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Suède

Renforcer les taux d’activité et faire davantage pour faciliter la transition verte sont les principales priorités de la Suède selon l’OCDE

 

14/06/2023 - L’économie suédoise était relativement saine au sortir de la pandémie, mais elle est aujourd’hui sous tension du fait des coûts élevés de l’énergie et de la hausse des taux d’intérêt : c’est ce qui ressort de la dernière Étude économique de la Suède réalisée par l’OCDE.

Si les liens commerciaux et financiers directs de la Suède avec la Russie et l’Ukraine sont limités, la crise énergétique provoquée par la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine a poussé à la hausse l’inflation et les taux d’intérêt, érodant les salaires réels et faisant chuter les prix des logements de près d’un cinquième par rapport à leur pic de mars 2022.

La confiance des consommateurs et celle des entreprises se sont dégradées, alors que la hausse des coûts d’emprunt pèse sur les revenus des ménages et que les sociétés immobilières ont du mal à refinancer leurs dettes.

Selon les projections figurant dans l’Étude, la croissance du PIB devrait repartir et s’établir à 1.4 % en 2024, après la légère contraction de 0.3 % enregistrée en 2023. À plus de 12 % en décembre 2022, l’inflation mesurée par l’IPC a atteint son plus niveau depuis 30 ans et elle devrait redescendre progressivement à 2.4 % en 2024, même si elle devrait rester élevée à court terme et s’établir en moyenne à 6.6 % en 2023 selon les projections. La Suède devrait se tenir prête à durcir encore sa politique monétaire si nécessaire.

L’économie suédoise aurait tout à gagner de réformes structurelles destinées à développer les incitations au travail, à mieux faire coïncider l’offre et la demande de compétences, à encourager la mobilité de la main-d’œuvre et à intégrer davantage sur le marché du travail les catégories sous-employées comme les femmes nées à l’étranger.

« Les tensions inflationnistes restent généralisées en Suède et devraient rester fortes cette année. Le resserrement de la politique monétaire a contribué à contenir les anticipations d’inflation à long terme. D’autres mesures, étayées par un suivi attentif des données économiques à venir, devront être prises jusqu’à ce qu’il soit manifeste que les tensions inflationnistes sous-jacentes se seront durablement atténuées »,© Études économiques de l'OCDE: Suède 2023 - L'inflation a atteint son plus haut niveau depuis 30 ans a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE M. Mathias Cormann en présentant l’Étude à Stockholm aux côtés de la Ministre des Finances Mme Elisabeth Svantesson. « Il sera important que les décideurs publics suédois, parallèlement à leur action visant à relever les défis économiques immédiats, s’emploient à accroître les taux d’activité de la main-d’œuvre en réformant les services de l’emploi ainsi que le système de prélèvement et de prestations, et fassent en sorte que la transition verte reste étayée par les politiques climatiques et des incitations à réduire les émissions ».

Par ailleurs, la Suède, depuis longtemps pionnière en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, doit poursuivre sur cette voie. À l’heure où des entreprises soucieuses d’écologie sont en train de lancer une révolution industrielle verte, les autorités devraient continuer de soutenir cette évolution par d’ambitieuses mesures destinées à stimuler l’investissement dans l’approvisionnement en électricité verte. La Suède doit développer l’utilisation des véhicules électriques pour réduire les émissions liées aux transports, et trouver des moyens de faire baisser les émissions du secteur agricole, après de récentes réformes qui risquent de compromettre l’objectif de réduction des émissions du pays à l’horizon 2030.

La Suède a réduit de plus de moitié ses émissions de gaz à effet de serre depuis les années 70, soit l’une des plus fortes baisses parmi les pays de l’OCDE, et elle a mis en place des politiques climatiques efficaces comprenant notamment une tarification du carbone ainsi que des subventions et réglementations vertes. Toutefois, le pays pourrait avoir du mal à atteindre ses objectifs de réduction des émissions d’ici à 2030, en raison d’une proposition récente visant à réduire l’obligation d’incorporation de biocarburants pour des motifs de coûts ainsi que d’autres propositions de modification de l’action publique. 

Une révolution industrielle verte est en cours dans le nord de la Suède, où l’on a déjà produit le premier véhicule au monde fabriqué en acier sans combustibles fossiles. Cette transformation radicale aura pour effet de doubler la demande d’électricité d’ici à 2045. Si la région dispose aujourd’hui d’une offre abondante de sources d’énergie propre, il est urgent d’investir dans les énergies renouvelables et le nucléaire ainsi que dans le stockage et le transport d’électricité. Simplifier les procédures complexes de planification et d’autorisation contribuerait à développer ces investissements. Il est également nécessaire d’améliorer les compétences et d’attirer des talents de toute la Suède ainsi que de l’étranger, pour répondre à la demande de travailleurs dans l’industrie et les services publics connexes dans une région du pays en proie au déclin démographique. Les municipalités qui sont à la pointe en matière de transition verte devraient investir dans le logement, les services et les infrastructures.

Les progrès accomplis par la Suède dans la réalisation de ses objectifs climatiques pourraient bénéficier d’améliorations de son système de gouvernance publique, selon l’édition du Moniteur de la gouvernance publique : Suède lancé parallèlement à l’Étude économique. Les auteurs du Moniteur de la gouvernance publique : Suède suggèrent que la Suède mette en place des mécanismes plus robustes de coordination et de gestion des progrès accomplis par le pays dans des domaines transversaux allant du climat au numérique en passant par l’égalité entre les genres ou l’intégrité. Le cadre pour l’intégrité dans le secteur public mis en place par la Suède devrait également être renforcé afin d’améliorer l’intégrité à tous les échelons de l’administration, particulièrement aux niveaux régional et local. En plus d’améliorer les mécanismes de participation du public, une telle évolution contribuerait à renforcer la confiance dans les pouvoirs publics, facilitant ainsi la mise en œuvre des réformes.

Plus généralement, dans toute la Suède, la persistance du chômage de longue durée au lendemain de la pandémie de COVID‑19 a coïncidé avec un niveau élevé d’emplois vacants, et le chômage devrait augmenter avec la contraction de l’activité économique attendue à court terme. Nombreux sont les travailleurs peu qualifiés, nés à l’étranger ou âgés qui ont du mal à réussir sur un marché du travail où la faible dispersion des salaires exige un haut niveau de compétences et de productivité. L’ampleur des prélèvements fiscaux sur le travail et les modifications récentes du système de retraite tendent également à réduire les incitations à travailler.

Les auteurs de l’Étude économique recommandent de réformer le système de prélèvements et de prestations pour renforcer les incitations au travail, et de mettre soigneusement en œuvre la réforme des services de l’emploi pour essayer de faire entrer davantage de travailleurs sous-utilisés sur le marché du travail. Assouplir l’encadrement des loyers pourrait contribuer à améliorer la mobilité de la main-d’œuvre.

Si l’écart important qui existe entre les impôts sur le travail et la fiscalité des revenus du capital était réduit, les personnes ayant des revenus d’activité élevés seraient moins incitées à requalifier les revenus du travail en revenus du capital. Les impôts fonciers, actuellement faibles, pourraient également être relevés. Lier plus étroitement les pensions aux rémunérations pourrait contribuer à préserver la viabilité à long terme du régime de retraite et à allonger la vie active, dans le contexte du vieillissement de la population.

 

Vous trouverez ici une Synthèse de cette Étude économique reprenant ses principales conclusions et ses graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).


Pour toute information complémentaire, les journalistes sont invités à contacter Catherine Bremer à la Division des médias de l’OCDE (+33 1 45 24 80 97).

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