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Partie 3 : Visions ouest-africaines

 

« Vers une utilisation harmonieuse des ressources »

Cette troisième partie développe quelques questions stratégiques liées à la valorisation des ressources pour le développement. L'équipe a donné la parole à six personnalités ouest-africaines :

> M. José BRITO | > Mme Ayoko MENSAH | > M. Ken Ofori ATTA | > M. Doumbo OGOBARA | > Mme Aminata Dramane TRAORÉ |> M. Lionel ZINSOU

>> sommaire du Rapport | 

     

    

M. José BRITO

Ministre des Affaires étrangères (Cap-Vert)

« Le Cap-Vert vient de signer un accord de partenariat spécial avec l’Union européenne. C’est le premier pays de la sous-région qui y parvient. Alors que personne n’y croyait, nous avons demandé à l’Europe de financer notre mise à niveau. Regardez ce qu’ont fait l’Espagne et le Portugal avant d’entrer dans l’Union européenne : ils ont négocié une période de transition où l’Europe a investi pour leur permettre de rejoindre la locomotive. Ainsi avons-nous négocié avec la Commission européenne. Nous avons demandé la mise à niveau du Cap-Vert. Nous avons argumenté sur le fait que nous sommes aussi à la frontière de l’Europe, que nous pouvons contribuer à sa sécurité. C’est du donnant-donnant. Le plus souvent, quand l’Europe discute avec l’Afrique, elle discute sur une base d’argent. Mais en quoi cela aide-t-il nos pays à changer ? »

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Mme Ayoko MENSAH

Rédactrice en chef du magazine « Afriscope » (France-Togo)

« Depuis les années 90, la presse privée s’est beaucoup développée en Afrique de l’Ouest, que ce soit la presse écrite ou la radio. On a désormais une offre médiatique plurielle, même si la situation est très différenciée selon les pays. On constate ainsi à la fois un certain dynamisme et une grande précarité. A l’échelle

sous-régionale, aujourd’hui, il y a des compétences qui existent. Le problème, c’est que les journalistes sont dans cette précarité alors qu’ils peuvent jouer ce rôle de vulgarisateurs et de passeurs de l’information. Ils sont souvent soumis au pouvoir politique et/ou financier. La formation est un enjeu majeur : comme dans le culturel, de nombreux professionnels ont appris sur le tas, ils manquent d’outils. Les nouvelles technologies sont une opportunité en matière de mise en réseau et d’échanges d’informations. »

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M. Ken Ofori ATTA

Co-fondateur et Président exécutif de Databank Financial Services (Ghana)

« Je pense qu’au fond nous avons tous le rêve de bâtir les Etats-Unis d’Afrique, rêve que notre premier leader (Dr. Kwame Nkrumah) nous avait fait partager. Je ne suis par conséquent pas fondamentalement contre un structure politique régionale. Mais, il convient de considérer la réalité de notre économie. Vous savez, le passage vers une économie plus moderne est un chemin long et parfois difficile. Je pense qu’il est tout à fait envisageable de penser et définir une politique économique et financière commune au niveau régional, qui accorderait par exemple des subventions agricoles à un pays x, y, Z. Le transport aérien, les systèmes de transports routiers, les échanges en matière d’énergie sont clairement des domaines dans lesquels une action régionale est possible. Donc il y a suffisamment à faire ensemble sans légiférer sur des domaines dans lesquels c’est d’abord aux citoyens de participer. »

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M. Doumbo OGOBARA

Directeur d'un Laboratoire de recherche et de formation sur le paludisme (Mali)

« Vous savez, je suis convaincu - venant d’un petit village où personne n’avait su lire et écrire avant ma génération - que le développement passe par la science et la technologie. Enfant, je mettais une semaine pour venir de mon village à Bamako. Aujourd’hui, le trajet dure 7 heures. Donc le développement de l’Afrique, c’est possible. Je dirai même mieux : on n’a pas le choix. Nous allons sauter des étapes, nous avons les outils. Aujourd’hui, dans tous les villages, il y a des téléphones cellulaires. On peut appeler son parent partout dans le monde. C’est une question de vision. Penser que le développement c’est l’or, le pétrole, le coton, c’est un raisonnement du XIXe siècle. On est au XXIe siècle. C’est la créativité, c’est la technologie, ce sont des jeunes bien formés qui sont notre richesse. »

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Mme Aminata Dramane TRAORÉ

Militante altermondialiste (Mali)

« On se moque de l'Afrique en lui donnant l'impression, ainsi qu'à la terre entière, qu'en matière de transition démocratique comme de réformes économiques, les instructions sont bonnes, mais les Etats médiocres ou défaillants dans leur mise en œuvre. De temps en temps, il arrive aux institutions internationales de financement de reconnaître leurs erreurs. […] Le premier problème de l'aide qui n'a jamais atteint les 0,7% du PIB des pays riches, est d'être l'instrument de leur propre projet de société. C'est ainsi que les pays où les dirigeants qui ne respectent pas leur choix et leur schéma d'intervention sont punis. En d'autres termes, l'aide publique au développement sert plus les intérêts des pays donateurs qu'à corriger les inégalités et les injustices de plus en plus criardes. Elle est également un moyen de corruption. »

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M. Lionel ZINSOU

Membre du Comité exécutif de PAI Partners (Bénin-France)

« La paix n’est pas une donnée d’avance. C’est un combat et l’intégration est un facteur de développement économique. Tout est lié. Par exemple, le traité sur l’harmonisation du droit des affaires (l’OHADA) conduit à la stabilisation de la région et donc à une dynamique de paix. À titre d’illustration, il n’y a théoriquement pas de barrière tarifaire quand 50% de la valeur ajoutée est réalisée sur un pays de la CEDEAO. Mais la réalité est plus compliquée, car pour parcourir les 400 kilomètres qui séparent Lagos d’Accra, on doit affronter trois frontières et plus de cinquante barrages policiers qui sont autant d’obstacles non tarifaires sur une distance qu’on effectue, par avion, en 25 minutes. »

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