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Économie

Afrique du Sud : améliorer la productivité et l’efficience de la dépense publique pour stimuler les niveaux de vie, selon l’OCDE

 

25/08/2022 - L’Afrique du Sud doit intensifier ses efforts de réforme pour éviter que son redressement économique après la pandémie de COVID-19 ne s’essouffle : c’est ce qui ressort d'un nouveau rapport de l’OCDE. Des faiblesses persistantes des gains de productivité et l’impact négatif sur le pouvoir d'achat de la hausse des prix de l’alimentation et de l’énergie consécutive à la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine continuent à peser sur l'activité économique. 

Selon la dernière Étude économique de l’Afrique du Sud réalisée par l’OCDE, l’amélioration du système fiscal et la réduction des dépenses inefficientes aideraient à placer les finances publiques sur une trajectoire plus durable, tandis que des mesures visant à stimuler la productivité contribueraient à raviver la croissance du PIB et à relever les niveaux de vie. Si nécessaire, le resserrement de la politique monétaire devrait être poursuivi pour permettre à l’inflation, qui touche de manière disproportionnée les ménages les plus pauvres, revienne vers la cible de la Banque de réserve. Il est également indispensable d’intensifier les efforts pour accroître le taux de vaccination contre le COVID-19 du pays, actuellement faible, afin de réduire les risques sanitaires et économiques liés à d'éventuelles vagues futures.

« Faute d'une reprise vigoureuse et durable, l’Afrique du Sud risque de perdre une partie des progrès sociaux durement acquis dans des domaines comme l’éducation, le logement, le bien-être et la santé » a déclaré le Chef Économiste par intérim de l’OCDE M. Álvaro Pereira. « Renforcer les finances publiques, mettre en place un système fiscal plus propice à la croissance et stimuler la productivité en améliorant les infrastructures, l’éducation et la concurrence et en augmentant la fiabilité de la fourniture d'électricité sont autant de mesures qui seront indispensables pour remettre la reprise sur les rails et garantir la progression des niveaux de vie. »

Les mesures décisives prises par le gouvernement d’Afrique du Sud en réaction à la pandémie ont aidé à en limiter l'impact socioéconomique. Après avoir rebondi de près de 5 % en 2021, la croissance du PIB devrait ralentir pour retomber à 1.8 % en 2022 et 1.3 % en 2023, et l’inflation s’établir à 6.3 % cette année, avec la persistance de risques liés à d'éventuelles futures vagues de COVID-19 et aux répercussions mondiales de la guerre en Ukraine.

Les pénuries d’électricité restent le point de blocage de l’activité économique qu'il est le plus urgent de résoudre, les entreprises étant touchées par l’aggravation des coupures de courant qui font suite à plusieurs années de détérioration de la fourniture d’énergie. Procéder comme prévu à la scission de l’entreprise publique d’électricité Eskom en trois entités distinctes chargées de la production, du transport et de la distribution et atténuer les obstacles réglementaires à l’entrée permettrait à d'autres producteurs de pénétrer sur le marché, contribuant à faire augmenter la production et baisser les prix, peut-on lire dans l’Étude.

La croissance de la productivité est aussi freinée par une offre insuffisante d'infrastructures de bonne qualité, qu'il s’agisse des routes, des chemins de fer ou des télécommunications. Augmenter l’efficacité des investissements publics, notamment en renforçant le processus de sélection des grands projets d’infrastructures, contribuerait à restaurer la hausse de la productivité.  

Améliorer le niveau des compétences conformément aux besoins des employeurs sera également indispensable pour stimuler la croissance du PIB. Si les résultats du système éducatif se sont améliorés ces dernières années, les progrès ont ralenti depuis 2015, et l’offre de diplômés reste limitée. La politique de l'éducation devrait viser en priorité à augmenter la qualité des établissements d’enseignement primaire et secondaire et à développer encore davantage la formation professionnelle et celle des adultes. Une modification du mode de financement des universités permettrait de réduire le coût par étudiant et d’augmenter les taux d’inscrits.

Accélérer la transition écologique en augmentant la part des énergies renouvelables contribuerait aussi à étayer la croissance en permettant des investissements et une réduction des pénuries d'électricité. La taxe carbone mise en place en 2019 est bienvenue dans un pays où le charbon reste la principale source d'énergie, mais elle devrait être progressivement relevée et les exonérations réduites.

Outre qu’il devrait favoriser l’activité économique, le système fiscal pourrait être rendu plus progressif et plus efficient pour collecter les recettes nécessaires pour réduire le déficit budgétaire et financer les investissements. Par exemple, les abattements et déductions de l’impôt sur le revenu des personnes physiques qui profitent le plus souvent aux hauts revenus pourraient être réduits, et les taxes sur les mutations de patrimoine ainsi que les droits de succession pourraient être adaptés pour limiter la transmission des inégalités de patrimoine. Une fois que l’inflation aura reflué, il sera possible de relever le taux de la TVA, relativement faible, en contrebalançant cette mesure par une augmentation des transferts aux familles modestes.

 

Note à l'intention des journalistes :

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui a son siège à Paris, est une organisation internationale qui s’emploie à promouvoir des politiques conçues pour améliorer le bien-être économique et social des populations dans le monde entier. Elle offre aux gouvernements une enceinte où ils peuvent collaborer pour échanger des expériences et rechercher des solutions à des problèmes d’ordre économique, social ou relevant de la gouvernance.

Les 38 pays membres de l’OCDE sont : l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, le Chili, la Colombie, la Corée, le Costa Rica, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, les États-Unis, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Irlande, l’Islande, Israël, l’Italie, le Japon, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, le Mexique, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République slovaque, la République tchèque, le Royaume-Uni, la Slovénie, la Suède, la Suisse et la Türkiye.

L’Afrique du Sud est l’un des cinq partenaires clés de l’OCDE avec le Brésil, la Chine, l'Inde et l’Indonésie. Les partenaires clés contribuent aux travaux de l’OCDE de façon continue et approfondie. Un élément central du programme réside dans le développement de la participation directe et active de ces pays aux travaux de substance de l’Organisation. Cela passe notamment par l’établissement de partenariats avec des organes de l’OCDE, par l’adhésion à des instruments de l’OCDE et par l’intégration dans ses systèmes de notification et d’information statistique.

À ce jour, l’Afrique du Sud a adhéré à 23 des instruments juridiques de l’Organisation, notamment dans les domaines de la lutte contre la corruption, la fiscalité, la chimie et les sciences et technologies. Elle est l’un des partenaires les plus actifs de l’OCDE dans le domaine de la coopération fiscale internationale.

D'autres informations sur la coopération entre l’OCDE et l’Afrique du Sud sont disponibles ici : https://www.oecd.org/fr/afriquedusud/lafriquedusudetlocde.htm.

 

On trouvera ici une Synthèse de cette Étude économique reprenant ses principales conclusions et ses graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).

 

Pour toute information complémentaire, les journalistes sont invités à contacter Catherine Bremer à la Division des médias de l’OCDE (+33 1 45 24 80 97).

 

Coopérant avec plus d’une centaine de pays, l’OCDE est un forum stratégique international qui s’emploie à promouvoir des politiques conçues pour préserver les libertés individuelles et améliorer le bien-être économique et social des populations dans le monde entier.

 

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