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Forum 2017 : Confiance

 

Face au progrès, trop de citoyens se sentent exclus et ils n’ont pas le sentiment que le système global sert leurs intérêts. 

Cette défiance peut s’expliquer en partie par une nette dégradation des statuts économiques et sociaux, imputable à la crise financière. Mais par ailleurs, l’impression générale est que les politiques publiques et les stratégies des entreprises favorisent la concentration de la richesse entre les mains des riches et des puissants, et dans les régions riches et puissantes.

Il ressort d’une enquête menée en juillet 2016 par McKinsey Global Institute (Poorer than Their Parents? A New Perspective in Income Inequality) que nombreux sont ceux dont les revenus n'ont pas progressé qui perdent confiance dans le système économique mondial et ont une opinion défavorable du libre-échange et l’immigration.

 

ere « post-verite »

Nous assistons à l'émergence d'une nouvelle ère dite « post-vérité », issue de la combinaison de faibles niveaux de confiance et de la fragmentation croissante des sources d’information provoquée par la numérisation.

Dans le monde des médias sociaux, chacun est devenu journaliste, et les organes de presse traditionnels ne sont plus la source prédominante ou gardienne des nouvelles.

Ce nouvel environnement a rendu plus facile le brouillage des lignes entre les faits et la fiction.

Les fausses informations diffusées par les médias sociaux peuvent être rapidement considérées comme vraies sans questionnement sur la légitimité de la source.

En outre, les modèles de médias sociaux et l'importance croissante des algorithmes contribuent à la création de silos d'opinion, dans lesquels nous nous entourons de gens qui pensent comme nous et sommes nourris de l'information destinée à nous plaire plutôt qu’à contester notre pensée.

Les médias traditionnels, dont la crédibilité a également été mise en question, et qui sont perçus comme faisant partie de l'« élite », sont également de plus en plus touchés.

Alors que les médias rivalisent pour les recettes publicitaires - composante centrale des nouveaux modèles de gestion -, la tentation devient grande de choisir des nouvelles et des titres qui génèrent le plus grand nombre de clics, ce qui crée des tensions éthiques en matière d'information, et dans certains cas, remet en cause l'idée même de l'information comme un bien civique.

 

engagement civique

En raison de ce climat de défiance, tout un chacun est aujourd’hui perçu comme aussi crédible qu’un spécialiste universitaire ou un expert technique, et bien davantage qu’un dirigeant d’entreprise ou un haut fonctionnaire, ce qui signifie que la confiance repose désormais principalement sur des relations entre pairs.

À cela s’ajoute le fait que des algorithmes regroupent les individus par communauté de vues, créant sur les médias sociaux des « caisses de résonnance » où les avis exprimés sont amplifiés, ce qui limite le dialogue avec des personnes ayant des opinions et des points de vue différents et nous prive de la possibilité d’un débat contradictoire, nous laissant moins bien informés qu’il ne le faudrait pour améliorer la définition de l’action publique et la rendre plus efficace.

Cette polarisation de nos sociétés pourrait aussi compromettre le processus démocratique.

Au cours des débats organisés dans le cadre du Forum, nous nous attacherons à trouver les moyens de faire de nouveau la part belle aux échanges de vues, au partage d’expérience et à la confrontation des idées de façon à transcender la polarisation, aidant ainsi à combler les divisions actuelles.

Le Forum a exploré des concepts tels que la protection des électeurs ainsi que la mesure dans laquelle les systèmes et pratiques politiques démocratiques doivent être révisés au XXIe siècle de la numérisation, pour être plus délibératifs et englober l'engagement civique comme moyen de co-conception et de co-construction des politiques.

 

partager les benefices des echanges

Alors que l’affaiblissement de la demande mondiale pèse lourdement sur le commerce international, des pans entiers de la société ont aujourd’hui l’impression que les échanges fragilisent leurs moyens de subsistance au lieu de les soutenir, et les appels au protectionnisme se multiplient.

Pourtant, les échanges peuvent servir les intérêts de tous dès lors que les pouvoirs publics appliquent l’éventail complet des politiques nationales, infranationales et internationales permettant d’impliquer effectivement tous les citoyens et toutes les régions, et que chacun partage les fruits d’une circulation plus libre et plus équitable de l’information, des idées et des innovations technologiques.

Le rôle que les échanges et l’investissement peuvent jouer pour stimuler la productivité est important ; il est crucial pour les chaînes de valeur mondiales qui dynamisent nos économies et nos sociétés devenues interdépendantes. 


concurrence et conduite responsable des entreprises

Malgré la crise financière, les entreprises enregistrent des bénéfices record. 

Les entreprises mondiales à la frontière de l'innovation affichent des performances exceptionnelles grâce à leur capacité à innover, mobilisant à la fois l’innovation technologique, financière et organisationnelle et le capital humain.

Elles sont en mesure de recruter les meilleurs talents, en leur offrant les plus fortes rémunérations proposées sur le marché, ce qui a pour effet de creuser les inégalités dans nos sociétés. 

Face au rejet que suscite la mondialisation, il incombe aux plus grandes entreprises de montrer l’exemple en matière de conduite responsable des entreprises, dans leur pays comme à l’étranger, sur le plan de la politique sociale, des conditions de travail dans les chaînes d’approvisionnement et des pratiques fiscales.

On observe avec une inquiétude croissante que certaines entreprises à la frontière de l'innovation voient leur position dominante confortée, bloquant ainsi la diffusion de cette innovation et la réalisation de gains de productivité dans l’ensemble de l’économie, notamment dans le secteur des PME, plus gros employeur des pays de l’OCDE et moteur du développement régional et local.

S’agit-il d’une simple « crise de croissance », comme l’affirment certains, ou d’une tendance systémique de nature à aggraver les inégalités et à paralyser la concurrence ?

 

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