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Emploi

Des mesures s’imposent pour s’attaquer aux blocages de l’ascenseur social

 

15/06/2018 - Alors que les inégalités de revenu se creusent depuis les années 90, la mobilité sociale marque le pas : les personnes situées au bas de l’échelle sont désormais moins nombreuses à grimper les échelons, tandis que les plus riches conservent, dans une large mesure, leurs privilèges. Or les effets d’une telle situation sur le plan économique, social et politique sont très dommageables, selon un nouveau rapport publié par l'OCDE.


L’étude « A Broken Social Elevator? How to Promote Social Mobility » montre que, compte tenu des niveaux actuels d’inégalités et de mobilité intergénérationnelle sur l’échelle des revenus, au moins cinq générations (ou 150 ans) pourraient être nécessaires, en moyenne dans les pays de l'OCDE, pour que les enfants de familles modestes parviennent à se hisser au niveau du revenu moyen.


Dans les pays nordiques, cela pourrait prendre deux à trois générations seulement, tandis que dans certaines économies émergentes, ce processus pourrait se dérouler sur neuf générations ou plus. Un enfant sur trois dont le père a des revenus modestes percevra lui aussi de faibles revenus ; pour les deux autres tiers, la mobilité ascendante sur l’échelle des revenus se limitera souvent à l’échelon voisin.


« Aujourd’hui, trop de gens se sentent laissés à l’écart et leurs enfants ont très peu de chances de réussir », déclare Gabriela Ramos, Directrice de Cabinet du Secrétaire général de l'OCDE et Sherpa pour le G20, également responsable de l’Initiative pour la Croissance inclusive de l’OCDE. « Nous devons donner à chacun la possibilité de réussir, plus particulièrement s’agissant des plus défavorisés, et veiller à ce que la croissance profite réellement à tous ».


D’une génération à l’autre, les perspectives de mobilité sur l’échelle des revenus sont généralement moins favorables dans les pays caractérisés par de fortes inégalités de revenu, et plus favorables dans les pays où les inégalités sont peu marquées. Les pays nordiques conjuguent mobilité élevée sur l’échelle des revenus et inégalités faibles, contrairement aux pays latino-américains et à certaines économies émergentes où la mobilité est faible alors que les inégalités sont prononcées.


Pour un grand nombre de personnes nées de parents peu qualifiés entre 1955 et 1975, la mobilité sur l’échelle des revenus était une réalité ; pour celles qui sont nées après 1975, elle s’est considérablement restreinte.


Sur la période des quatre ans étudiée par le rapport, 60 % environ des personnes situées dans la tranche des 20 % de revenus les plus bas s’y trouvent encore, tandis que 70 % de celles qui se trouvent au sommet s’y maintiennent au cours de la même période. Parallèlement, sur quatre ans, un ménage de classe moyenne sur sept, et un ménage sur cinq dans les catégories plus proches des bas revenus, glisse vers la tranche des 20 % de revenus les plus modestes.


Selon l'OCDE, les pouvoirs publics doivent prendre des mesures pour donner à tous la possibilité de réussir. L’accroissement des investissements consentis dans les politiques de l’éducation, particulièrement des jeunes enfants, de la santé et de la famille permettrait d’offrir des conditions plus équitables aux enfants issus de milieux défavorisés et d’atténuer les effets qu’ont les difficultés financières de leurs parents sur leurs perspectives d’avenir.


L’accès à un logement de qualité à un prix abordable et aux transports et l’amélioration de l’urbanisme contribuent également à réduire les disparités entre les régions et la concentration des ménages défavorisés dans certaines zones urbaines. On pourrait aussi renforcer la mobilité sociale en limitant l’évasion fiscale concernant l’impôt sur les successions et les donations, en élaborant des régimes fiscaux progressifs et adaptés, et en réduisant les exonérations fiscales. Enfin, pour aider les personnes qui perdent leur emploi, et plus particulièrement les travailleurs faiblement rémunérés, il conviendrait de renforcer les filets de protection sociale et les dispositifs de formation, et de rattacher les droits aux individus plutôt qu’à l’emploi qu’ils occupent.


Ce rapport s’inscrit dans le cadre plus vaste de l'Initiative pour la Croissance inclusive de l’OCDE, qui vient de publier son Cadre d'action comprenant un tableau de bord qui réunit des indicateurs et des moyens d’action permettant de lutter contre les inégalités.


L'OCDE a également lancé une version actualisée de l’outil en ligne interactif Comparez vos revenus, qui peut aisément être intégré à une page web. Disponible en onze langues, cet outil comprend de nouvelles questions sur la mobilité économique suivant les générations. Il repose sur les données les plus récentes extraites de la Base de données de l'OCDE sur la distribution des revenus. Pour les questions portant sur la perception de la mobilité économique, les données viennent de Pew Research Center.


Le rapport, ainsi que des notes par pays sur l’Allemagne, l’Australie, le Brésil, le Canada, le Chili, la Corée, l'Espagne, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon, le Mexique, le Portugal, le Royaume-Uni et la Suède, peuvent être téléchargés sur le site web de l'OCDE à l’adresse http://www.oecd.org/fr/social/broken-elevator-how-to-promote-social-mobility-9789264301085-en.htm.


Pour de plus amples informations, les journalistes sont invités à prendre contact avec Stefano Scarpetta (tél. : + 33 1 45 24 19 88),  Michael Förster (tél. : + 33 1 45 24 92 80), Stéphane Carcillo (tél. : + 33 1 45 24 80 31) ou Céline Thevenot (tél. : + 33 1 45 24 92 85) de la Division de l’emploi et des revenus de l'OCDE ou avec la Division des médias de l'OCDE (tél. : + 33 1 45 24 97 00).


Coopérant avec plus d'une centaine de pays, l’OCDE est un forum stratégique international qui s’emploie à promouvoir des politiques conçues pour améliorer le bien‑être économique et social des populations dans le monde entier.

 

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