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Examens par les pairs des membres du CAD

Examen de l'aide des Etats-Unis par le CAD

 

23/10/2002 - En 2001, les Etats-Unis ont repris la première place, par le volume de leur aide, au sein des donneurs Membres du Comité d'aide au développement ( www.oecd.org/dac ) de l'OCDE. En chiffres nets, leur aide publique au développement (APD) s'est établie à 10.9 milliards USD, soit à peu près le cinquième des apports totaux émanant des Membres du CAD. Cette somme représente 0.11 % du revenu national brut (RNB) des Etats-Unis, rapport le plus faible de tous les Membres du CAD. Elle ne tient pas compte des dons privés lesquels, d'après les estimations, excèdent largement les apports d'APD.

A l'occasion de l'examen des politiques et programmes des Etats-Unis en matière de coopération pour le développement, le CAD s'est félicité de la proposition du Président Bush de créer un"Millennium Challenge Account" (MCA). Ce projet contribuera aux efforts déployés dans le monde pour accélérer la croissance et faire refluer la pauvreté dans les pays les plus démunis. L'augmentation de 5 milliards USD du volume annuel de l'aide qui en résultera d'ici 2006, si cette initiative est approuvée par le Congrès, affermira la position de donneur le plus généreux des Etats-Unis et améliorera légèrement leur rapport APD/RNB.

Les Etats-Unis jouent un rôle important dans le domaine de la coopération pour le développement, en dehors de leur contribution financière elle-même. Ils disposent, du fait de la dimension de leur économie et de leur influence sur l'opinion mondiale, d'une capacité unique de promouvoir la croissance économique au niveau mondial et le recul de la pauvreté dans les pays en développement. Le CAD a encouragé les Etats-Unis à exploiter cet atout pour assumer un rôle de chef de file dans la coopération mondiale pour le développement et pour renforcer encore la cohérence de leurs propres politiques au service du développement.

Le Président du CAD, M. Jean-Claude Faure, a résumé comme suit les principales recommandations adressées par le Comité aux Etats-Unis :

  • Promouvoir une conception commune du développement. La responsabilité de l'APD est partagée aux Etats Unis entre une cinquantaine d'entités gouvernementales. La définition d'une vision stratégique d'ensemble de la coopération américaine pour le développement est indispensable à la gestion d'un système aussi diversifié, et la nouvelle Stratégie en matière de sécurité nationale constitue un premier pas dans cette direction. L' United States Agency for International Development (USAID) joue le premier rôle dans les activités d'aide, mais elle n'administre cependant qu' un peu plus de la moitié de l'APD américaine (contre 64 % à l'époque du précédent examen du CAD en 1998). Une amélioration de la cohérence s'impose, entre la politique de développement et celles qui sont suivies dans d'autres grands domaines (comme les échanges et l'agriculture). L'USAID pourrait se voir investie d'un rôle de chef de file plus marqué au sein de l'administration, dans tous les domaines de la coopération pour le développement, y compris dans l'intégration des considérations de développement aux politiques nationales de portée plus générale.
  • Resserrer les partenariats internationaux. Un large accord se dégage pour dire que l'aide au développement ne se révélera efficace que si tous les partenaires au développement coordonnent étroitement leurs efforts. Les Etats-Unis ont participé à l'établissement du Consensus de Monterrey et des objectifs de développement arrêtés par la communauté internationale dans la Déclaration du millénaire. La création du Millenium Challenge Account devrait être exploitée pour nouer des partenariats internationaux autour d'un objectif commun, la lutte contre la pauvreté. Le CAD a encouragé les Etats-Unis à Suvrer, en collaboration avec le Comité, à une approche de la lutte contre la pauvreté et de l'amélioration de la gestion des affaires publiques fondée sur les résultats, notamment dans le cadre du MCA, afin de pour s'assurer de la cohérence entre les critères de l'aide américaine et ceux qu'utilisent les autres donneurs. Il a aussi pris note du soutien des Etats-Unis à l' harmonisation des procédures des donneurs et les a encouragés à poursuivre leur appui à l'Initiative en faveur des PPTE.
  • Faire mieux comprendre au public que les problèmes de développement s'inscrivent dans le long terme. Le public américain est favorable à l'idée d'aide exterieure mais tend à surestimer l'ampleur de l'effort d'APD des Etats-Unis. Autoriser l'USAID à informer directement le public et conduire une politique d'information à l'échelle de l'ensemble de l'administration contribuerait à corriger les idées fausses et à renforcer la mobilisation du public et de la classe politique, de plus en plus sensibles au rôle important qui revient aux Etats-Unis dans le domaine de la coopération pour le développement.
  • Améliorer l'efficience de la mise en Suvre de l'aide. Le CAD a reconnu les efforts déployés par l'USAID pour réformer ses modes opératoires ("business systems") internes afin de rehausser la crédibilité de sa gestion aux yeux du Congrès et du public. Le CAD a incité l'USAID à porter une attention particulière à la planification de ses ressources humaines, domaine dans lequel des mesures résolues s'imposent pour remédier à l'importante compression de personnel expérimenté depuis une dizaine d'années. Un réexamen de la pratique, utilisée de longue date par l'exécutif et le Congrès, consistant à recourir largement à la préaffectation des crédits (" earmarks") à des domaines d'intervention précis, par exemple la survie des enfants ou la micro-entreprise, pourrait aussi révéler des occasions de réduire les surcoûts et inefficiences qui en découlent. Le CAD s'est félicité de l'intérêt manifesté par les Etats-Unis pour un examen plus systématique par le Comité de la question du soutien budgétaire, et notamment des conditions qui doivent être réunies pour que le recours à cet instrument soit le plus efficace.
  • Accroître le volume de l'aide. Au vu de l'immense défi que représente la concrétisation des objectifs de développement définis dans la Déclaration du millénaire, la mise en Suvre des recommandations qui précèdent fournirait aux Etats-Unis un cadre sur la base duquel envisager un nouvel accroissement de leur aide publique au développement.
  • Faire une plus large place à l'aide non liée. La liaison de l'aide contribue à gagner à l'aide au développement la faveur du public américain. En dehors de certaines formes spécifiques d'aide aux pays les moins avancés, l'aide des Etats-Unis est généralement liée à l'achat de biens et services aux Etats-Unis. Les Etats-Unis expédient vers les pays en développement un volume de denrées alimentaires bien plus important que n'importe quel autre Membre du CAD. Les coûts de transaction associés à ces opérations sont élevés et, lorsque la situation n'appelle pas des mesures d'urgence, il risque d'en résulter une perte d'efficience dans la recherche de solutions ralliant le soutien local .

Lors de l'examen, qui a eu lieu le 22 octobre 2002, la délégation des Etats-Unis était conduite par M. Andrew Natsios, Administrateur de l'United States Agency for International Development. Les pays examinateurs étaient la France et la Suède.

Les principales conclusions et recommandations se dégageant de l'examen par le CAD des politiques et programmes des Etats-Unis en matière de coopération pour le développement seront accessibles d'ici deux semaines environ sur le site internet de l'OCDE à l'adresse www.oecd.org/dac .

Pour toute information complémentaire, les journalistes peuvent contacter Helen Fisher, Division des Relations avec les médias de l'OCDE (tél [33] 1 45 24 80 97).