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Développement

Une nouvelle ère de coopération mondiale

 

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Gabriela RamosGabriela Ramos, Directrice de Cabinet du Secrétaire général et sherpa de l’OCDE au G20

 

La crise économique de 2008 a été un avertissement pour tous, pour nos modèles économiques, notre façon de faire des affaires et nos relations internationales. Elle a mis en lumière le fait que notre monde est en réalité un patchwork – nos pays peuvent partager les mêmes espoirs de progrès, mais ils ne partent pas du même stade, et sont confrontés à différents défis. La crise a montré que la structure soutenant la gouvernance mondiale devait changer.

 

Preuve que les dirigeants mondiaux ont entendu le message : leur engagement en faveur du G20, qui a permis de faire de ce groupe de pays développés, émergents et en développement, une avant-garde pour affronter les défis mondiaux. L’OCDE a rapidement répondu à son appel au début de la crise, notamment en l’aidant à lutter contre l’évasion fiscale internationale, et à éviter le protectionnisme dans les échanges et les investissements. L’OCDE a considérablement contribué au processus du G20 depuis lors.

 

Mais, si le G20 a prouvé sa valeur en pilotant le monde pendant la tempête, en rassemblant les économies à différents stades de développement autour d’une même table de négociations, il doit maintenant montrer qu’il peut mettre en place une nouvelle gouvernance mondiale pour l’après-crise. Ce ne sera pas aisé. Pour de nombreux pays, la « nouvelle normalité » est synonyme de déficits et de dette publique élevés, de forts taux de chômage et de croissance ralentie. Elle est également synonyme d’une économie mondiale à vitesses variables, où les besoins politiques d’une région peuvent affecter les perspectives de croissance d’autres régions, et de menaces de réformes financières inachevées.

 

Pour affronter ces défis, il faut consolider le Cadre du G20 pour une croissance forte, durable et équilibrée. Tant de choses dépendent de la réussite de cette initiative. Les engagements politiques doivent être respectés, en reconnaissant que certaines options offrent de réelles opportunités d’un point de vue international. Le Cadre, et, du reste, le Processus d’évaluation réciproque, promettent de contribuer à une croissance plus forte et plus durable. Cependant, de nombreux problèmes doivent pour cela être résolus, et c’est dans ce domaine que l’expérience d’organisations comme l’OCDE doit continuer à faire ses preuves.

 

Pour commencer, il faut s’assurer d’une reprise durable, en faisant progresser des politiques budgétaire et monétaire solides, qui s’attaquent aux problèmes de la dette souveraine et de l’assainissement budgétaire, tout en continuant à mettre en place des stratégies pour mettre fin aux mesures extraordinaires établies pour faire face à la crise. Mais il faut aussi s’attaquer aux problèmes structurels, de nombreuses économies avancées n’ayant plus de marge de manoeuvre pour mettre en place des mesures budgétaires ou monétaires expansionnistes.

 

Seules les politiques structurelles peuvent nous permettre de forger une croissance plus forte et plus durable. Elles comprennent le renforcement des filets de sécurité sociale et l’investissement dans le capital humain, dans des pays à développement rapide comme le Brésil, la Chine, le Mexique et l’Afrique du Sud, et des actions pour rétablir le dynamisme des économies avancées en soutenant les marchés, en renforçant la concurrence et en réformant les finances publiques et les systèmes fiscaux, sans parler des stratégies d’innovation.

 

Avec la bonne approche, des réformes structurelles pourraient améliorer les situations budgétaires de 0,5 % du PIB, libérant ainsi des ressources pour, par exemple, des dépenses sociales. Les données rassemblées par l’OCDE sur ce sujet sont frappantes : une augmentation des dépenses sociales d’un point de pourcentage du PIB ferait baisser l’épargne privée d’environ 1,5 % du PIB – plus dans les pays pauvres. De telles mesures stimuleraient la croissance à l’intérieur des pays, et réduiraient les inégalités entre pays. Et c’est dans ce domaine structurel que l’OCDE possède un avantage comparatif.

 

Une autre priorité consiste à éviter le protectionnisme des échanges et de l’investissement. À la différence des crises passées, les grandes économies ont cette fois résisté aux pressions protectionnistes et réaffirmé leur engagement à maintenir l’ouverture des marchés, montrant ainsi qu’elles avaient entendu l’appel des institutions internationales comme l’OCDE. Cependant, le maintien de ces engagements est un défi lorsque les économies sont confrontées à de très forts taux de chômage, de hauts déficits, une croissance ralentie et une instabilité des prix. L’OCDE continuera à soutenir le G20 en surveillant ces engagements et en continuant de mettre en garde contre le protectionnisme.

 

Il y a aussi le problème du chômage, qui n’est pas seulement un défi politique, mais le tragique héritage humain de la crise. Selon l’OCDE, plus de 16 millions de personnes ont rejoint les rangs des chômeurs depuis le début de la crise, et le rythme lent de la reprise ne permet pas de créer suffisamment d’emplois pour y remédier. C’est pour cette raison que nous avons bien accueilli la proposition, sous la présidence française du G20, de traiter le chômage comme un problème urgent, en s’appuyant sur des contributions comme la stratégie de formation du G20, préparée par l’OIT et l’OCDE, car l’association de nos expertises sera importante pour promouvoir l’emploi et les compétences, notamment chez les jeunes.

 

Le programme mondial du G20 ne serait pas complet s’il ne traitait du développement. Sur ce sujet, l’OCDE et de nombreuses autres institutions ont travaillé ensemble sous la présidence coréenne, et les accords conclus à Séoul vont dans la bonne direction. Le programme du développement va au-delà de l’aide et établit un plan d’action comprenant notamment l’autonomie fiscale, la sécurité alimentaire, les compétences, l’infrastructure, le partage du savoir, l’investissement et le commerce. Sa réalisation favoriserait les Objectifs du millénaire pour le développement, et encouragerait la croissance et la résilience des pays en développement, en créant une économie mondiale plus inclusive.

 

Les progrès accomplis jusqu’à présent, ainsi que le programme ambitieux proposé par la présidence française – qui concerne le système monétaire international et la volatilité des prix des marchandises, de même que la lutte contre la corruption et la promotion de l’inclusion financière – sont des signes positifs pour l’avenir du G20 en tant que « forum majeur de discussions économiques ».

 

Mais, au-delà, il existe trois domaines dans lesquels le G20 pourrait renforcer ses contributions. Premièrement, il devrait aborder ses délibérations et ses solutions politiques dans une perspective « verte ». Après les résultats encourageants de la COP 16 à Cancun, au Mexique, cela devient indispensable. À l’OCDE, notre Stratégie pour une croissance verte montre qu’il existe des choix clairs, qui non seulement stimulent l’économie, mais contribuent aussi à la préservation de l’environnement.

 

Deuxièmement, le G20 devrait continuer de s’appuyer sur des données et analyses provenant d’organisations internationales pour encadrer ses discussions et promouvoir des politiques cohérentes. Afin de travailler pour le G20, les institutions participantes – FMI, Banque mondiale, Organisation mondiale du commerce, OIT, Conseil de stabilité financière et OCDE – ont dû échanger informations et points de vue, et coopérer plus étroitement. Le Secrétaire général de l’OCDE Angel Gurría a appelé à plus de coordination, et averti contre le danger d’un retour à une mentalité compartimentée qui empêchait les organisations de considérer les mêmes questions à partir de perspectives différentes, et a ainsi fortement contribué à la crise financière.

 

Une meilleure coordination ne signifie pas plus de bureaucratie, ou des structures permanentes au G20, mais un effort continu de travail collectif et de coopération améliorée. Cette voie raisonnable de progrès signifie que nous pouvons tirer parti du savoir, construire de nouvelles solutions et coordonner nos actions. Après tout, nos organisations ont les outils et l’expertise nécessaires pour éclairer le chemin vers de meilleures politiques pour une vie meilleure.

 

Enfin, le G20 a besoin d’un mécanisme de suivi puissant, pour tenir ses promesses et surveiller les actions entreprises. Tout en étant conduit par les membres du G20, ce processus peut aussi bénéficier de l’expérience de l’OCDE concernant les examens par les pairs et l’apprentissage mutuel.

 

De fait, l’OCDE a approfondi son travail avec les grandes économies émergentes et a mis en place un programme formel de coopération renforcée depuis 2007. Le fait de travailler avec ces pays et de soutenir leurs programmes de politique publique a représenté une priorité pour l’organisation. Ceci porte aujourd’hui ses fruits, alors que nous élargissons notre travail avec tous les membres du G20.

 

La crise a ouvert une nouvelle ère de coopération, que l’OCDE est déterminée à encourager. Le G20 est un formidable forum pour rassembler les personnes, les points de vue et expertises, ainsi que les idées qui s’enrichissent mutuellement. Il a montré qu’il pouvait répondre à des problèmes urgents avec rapidité. Il doit maintenant faire preuve de sa capacité à construire patiemment des solutions pour le futur. L’OCDE est se tient prête à l’aider dans cette tâche.

 

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