10 premières économies mondiales en termes de nombre de nouvelles cotations boursières. De plus, plusieurs marchés émergents tels que le Viet Nam, la Thaïlande, l’Indonésie et la Malaisie, connaissent plus d’introductions boursières que la plupart des économies avancées. Ces dernières ont à leur tour ont enregistré une baisse du nombre de cotations accompagnée d’une augmentation des radiations boursières entraînant inévitablement une baisse du nombre total des sociétés cotées en bourse.

 

Dans des nombreuses économies avancées, une préoccupation supplémentaire repose sur le caractère nouveau des sociétés utilisant les marchés boursiers : historiquement, environ 80% des sociétés non-financières réalisant une introduction en bourse étaient des petites entreprises à potentiel de croissance alors qu’aujourd’hui, leur proportion est nettement moindre. De ce fait, la diminution globale du nombre de sociétés cotées sur les marchés boursiers des économies avancées est expliquée par la baisse observée des cotations boursières des petites entreprises à potentiel de croissance. Aux États-Unis, la part des sociétés à potentiel de croissance faisant une introduction boursière a été réduite de 80% à 50% entre la période de 1995 à 1999 et depuis les années 2000. Une tendance similaire peut être observée en Allemagne et dans une certaine mesure au Royaume-Uni.

 

Malgré la diminution du nombre de sociétés cotées en bourse au cours des dernières années, la valeur marchande totale de ces sociétés par rapport au PIB a augmenté dans de nombreuses économies avancées, qui accueillent aujourd’hui un plus petit nombre de grandes entreprises. Au cours des deux dernières décennies, la valeur marchande moyenne des sociétés cotées sur certains marchés a en réalité doublé en termes réels.

 

Les marchés boursiers d’aujourd’hui sont mieux interconnectés et une plus grande part des placements en actions sont transfrontaliers. En Asie, la poursuite de la forte activité d’introductions en bourse ainsi que le poids croissant des sociétés asiatiques dans les indices boursiers mondiaux résulteraient dans l’augmentation des investissements de portefeuille en actions étrangères. Les sociétés asiatiques ont également utilisé d’autres moyens pour attirer directement du capital étranger, notamment par le biais de cotations boursières à l’étranger.

 

Par conséquent, la croissance des marchés boursiers asiatiques a conduit les ménages hors Asie à accroître leurs investissements dans des entreprises asiatiques par le biais de fonds de pension, fonds mutuels, ou compagnies d’assurance ; soit sous la forme d'investissements de portefeuille transfrontaliers, soit via des investissements dans des sociétés asiatiques cotées à l'étranger.

 

D’une valeur globale d’environ 85 000 milliards USD, les actions cotées en bourse en tant que classe d’actifs déjouent encore toutes les autres opportunités d’investissement accessibles au grand public dans les marchés financiers. Cela signifie que les ménages ordinaires comptent direct ou indirectement sur les marchés des actions pour protéger et accroître la valeur de leur épargne.

 

Enfin, l’interconnexion mondiale des marchés des actions se traduit par des investisseurs pouvant bénéficier d’occasions d’investissement au-delà de leurs frontières nationales, et par des entreprises pouvant se financer à partir de pools d’investisseurs beaucoup plus vaste. Néanmoins, cette intégration entraîne également d'importants changements dans les marchés boursiers, auxquels les investisseurs, les entreprises et les régulateurs à la fois de différentes traditions juridiques, réglementaires, économiques et culturelles doivent se préparer et s'adapter.

 

Téléchargez le rapport OECD Equity Market Review of Asia 2019.

 

Les journalistes souhaitant obtenir de plus amples informations sont invités à contacter Mats Isaksson, Chef de la division de la gouvernance et de la finance d’entreprise (Tél. : + 33 1 45 24 76 20) ou Serdar Celik, Économiste principal (Tél. : + 33 1 45 24 79 84), à la Direction des affaires financières et des entreprises de l'OCDE.

 

Coopérant avec plus d'une centaine de pays, l'OCDE est un forum stratégique international qui s'emploie à promouvoir des politiques conçues pour améliorer le bien-être économique et social des populations dans le monde entier.

 

Documents connexes