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Examens par les pairs des membres du CAD

L'Australie s'attaque à l'insécurité et à la pauvreté dans la région Asie-Pacifique et elle est incitée à faire davantage

 

15.12/2004 - Depuis le dernier examen par les pairs en 1999, l’Australie a entrepris avec succès de s’adapter aux problèmes nouveaux auxquels doit faire face la région Asie-Pacifique. Sa situation géographique la place face à un rare défi, du fait de la proximité de nombreux pays confrontés à la pauvreté, à des déficiences dans la gestion de leurs affaires publiques et à l’instabilité politique. Le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE reconnaît le rôle moteur joué par l’Australie dans sa région, en particulier pour ce qui est de la lutte contre le VIH/sida, des approches développées à l’égard des États fragiles ainsi que de la consolidation de la paix et de la prévention des conflits.

Les apports nets d’aide publique au développement (APD) de l’Australie se sont chiffrés à 1.2 milliard USD en 2003, soit 0.25 % de son revenu national brut (RNB), rapport qui la classe au 13ème rang des 22 membres du CAD. Bien que son économie ait connu, pendant plus d’une décennie, une croissance supérieure à la moyenne de l’OCDE, la part du RNB que l’Australie consacre à l’APD est restée stationnaire. Cependant, les besoins d’aide de ses partenaires ont augmenté et l’Australie s’est fixée un ambitieux programme d’action pour l’Indonésie, les Iles Salomon, la Papouasie Nouvelle Guinée, Timor Leste et les pays de la région du Pacifique Sud. Le CAD préconise que l’Australie accroisse à présent la part de son RNB allant à l’aide et établisse des jalons à moyen et long terme sur la voie devant conduire à la concrétisation de l’objectif international de 0.7 % du RNB qu’elle s’est engagée à atteindre.

En matière de développement, l’objectif de l’Australie est de "promouvoir les intérêts nationaux de l’Australie en aidant les pays en développement à réduire leur niveau de pauvreté et à parvenir à un développement durable". L’Australie met de plus en plus l’accent sur la bonne gestion des affaires publiques, afin de garantir la stabilité politique et le climat de sécurité indispensables à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté dans la région Asie-Pacifique. La lutte contre la pauvreté n’en doit pas moins rester le principal fil conducteur pour la conception de programmes efficaces d’aide au développement, parallèlement aux objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Le CAD recommande à l’Australie de préciser le lien entre, d’un côté, la réduction de la pauvreté et, de l’autre, la promotion de la gouvernance et de la sécurité et l’approche à l’échelle de l’ensemble de l’administration dans ses futures déclarations d’orientation ainsi qu’au niveau de la programmation de son aide et de ses activités à l’échelon des pays. Il serait par ailleurs souhaitable d’opérer un suivi attentif et une évaluation soigneuse des efforts de lutte contre la pauvreté et du respect des priorités transversales.

La volonté manifestée par l’Australie de rester présente dans des situations de conflit et des environnements fragiles est bienvenue, et son approche sert l’ensemble de la communauté du développement. La démarche novatrice, plus interventionniste, adoptée dans ces pays ouvre des possibilités intéressantes mais comporte aussi des risques. Le CAD se félicite de l’assurance donnée par l’Australie que son action s’inscrit dans le long terme et souligne l’importance de la durabilité et du renforcement des capacités des pays partenaires, grâce notamment au transfert progressif des responsabilités aux fonctionnaires nationaux et à la consolidation des mécanismes locaux de reddition de comptes.

Au nombre des objectifs poursuivis par l’Australie en matière de développement figure la cohérence entre les politiques mises en œuvre dans les domaines de l’aide, des affaires étrangères, du commerce et de l’agriculture, et une stratégie à l’échelle de l’ensemble de l’administration est adoptée afin d’améliorer la coordination entre les différents segments de l’administration australienne. Le CAD salue cet effort. Afin que cette approche à l’échelle de l’ensemble de l’administration contribue largement à l’efficacité de l’aide, le CAD encourage AusAID à continuer de s’investir activement dans le processus de décision à l’échelle de l’ensemble de l’administration concernant les questions de développement.

Le CAD note qu’AusAID a entrepris de revoir les modalités d’acheminent de son aide. Il reconnaît son souci en matière d’harmonisation et d’alignement, dont attestent plusieurs exemples concrets de coopération déléguée et de stratégies conjointes, et l’encourage à poursuivre dans la voie d’une approche plus programmatique. Le rôle et l’ampleur de l’assistance technique extérieure, ainsi que le recours important à des sous-traitants extérieurs devraient être soigneusement analysés au regard des principes d’efficacité de l’aide, d’appropriation locale et de renforcement des capacités. Un déliement plus poussé de l’aide contribuerait par ailleurs à rehausser l’efficacité de cette dernière.

Si des mesures ont été prises dans le sens de la décentralisation, AusAID n’en devrait pas moins mieux préciser les rôles respectifs des services de Canberra et des bureaux extérieurs et déléguer davantage de pouvoirs à ces derniers. Cela nécessitera des ajustements de la politique de gestion des ressources humaines, une amélioration de la communication et l’apport d’un soutien adéquat au personnel sur le terrain, de même qu’un effectif suffisant d’agents possédant les compétences techniques requises.

AusAID a adopté une démarche systématique pour l’évaluation et le financement des organisations multilatérales et elle est encouragée à améliorer encore la qualité de son cadre d’évaluation des instances multilatérales. Il reste que la part de l’aide multilatérale a diminué dans le programme. Peut-être le moment est-il venu pour AusAID de réfléchir, sur un plan stratégique, à l’équilibre qu’il conviendrait de trouver à moyen terme entre les canaux bilatéraux et multilatéraux de l’aide.

Le CAD se félicite de la nouvelle politique de l’Australie en matière d’action humanitaire et de l’adhésion de cette dernière aux Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire, entérinés en 2003. L’Australie appuie des actions humanitaires dans la région Asie-Pacifique en particulier, où elle contribue au renforcement des capacités susceptibles d’atténuer la vulnérabilité aux catastrophes naturelles et s’applique à remédier à des situations d’urgence, tout en s’employant à attirer l’attention des sphères internationales sur les problèmes de la région. Il faut louer la disposition de l’Australie à intervenir dans les situations d’urgence complexes qui se produisent dans la région en inscrivant son action dans le long terme, de telle sorte que la coopération pour le développement prenne le relais de l’assistance humanitaire. Lorsqu’elle accroîtra le volume de son aide, l’Australie devrait envisager d’augmenter aussi les subsides destinés à l’action humanitaire dans le droit fil de la ligne d’action qu’elle s’est fixée et de son approche fondée sur les besoins.

Le CAD a procédé à l’examen par les pairs des politiques et programmes de l’Australie en matière de coopération pour le développement le 14 décembre 2004. Les échanges de vues étaient dirigés par M. Richard Manning, Président du CAD. La Délégation de l’Australie était conduite par M. Bruce Davis, Directeur général d’AusAID. Les pays examinateurs étaient l’Irlande et le Royaume-Uni.

Les principales conclusions et recommandations du CAD seront diffusées sur le site web de l’OCDE, à l’adresse www.oecd.org/dac/examenspairs, dans le courant de la semaine du 3 janvier 2005. Les journalistes qui souhaiteraient des informations complémentaires sont invités à contacter la Division des relations avec les médias de l’OCDE (tel. 33 1 45 24 97 00).  

Voir tableau et graphique

 

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