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Norvège : accroître la productivité et le taux d’activité tout en améliorant l’accessibilité financière du logement aidera à préserver de hauts niveaux de vie, selon l’OCDE

 

22/02/2022 - Si le taux de vaccination élevé de la Norvège a aidé à limiter l’impact du COVID-19 sur sa population et son économie, le pays doit néanmoins s’attaquer à certains enjeux, notamment aux prix élevés du logement et à la baisse du taux d’activité, pour pérenniser ses résultats socioéconomiques solides, selon un nouveau rapport de l’OCDE.

Selon la toute dernière Étude économique de l’OCDE consacrée à la Norvège, améliorer l’efficience de la dépense publique, relever les niveaux d’emploi et de productivité et assurer l’accessibilité financière du logement seront autant de clés pour une reprise solide et durable de l’économie. Il importera également de maintenir sous surveillance étroite les tensions inflationnistes résultant des hausses de l’électricité et des goulets d’étranglement dans l’approvisionnement en semi-conducteurs et en bois d’œuvre et dans le transport maritime.

« La Norvège a bien su gérer la crise liée au COVID-19, son PIB par habitant demeure parmi les plus élevés de l’OCDE et pourtant, des difficultés restent à surmonter », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann. « La croissance plus lente du fonds souverain, alliée au vieillissement de la population, va peser sur les budgets des administrations publiques, et les prix très élevés des logements représentent un risque pour la stabilité financière. Il importera de maîtriser les tensions sur les salaires et les prix tout en prenant des mesures pour accroître l’emploi et la productivité ».

© Etudes économiques de l'OCDE : Norvège 2022 - L'impact du COVID-19 sur l'économie norvégienne a été relativement faible (graphique)Selon l’Étude, la production économique devrait évoluer légèrement au-dessus de son niveau tendanciel au cours des deux prochaines années, avec un taux de croissance du PIB estimé à 3.7 % en 2022 et 2.2 % en 2023, porté par les dépenses des ménages qui puiseront dans l’épargne accumulée au début de la pandémie. La plupart des secteurs durement touchés par la pandémie sont désormais en voie de redressement.

En revanche, la crise du COVID-19 a exacerbé les tensions sur le marché du logement en Norvège, comme dans de nombreux autres pays. Une forte demande, portée par la faiblesse des coûts d’emprunt et par le recours accru au télétravail, a entraîné une montée abrupte des prix de l’immobilier, qui ont progressé de plus de 80 % depuis 2010. Le niveau élevé des prix et la dette hypothécaire constituent un risque pour la stabilité financière, et rendent difficile une première acquisition pour les jeunes ménages. Louer un logement coûte également relativement cher par rapport à la moyenne de l’OCDE. Selon l’Étude, il conviendrait d’éliminer les obstacles bloquant l’offre de logements, par exemple en assouplissant la réglementation relative à l’occupation des sols et en aidant davantage les locataires modestes. Il pourrait être également utile d’améliorer la fiscalité sur le logement. Des réformes sont nécessaires pour garantir que les actifs immobiliers soient plutôt considérés comme d’autres investissements. Supprimer les importants avantages fiscaux accordés aux propriétaires fonciers permettrait d’atténuer la pression sur les prix des logements dans les villes où l’offre est limitée et dégagerait des recettes pour soutenir les ménages moins nantis.

Les tensions sur le marché du logement surviennent alors que la marge disponible pour affecter des dépenses publiques à de nouvelles initiatives est appelée à se contracter dans les années à venir, en raison d’une croissance plus lente du fonds souverain qui investit les bénéfices du secteur norvégien du pétrole et du gaz, ainsi que de la hausse des coûts de santé et de retraite, induite par le vieillissement démographique. Il faut axer la politique de dépenses publiques sur un meilleur rapport coût-efficacité, notamment en renforçant l’efficience des services publics et en recourant plus largement à l’analyse coûts-avantages dans les décisions d’investissement.

Gagner en productivité est également essentiel. La croissance de la productivité dans le secteur des entreprises s’est accélérée ces dernières années, mais elle demeure inférieure de moitié à ce qu’elle était il y a vingt ans. Il conviendrait d’améliorer les conditions pour les procédures de création d’entreprise et d’insolvabilité, ainsi que pour l’adoption de l’innovation et de la technologie.

Le taux d’activité en Norvège a également décroché, passant du troisième rang de l’OCDE en 2000 au 13e aujourd’hui, en partie du fait de la générosité des indemnités de maladie et des pensions de retraite et d’invalidité, qui a pour effet pervers d’éroder l’offre de main-d’œuvre. Il faudrait faire davantage pour que les régimes d’invalidité et d’indemnisation du congé de maladie facilitent le retour au travail, et lier le système de retraite à l’espérance de vie afin d’augmenter les taux d’emploi des travailleurs âgés.

Enfin, l’Étude appelle la Norvège à poursuivre sur la voie de la transition vers une économie plus verte. Le taux de pénétration des véhicules électriques en Norvège figure parmi les plus élevés au monde et l’abondance des ressources hydroélectriques permet à l’activité économique du pays de générer relativement peu d’émissions de CO2. Toutefois, cela signifie aussi qu’une grande partie des émissions est désormais générée dans des secteurs où de nouvelles réductions seront difficiles. La Norvège s’est fixé des objectifs plus ambitieux en la matière et s’appuie à la fois sur des instruments économiques, des dispositions réglementaires et des aides aux technologies vertes pour les atteindre. Il sera important d’appliquer comme prévu les augmentations proposées dans les tarifs du carbone au cours des prochaines années. Il est également important d’adopter des propositions visant à supprimer les obstacles réglementaires à l’utilisation accrue de matérieux de construction usagés. Poursuivre résolument le programme phare de captage et de stockage du carbone (Longship) soutiendrait également la transition climatique de la Norvège.

Consulter une Synthèse de cette Étude économique reprenant ses principales conclusions et ses graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).

 

Pour toute information complémentaire, les journalistes sont invités à contacter Catherine Bremer à la Division des médias de l’OCDE (+33 1 45 24 80 97).

 

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