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Pays-Bas

Améliorer la sécurité de l'eau et la prospérité mondiale : Anticipation, participation et résultats

 

Je me suis rendue en janvier dans l’État mexicain de Tabasco, qui est situé dans le golfe du Mexique et traversé par plusieurs cours d’eau. Sa population a doublé au cours des 30 dernières années et son économie dépend essentiellement du pétrole et du gaz naturel. Les défis ne manquent pas : chômage, pauvreté, manque de ressources.

Toutefois, un défi en particulier a une influence sur tous les autres : le risque, toujours croissant, d'inondations. Le gouvernement mexicain a créé un programme de prévention des crues, à la suite de plusieurs graves inondations, mais, alors qu'il était en chantier, la nature a de nouveau frappé. En 2007, les eaux ont recouvert 70 % de l'État et affecté plus d'un million de personnes.

Si la situation du Tabasco est différente de celle des Pays-Bas, nous avons en commun le besoin urgent de maîtriser l'eau et de réduire le risque d'inondations. À cause des effets du changement climatique, nos deux pays sont de plus en plus vulnérables aux catastrophes liées à l'eau. Tous deux ont besoin de réduire leur risque d'inondation et d'instaurer une gestion de l'eau plus cohérente pour assurer la sécurité et la prospérité de leurs habitants. C’est pourquoi nous collaborons étroitement sur cette question.

Anticipation

Comment réduire les risques, en pratique ? La réponse n’est pas la même partout, mais cela commence par leur anticipation, ce qui exige de mettre en place des mesures et des systèmes de gouvernance réduisant l'impact des inondations, des sécheresses et de la pollution de l'eau. Le fardeau imposé par la réparation des infrastructures endommagées s’en trouve allégé. L’anticipation facilite les interventions, grâce à des plans d'évacuation fiables et des systèmes d'alerte rapide. Il importe aussi de faire de l'eau un élément à part entière de l'urbanisme et de la planification économique.

Dans le cas des Pays-Bas, il s'agit de l’étape la plus récente, après plusieurs siècles d'interactions avec l'eau. Nous avons établi des normes nationales de sécurité de l'eau, ainsi que des plans d'évacuation et des principes d’aménagement urbain à l'épreuve des inondations. En travaillant de concert avec l'État de Tabasco, nous avons affiné notre approche, tout en contribuant à améliorer la sécurité et la prospérité de nos partenaires.

Participation

Notre approche a été inscrite dans la loi, dans le cadre du plan Delta. Mais plutôt que la fin d'un processus législatif, il s’agit du début d'un processus culturel que tous les échelons de l’administration s’emploient à mettre en place. Ce faisant, ils sont encouragés à impliquer les parties prenantes et les citoyens, dont la participation est essentielle pour rechercher des solutions locales durables. L'eau ignore les frontières institutionnelles : la participation et la collaboration sont donc essentielles à sa gestion. Cela renforce également la sensibilisation au risque des citoyens, laquelle nécessite une vigilance constante d'après un récent rapport de l'OCDE sur les politiques de l'eau aux Pays-Bas. Pour se donner les moyens d'agir, les Pays-Bas n'hésitent pas à se tourner vers les autres et à apprendre d'eux.

Résultats

L'anticipation ne nécessite pas seulement l'implication de toutes les parties prenantes, secteur privé compris. Elle demande aussi un financement solide, car chaque mesure a son prix. Elle exige plus d'investissements privés, et donc de meilleures analyses des coûts et des bénéfices. Nous savons que la prévention est rentable : pour chaque dollar investi, sept dollars sont injectés dans l'économie. La valeur ajoutée est réelle. Mais plus les plans et projets régionaux sont complexes, intégrés et à long terme, plus l'analyse coûts-bénéfices devient difficile. Cela freine l'investissement privé et, partant, les progrès.

Nous devons créer un environnement favorable aux décisions d'investissement et de financement, à la transparence (par des méthodes fiables d'analyse coûts-bénéfices, de surveillance et d'évaluation) et assurer les conditions d'une bonne gestion de l'eau. À l’appui de cette gestion, il faut mettre en place une gouvernance et des institutions viables, crédibles et transparentes pour parvenir à un financement durable de tous les investissements relatifs à l'eau. Mais cela n’est possible qu’avec une vision à long terme et un calendrier réaliste : le plan Delta et son fonds dédié ont un échéancier jusqu'en 2050.

Coopération internationale

L’anticipation des risques est l’affaire de tous et requiert une coopération mondiale renforcée. Les Pays-Bas soutiennent pleinement l’élaboration, par l’OCDE, de vastes recommandations horizontales sur l'eau qui aident les pays et régions à mieux anticiper et à améliorer la qualité des politiques et de la gouvernance. Ils coorganisent également une coalition Delta mondiale afin de confronter les problèmes et de partager les solutions. Notre but est d'apporter une valeur ajoutée concrète à la sécurité et au développement de chacun. Je me réjouis du fait que la Colombie, la Corée, la France, le Japon, les Philippines et le Vietnam nous aient déjà rejoints, et j'espère que d'autres pays suivront.

Je fais de la promotion de l'anticipation (et de tout ce qui s’y rattache) un but personnel, où que j'aille, car il s'agit de la clé d'un avenir sûr, résilient et prospère, pas seulement pour le Tabasco ou les Pays-Bas, mais pour le monde entier.

Voir www.government.nl/

Programme sur la gouvernance de l'eau de l'OCDE

Initiative de l'OCDE sur la gouvernance de l'eau

Le défi de l'eau : la réponse de l'OCDE

Travaux de l'OCDE sur les Pays-Bas


Thématiques du Forum de l'OCDE 2015

L'Observateur de l'OCDE

‌‌‌‌Melanie Schultz van Haegen

Melanie Schultz van
Haegen
Ministre des 
Infrastructures et de
l'Environnement

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2015

 

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