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Le Mot du Directeur - janvier 2104

 

Ce succès est le vôtre - merci à tous !

par Laurent Bossard, Directeur du Secrétariat du Club

 

L’édition 2013 de la Semaine du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest s’est achevée le 29 novembre à Abidjan après cinq longues journées d’effervescence.

Les très nombreux acteurs de cette semaine - ministres, entrepreneurs, paysans et éleveurs, hauts responsables d’organisations régionales et d’agences de coopération, chercheurs, élus locaux, responsables associatifs - en ont fait un incontestable succès ; leur succès. Ceci a été souligné par les Membres et amis du Club à l’occasion de notre Groupe d’orientation politique (GOP) le 29 novembre. Nous sommes heureux et reconnaissants de ce jugement positif.

Bien au-delà des remerciements d’usage, nous devons encore et encore souligner la qualité de l’accueil et l’efficacité de l’aide du gouvernement ivoirien, sous l’impulsion du Premier Ministre Daniel Kablan Duncan, du Ministre des affaires étrangères Charles Koffi Diby et du Ministre de l’agriculture Mamadou Coulibaly Sangafowa ; les équipes de ce dernier nous ayant aidés sans relâche, jour après jour.
Qu’avons-nous appris de cette expérience ? Il est tout aussi important de tirer les leçons des succès que des échecs.

Le Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) s’impose comme l’instance de référence en matière de sécurité alimentaire et de résilience. Désormais, les Nations Unies s’appuieront sur ses analyses et conclusions pour formuler leurs appels humanitaires annuels pour la région. Là encore, ce succès est celui des membres du Réseau. Toujours plus nombreux et assidus, présents au niveau décisionnaire, ils travaillent ensemble, autour des mêmes concepts, avec les mêmes outils. La Charte pour la prévention et la gestion des crises alimentaires – si longuement négociée – et son « Cadre harmonisé », y sont pour beaucoup. Ceci montre que les processus ancrés dans le dialogue, même s’ils peuvent paraître longs, sont les plus solides et les plus durables.

Le Réseau accueille l’instance décisionnaire de l’Alliance globale pour la résilience - Sahel et Afrique de l’Ouest (AGIR). Depuis septembre 2012, nous sommes passés d’un concept initié par l’UE et les organisations régionales ouest-africaines, à une démarche politique dotée d’orientations partagées par tous (une feuille de route régionale et une méthode de travail pour la formulation des « Priorités Résilience Pays (PRP) »). Les Commissions de la CEDEAO et de l’UEMOA ainsi que le CILSS assument pleinement le leadership politique et technique. Une dizaine de ministres sahéliens et ouest-africains étaient présents à Abidjan pour témoigner de l’engagement des gouvernements nationaux. Reste désormais, pour les gouvernements avec leurs partenaires de la communauté internationale, à formuler leurs PRP et à transformer ces priorités en actions sur le terrain.

Le RPCA se porte donc bien. Si bien que, accueillant un nombre croissant de parties prenantes et de participants, il risque d’être « victime de son propre succès ». Dans ce contexte, comment trouver un équilibre entre lieu d’analyse technique et construction d’un consensus autour d’orientations politiques à court et long terme ? De l’avis général, il est temps pour les parties prenantes du Réseau de se pencher sur ces questions. S’appuyant sur une consultation des Membres du Réseau, la réunion du 30e anniversaire du RPCA en décembre prochain sera l’occasion de présenter quelques pistes d’action dans ce sens.

Consacré à l’avenir des espaces saharo-sahéliens, le Forum annuel du Club a bénéficié d’une bonne alchimie entre l’analyse et le débat politique. Sur un sujet très complexe et très sensible, les participants ont reconnu que les travaux menés dans le cadre du Club donnent à voir les réalités saharo-sahéliennes sous des éclairages originaux ; montrant par exemple le décalage entre la « territorialisation » nationale des analyses sous-tendant les « stratégies Sahel » et les réalités des menaces qui fonctionnent autour de réseaux sociaux mouvants ignorant les frontières. Dans toutes ces dimensions, les enjeux saharo-sahéliens renvoient à la nécessité du dialogue transrégional sans lequel aucune solution durable ne pourra être trouvée. Ce dialogue est en soi un objectif et un défi que le Forum a modestement contribué à relever. Dans le domaine sécuritaire, il s’agit d’un processus long et complexe qui progresse lentement ; qui se heurte à la fragilité interne de certains États et aux désaccords géopolitiques. Il apparaît en revanche qu’un dialogue sur la coopération économique transsaharienne, les échanges, les investissements, les infrastructures est plus accessible à court terme comme en témoignent la présence et la participation active de représentants de l’Afrique du Nord et sahélienne. Construire ensemble des routes transsahariennes, aménager conjointement des espaces économiques et sociaux communs, multiplier les jumelages de villes et favoriser la coopération transfrontalière de proximité ; voilà quelques pistes prometteuses de travail liant « sécurité et développement ». Au-delà des discours, il est urgent d’agir tout en poursuivant la réflexion ; sur des instruments innovant de financement, sur des outils d’intervention alliant développement et sécurité, sur d’indispensables mécanismes de coordination appelés de ses vœux par la Communauté internationale dans le cadre de la Stratégie intégrée des Nations Unies.

Outre les deux autres réunions officiellement inscrites à l’agenda de la Semaine – le Comité des partenaires du CILSS et le GOP du Club - de nombreuses réunions parallèles se sont tenues (groupe des partenaires de la CEDEAO, Fonds régional de développement agricole de l’UEMOA, Réserve alimentaire régionale…) doublées d’un nombre indéterminé de rencontres bilatérales. Ceci témoigne de la reconnaissance, par l’ensemble des parties prenantes, de la Semaine du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest comme d’un moment utile où l’on peut, en l’espace de quelques jours, faire avancer des dossiers, tisser des liens et entretenir ses réseaux. Nous espérons retrouver cette dynamique positive lors de la prochaine édition qui se tiendra dans la semaine du 8 au 14 décembre, sans doute à Monrovia ou Freetown.

Réservez vos agendas !

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