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Favoriser l’égalité entre hommes et femmes : une démarche économiquement rationnelle

 

Le Forum de l’OCDE coïncide cette année avec le 20e anniversaire de la Déclaration de Beijing, qui marque une étape importante en faveur de l’égalité entre hommes et femmes dans le monde. De nombreux progrès ont été accomplis depuis 1995, mais il reste malheureusement beaucoup à faire pour réduire les discriminations et accroître la participation économique et sociale des femmes.

Il y a des nombreuses raisons d’en finir une fois pour toutes avec les inégalités entre hommes et femmes, la plus évidente étant de nature morale, éthique et humaine : comment justifier que plus de la moitié de la population mondiale soit moins bien traitée que l’autre ?

Lutter contre les discriminations est avant tout une question de justice. Les femmes ont toujours moins de perspectives de carrière et gagnent en moyenne 16 % de moins que les hommes, tandis que les enfants et les tâches domestiques les mobilisent en moyenne cinq heures de plus par semaine.

C’est également une question de performance économique. Il ne peut y avoir de croissance forte sans égalité, composante indispensable de toute stratégie de croissance durable, résiliente et inclusive.

L’investissement en faveur des femmes stimule le développement économique, la compétitivité, la création d’emplois et le PIB. On estime qu’en moyenne dans l’OCDE, une réduction de moitié de l’écart de taux d’activité entre hommes et femmes entraînerait une hausse du PIB d’environ 6 % d’ici 2030, et de 12 % si une convergence totale était obtenue. Honnêtement, je ne pense pas que nos pays puissent se permettre d’ignorer un tel potentiel.

Ensuite, c’est une gestion de gouvernance. Les pays où les femmes ministres ou parlementaires sont plus nombreuses sont généralement moins inégalitaires, la confiance envers l’État y est plus grande et les dépenses de santé plus élevées. Plus de femmes parmi les décideurs et les leaders d’opinion dans nos secteurs publics permet d’obtenir une perspective plus équilibrée pour élaborer et appliquer les règles et lois nouvelles, ainsi qu’une approche plus inclusive de l’action et des services publics.

Il y a 40 ans, des femmes comme Margaret Thatcher ou Golda Meir étaient bien seules sur une scène internationale dominée par les hommes. Aujourd’hui, plusieurs femmes occupent des postes influents : Angela Merkel, Michelle Bachelet, Helle Thorning-Schmidt, ou encore Christine Lagarde au FMI. Dans notre Organisation, outre moi-même, ce sont des femmes qui occupent les postes de Directeur de Cabinet, Économiste en chef et Chef statisticien. Cependant, malgré ces avancées, il reste des progrès considérables à faire. En moyenne, dans l’OCDE, les femmes occupent moins d’un tiers des postes décisionnels dans tous les secteurs de pouvoir. Plusieurs obstacles empêchent leur progression et leur leadership dans la vie publique, mais tous peuvent être surmontés, qu’il s’agisse des préjugés au travail et des descriptions de poste stéréotypées ou d’obstacles extérieurs, liés par exemple à la garde des enfants ou à des systèmes de formation inadaptés aux besoins ou aux ambitions des femmes et des familles.

Une approche globale, à tous les niveaux de l’administration, est essentielle pour faire progresser la place des femmes. Comment l’OCDE peut-elle y contribuer ?

L’OCDE présentera aux pays membres, lors de la Réunion ministérielle du Conseil en juin 2015, un projet de Recommandation sur l’égalité entre hommes et femmes dans la vie publique. Pleinement complémentaire de la Recommandation de 2013 sur l’égalité entre hommes et femmes en matière d’emploi, d’éducation et d’entrepreneuriat, ce nouvel outil porte sur trois axes principaux : gouvernance et transparence au service de l’égalité des sexes, lutte contre les discriminations en matière de leadership dans la vie publique et égalité d’accès aux emplois publics. Cette initiative vient également compléter les efforts d’organismes tels que le Conseil de l’Europe et les Nations Unies, et s’appuie sur des décennies de travaux menés à l’OCDE en vue de promouvoir l’égalité des sexes. En suivant cette Recommandation, les gouvernements peuvent encore améliorer l’équilibre entre hommes et femmes dans la vie publique et donner les moyens aux femmes d’occuper des postes décisionnels clés. Cela peut aussi encourager les progrès dans le secteur privé et l’économie au sens large, et aider le G20 à réaliser son objectif de réduire de 25 % l’écart de taux d’activité entre hommes et femmes d’ici 2025.

Les États et les entreprises ont un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre les discriminations, mais ils ne peuvent agir seuls. Il appartient à chacun d’entre nous, hommes et femmes, de s’engager et de s’impliquer dans cet effort. Nous devons aussi partager notre expérience avec la jeune génération et l’aider à lutter contre les discriminations sociales et les clichés. Nous avons également besoin de plus de femmes exemplaires. L’esprit de la Déclaration de Beijing doit continuer de nous animer et nous inciter à redoubler d’efforts afin d’obtenir une réelle égalité entre hommes et femmes et un monde plus fort, plus juste et plus inclusif.

Adema, Willem (2014), « L’égalité hommes-femmes peut stimuler l’économie », L’Observateur de l’OCDE n°298, T1 2014, Éditions OCDE

Clarke, Rory (2014), « Vers une économie de l’égalité hommes-femmes », L’Observateur de l’OCDE n° 300, T3 2014, Éditions OCDE

Voir www.oecd.org/fr/parite

Egalité homme-femme et développement


Thématiques du Forum de l'OCDE 2015

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Mari Kiviniemi
Secrétaire générale
adjointe de l'OCDE

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2015

 

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