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Allemagne

En Allemagne, le retour à une croissance forte, résiliente et durable nécessitera de faire porter l’accent sur l’investissement et la réforme

 

08/05/2023 - Selon la dernière Étude économique de l’OCDE consacrée à l’Allemagne, la pandémie de COVID-19 et la crise énergétique ont mis au jour l’existence de faiblesses structurelles dans l'économie, soulignant la nécessité d'améliorer la sécurité énergétique, de moderniser et de rationaliser l’administration et d’en assurer la transformation numérique, ainsi que de corriger les pénuries de compétences tout en stimulant l’investissement dans la double transition écologique et numérique.

Le redressement de l’économie allemande après la pandémie de COVID‑19 a été mis à mal par la crise énergétique mondiale. Pour assurer le retour à une croissance forte, résiliente et durable en Allemagne, il sera nécessaire de faire porter l’accent sur l’investissement et la réforme pour accélérer la transformation écologique et numérique de l'économie tout en s'attaquant aux conséquences économiques du vieillissement rapide de la population.

Améliorer la gouvernance publique et réduire les lourdeurs administratives contribueront à dynamiser l’investissement, y compris pour promouvoir la transformation écologique et numérique de l’économie. Promouvoir de meilleurs résultats dans l’éducation, offrir de plus fortes incitations à travailler et développer la formation des adultes sont autant de mesures qui aideraient à lutter contre les conséquences économiques du vieillissement de la population active.

« L’Allemagne doit accélérer sa transition vers les énergies vertes et la transformation numérique de son économie ainsi que de son administration publique. Dans le même temps, le vieillissement rapide de la population aggrave les pénuries de main-d’œuvre et accroît les tensions sur les dépenses » a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE M. Mathias Cormann en présentant l’Étude à Berlin aux côté du Ministre des Affaires économiques et de la Protection du climat M. Robert Habeck et de la Ministre de l’Environnement, de la protection de la nature, de la sûreté nucléaire et de la protection des consommateurs Mme Steffi Lemke. « Relever ces défis de manière efficiente et budgétairement viable nécessitera des investissements publics soigneusement hiérarchisés et judicieusement ciblés. »

« Dans le domaine de l’environnement, l’Étude économique comme l’Examen environnemental soulignent la nécessité, pour l’Allemagne, de garder le cap et de continuer à prendre des mesures pour mener une action ambitieuse et efficace face au changement climatique.  L’Allemagne étant une nation exportatrice ouverte à l’international, il sera important pour elle de garantir une approche plus cohérente, au niveau mondial, des stratégies d’atténuation des émissions de carbone qui, tout en reconnaissant la diversité des situations à l’échelle de la planète, permette de réduire efficacement les émissions partout dans le monde, en veillant à éviter les distorsions de la concurrence et les phénomènes de fuite de carbone entre les différents pays et territoires » a ajouté M. Cormann.

‌La flambée des prix de l’énergie enregistrée dans le sillage de la guerre d'agression menée par la Russie contre l’Ukraine a poussé l’inflation à la hausse, réduit le pouvoir d'achat des ménages et mis à mal l’activité économique. La conception judicieuse des subventions aux prix du gaz et de l’électricité et la baisse des prix de l'énergie, conjuguée aux économies de gaz rendues obtenues grâce à des conditions météorologiques clémentes et à la diversification des approvisionnements en énergie via de nouveaux terminaux  de gaz naturel liquéfié (GNL), ont permis de stabiliser la confiance des investisseurs et des consommateurs, mais les incertitudes restent importantes.

Selon l’Étude, le PIB devrait augmenter de 0.3 % en 2023. Grâce à l’atténuation des difficultés au niveau des chaînes d’approvisionnement, à des carnets de commande bien remplis et à une demande d’exportations en hausse, la croissance du PIB pourrait remonter à 1.3 % en 2024. L’inflation va sans doute s’établir en moyenne à 6.6 % en 2023, les entreprises continuant de répercuter la hausse des coûts des intrants sur les consommateurs et les tensions salariales demeurant fortes. Pour limiter les tensions inflationnistes, les pouvoirs publics devraient s’employer à contenir le déficit public. Il conviendrait de surveiller attentivement les vulnérabilités du secteur financier.

Accélérer la double transformation écologique et numérique et remédier au retard accumulé en matière d’infrastructures nécessiteront des ressources publiques considérables. Les impôts sur les revenus du travail sont parmi les plus élevés de la zone OCDE et il conviendrait de les réduire pour accroître l’offre de main-d’œuvre, en particulier s'agissant des personnes faiblement rémunérées et des deuxièmes apporteurs de revenu. Dans la mesure où les recettes provenant de la fiscalité des successions, des revenus du capital et des biens immobiliers sont faibles par rapport à ce que l’on observe dans d’autres pays de l’OCDE, les auteurs de l’Étude recommandent de relever les impôts fonciers et de rendre moins favorable le traitement fiscal et les exonérations applicables aux revenus de la cession ou de la location de biens immobiliers, ainsi que de réduire les exonérations des droits de succession dont bénéficient les actifs commerciaux. Un ciblage plus fin et la réalisation d'évaluations d'impact permettraient d'améliorer la qualité des dépenses publiques, et une certaine flexibilité pourrait être prévue dans la mise en œuvre des règles budgétaires pour permettre des dépenses d’investissements adéquates.  

Depuis les années 2000, l’Allemagne est confrontée à des sorties de capitaux privés qui s’expliquent par la faiblesse de la demande intérieure et de la dynamique des entreprises. L’investissement, tant public que privé, est modeste comparativement à la situation en vigueur dans de nombreux autres pays de l'OCDE. Moderniser et alléger les procédures administratives, en particulier s’agissant de la planification des infrastructures, harmoniser les normes informatiques à tous les échelons de l’administration et améliorer le soutien à la recherche-développement (R‑D) sont autant de mesures qui contribueraient à stimuler l’investissement et l’innovation. Les auteurs de l’Étude appellent aussi à consolider le cadre de la concurrence et à améliorer l’accès aux financements des jeunes entreprises. Inclure un mécanisme d’empreinte législative et réglementaire dans le nouveau registre des lobbyistes contribuerait à rendre plus transparentes les activités des groupes d'influence qui nuisent à la concurrence.

Le niveau élevé des prix de l’énergie, conjugué à la nécessité de remplacer les importations en provenance de Russie, ont amplifié la nécessité d’accélérer le développement des énergies renouvelables pour que l’Allemagne puisse atteindre son objectif de neutralité climatique d’ici 2045. La tarification des émissions pourrait être renforcée par la fixation, dans le système national d’échange de droits d'émission, d'un plafond d'émission qui soit aligné sur les objectifs climatiques. L’Allemagne devrait supprimer progressivement les subventions et exonérations fiscales dommageables pour l’environnement et amplifier les aides à la R‑D verte. Accélérer les procédures de planification et d’approbation, sans perdre de vue les considérations relatives à la biodiversité, permettrait d'accélérer les investissement verts.

La mise en place d'une tarification du carbone plus rigoureuse devrait s'accompagner d’un soutien public aux infrastructure de recharge des véhicules électriques, d'un développement des investissements dans les réseaux ferroviaires et électriques, et de l'application de normes d’efficacité énergétique plus rigoureuses aux bâtiments existants. Utiliser les recettes de la tarification du carbone pour aider les ménages à faible revenu et améliorer les politiques actives du marché du travail permettrait de soutenir la croissance et de garantir que la transition vers une économie bas carbone n’affaiblisse pas la cohésion sociale.

Selon l’édition des Examens environnementaux de l’OCDE consacrée à l’Allemagne lancée en même temps que l’Étude économique, l’Allemagne a atteint ses objectifs de réduction des émissions pour 2020, mais le gouvernement fédéral va devoir accélérer la mise en œuvre des mesures climatiques s’il veut atteindre les objectifs fixés pour 2030 et 2045. Les efforts de réduction des émissions dans les transports et le bâtiment devraient moins reposer sur des mesures individuelles, par exemple en faveur de « voitures plus propres », et s’orienter plutôt vers une stratégie intégrée de mobilité durable.

Le secteur UTCATF (utilisation des terres, changement d'affectation des terres et foresterie) offre à l’Allemagne un formidable potentiel de progression sur la voie de ses engagements envers le climat. Avec le recul de la biodiversité, un tiers des espèce sont aujourd'hui menacées, c’est pourquoi il est indispensable de dégager des synergies entre les mesures d'atténuation du changement climatique et la préservation de la nature grâce au Plan d'action fédéral sur des solutions fondées sur la nature en faveur du climat et de la biodiversité.

Les auteurs de l’Examen environnemental saluent la réduction de certaines tensions environnementales obtenue par l’Allemagne au cours de la dernière décennie, malgré l’ampleur de son secteur industriel et la densité de sa population. La qualité de l’air s’est améliorée globalement, mais ceci est moins vrai dans les zones urbaines. L'Allemagne est l’un des pays de l’OCDE les plus performants en matière de gestion des déchets, mais elle doit faire davantage pour réduire ses déchets municipaux par habitant.

L’exposition de l’Allemagne au changement climatique s’accroît, qu’il s’agisse d'inondations ou de vagues de chaleur, et les dommages provoqués par des aléas climatiques enregistrés par unité de PIB entre 2005 et 2021 sont parmi les plus élevés de tous les pays de l’OCDE. L’exposition aux risques climatiques devrait faire l’objet d’évaluations régulières de façon à pouvoir renforcer la résilience des collectivités vulnérables.

Vous trouverez ici une Synthèse de l’Étude économique reprenant ses principales conclusions et ses graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).

Vous pouvez également consulter l’édition 2023 des Examens environnementaux de l’OCDE consacrée à l’Allemagne.

Pour toute information complémentaire, les journalistes sont invités à contacter Nadja Nolting (+49 30 288 835 43) au Centre OCDE de Berlin, ou le Bureau des médias de l’OCDE  à Paris (+33 1 45 24 97 00).

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