13/06/2023 - Si les ménages sont disposés à modifier leur comportement dans l'intérêt de l’environnement, les pouvoirs publics ont encore beaucoup à faire pour favoriser des choix plus durables. Comme il ressort d’une nouvelle analyse de l’OCDE, il est en effet crucial de rendre les solutions écologiques financièrement plus accessibles et plus pratiques.
Un nouveau rapport intitulé Comportement des ménages et environnement : Opérer des choix durables sur fond de crises interdépendantes analyse les réponses de la troisième édition de l’enquête de l'OCDE sur la politique de l’environnement et l’évolution des comportements individuels (enquête EPIC). On y lit que les fortes pressions que la consommation des ménages fait peser sur le climat et l’environnement devraient conduire à faciliter l'accès aux solutions durables et à inciter réellement les ménages à opérer des choix de nature à réduire leur empreinte écologique (par exemple, se fournir en électricité d'origine renouvelable ou recharger aisément la batterie de son véhicule électrique).
Les solutions disponibles et applicables doivent aussi être financièrement accessibles et pratiques. Par exemple, l’amélioration des transports publics suppose un service plus fréquent, une meilleure desserte et des billets moins chers. Récompenser les comportements écologiques peut également favoriser les habitudes durables, comme le fait d’accorder des remises sur les produits alimentaires à faibles impacts environnementaux aux clients qui viennent faire leurs courses avec des contenants réutilisables. Il est tout aussi important de veiller à ce que les solutions plus durables sur le plan écologique ne soient pas l'apanage des catégories de population restreintes, comme les ménages aisés, les propriétaires de leur logement et les habitants de maisons individuelles, mais qu’elles soient également accessibles aux foyers modestes, aux locataires et aux personnes vivant en appartement.
Plus de 17 000 ménages répartis dans neuf pays ont été interrogés dans le cadre de l’enquête EPIC. Plus de la moitié des répondantes et répondants estiment que les problèmes climatiques et environnementaux nuiront à la qualité de vie des générations tant actuelles que futures. Les deux tiers (65 %) se déclarent prêts à faire des concessions et à modifier leur mode de vie dans l'intérêt de l’environnement. Pour beaucoup, toutefois, il ne faut pas que ces concessions aient un coût financier, 63 % estimant que les mesures environnementales ne doivent pas leur coûter plus d’argent. Quelque 40 % des répondantes et répondants sont d’accord avec ces deux affirmations, ce qui laisse à penser qu’il est difficile pour les pouvoirs publics d’agir sur la demande.
« L’enquête montre que les principaux facteurs qui incitent les ménages à prendre des décisions écoresponsables sont la disponibilité, l’accessibilité financière et la commodité ; or, la marge de progression reste importante », estime la Directrice de la Direction de l’environnement, Jo Tyndall. « Les pouvoirs publics devraient chercher à lever les obstacles aux choix durables et à améliorer les dispositifs d’incitation en faveur de tels choix. Les ménages ont besoin de pouvoir mieux accéder à toutes sortes de solutions plus durables, en termes de transport en commun, d’infrastructure de recharge pour les véhicules, d’énergie renouvelable et de collecte séparative des déchets. »
Cette nouvelle enquête EPIC, qui fait suite aux éditions d’enquête de 2008 et 2011, a été réalisée au milieu de l’année 2022 en Belgique, au Canada, aux États-Unis, en France, en Israël, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Suède et en Suisse. Globalement, la sécurité personnelle constitue un enjeu très important pour 42 % des répondantes et répondants, et les préoccupations économiques pour 41 %. Par comparaison, 35 % jugent les enjeux climatiques et environnementaux « très importants » ; cet avis est plus largement partagé par les femmes, les personnes âgées et les diplômés du supérieur.
Voici d’autres grandes conclusions du rapport :
La dernière Enquête EPIC a eu lieu alors que les problématiques environnementales s’imposaient aux pouvoirs publics comme des priorités. Grâce aux innovations technologiques, l’électricité issue de sources renouvelables revient aujourd’hui moins cher que l’électricité produite au moyen de combustibles fossiles dans de nombreux pays, l’offre de véhicules électriques se développe et devient de plus en plus accessible financièrement, et des applications web et mobiles voient le jour pour contribuer à la lutte contre le gaspillage alimentaire et encourager le partage de biens et l’échange de services entre particuliers.
L’adhésion des individus aux politiques en faveur de l’environnement dépend du type d’intervention considéré et de la sensibilité de chacun à la cause environnementale. Ainsi, si les mesures d’information et mesures structurelles sont plébiscitées, les taxes et redevances sont systématiquement moins bien acceptées. Les personnes très préoccupées par les questions d’environnement se déclarent plus volontiers favorables à l’ensemble des politiques publiques couvertes par l’enquête que celles qui le sont moins.
Voir un sommaire du rapport en français et en savoir plus sur : l’Enquête EPIC auprès des ménages menés par l’OCDE.
Pour toute information complémentaire, les journalistes sont invités à contacter Catherine Bremer à la Division des médias de l’OCDE (+33 1 45 24 80 97).
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