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Comment fonctionnent les échanges

D’où viennent les produits que nous achetons ? Comment se pratique le commerce aujourd’hui

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Lorsque nous pensons au commerce international, nous imaginons en général une personne ou une entreprise qui fabrique sur le territoire national la totalité des éléments d’un produit final ensuite exporté vers un autre pays. Ce mode de fonctionnement ne représente en fait que 30 % environ des échanges de biens et de services aujourd’hui ; en effet, les échanges portent en majeure partie (70 %) sur des produits, des composants et des services intermédiaires, qui constituent des segments des chaînes de valeur mondiales (CVM). La production se répartit souvent entre plusieurs pays, les différents éléments étant fabriqués là où les compétences et les matériaux nécessaires sont disponibles pour une qualité et un prix concurrentiels.

Un T-shirt peut ainsi être confectionné au Viet Nam avec du tissu importé des États-Unis, puis exporté au Canada pour y être vendu au détail. À l’autre extrémité du spectre technologique, la production d’un smartphone fait intervenir quantité de composants complexes en provenance des quatre coins du monde : le code informatique peut ainsi venir de France, la puce électronique de Singapour, les métaux précieux de Bolivie et la conception graphique des États-Unis. Même si le produit final est assemblé en Chine et expédié à des consommateurs du monde entier, cet exemple montre que de nombreux produits que nous croyons fabriqués « quelque part » résultent en réalité des efforts d’entreprises et d’individus dispersés dans un grand nombre de pays.

Les statistiques commerciales traditionnelles ne rendent pas compte de cette réalité, ce qui a conduit l’OCDE à lancer une initiative qui vise à mesurer les échanges en « valeur ajoutée » (TiVA), pour mieux comprendre leur fonctionnement effectif. L’utilisation de données TiVA permet de mieux mesurer la valeur ajoutée au produit fini par chaque pays et chaque secteur de la chaîne de valeur mondiale. Cette méthode fournit une image beaucoup plus précise des balances commerciales entre pays et de la contribution des échanges au revenu et à l’emploi. Si l’on revient à l’exemple du smartphone, les statistiques commerciales traditionnelles attribueraient 100 % de la valeur d’un iPhone assemblé en Chine aux exportations chinoises, alors qu’un calcul reposant sur la valeur ajoutée montre que 4 % seulement de la valeur totale est à mettre au crédit de la Chine – le reste étant attribué à d’autres pays qui ont fourni des moyens de production tout le long de la chaîne d’approvisionnement.

Cette nouvelle répartition de la production a permis à davantage de pays de prendre part aux échanges, et en particulier aux pays en développement d’accroître leur part dans les exportations et les importations mondiales. Ces conditions nouvelles créent des opportunités, mais font aussi monter les coûts qui résultent des obstacles aux échanges.

Lorsque les biens et les composants franchissent les frontières à plusieurs reprises au fil de leur parcours dans les CVM, les droits de douane, même modestes, s’additionnent, et les coûts de l’inefficacité des procédures frontalières sont multipliés. La facilitation des échanges – c’est-à-dire les procédures transparentes, prévisibles et simples qui accélèrent la circulation des marchandises d’un pays à l’autre – prend de plus en plus d’importance, elle est capitale en particulier pour les échanges de produits agricoles périssables ou de composants de haute technologie, qui sont très sensibles aux retards. Elle prend un caractère encore plus essentiel à l’ère numérique.

Les données TiVA font aussi ressortir l’importance des services pour le commerce mondial. Les services représentent en effet plus de 50 % des exportations mondiales totales, plus de 30 % des exportations de produits manufacturés et 25 % environ des exportations de produits agro-alimentaires en valeur ajoutée. Si l’efficience des secteurs de services est importante en soi – puisqu’ils peuvent représenter jusqu’à 80 % du PIB de certains pays – elle contribue aussi de manière essentielle à la compétitivité du pays dans d’autres secteurs.

Même si les services génèrent plus des deux tiers du PIB mondial, emploient la plus grande partie des travailleurs dans les grandes économies, créent plus d’emplois qu’aucun autre secteur et influent de façon déterminante sur la compétitivité, les obstacles aux échanges de services restent omniprésents. Des réformes de la réglementation et des mesures de libéralisation des échanges et de l’investissement sont nécessaires pour stimuler la concurrence et améliorer la productivité et la qualité des services.

 

Les obstacles non tarifaires qui résultent des réglementations nationales ou des mesures de restriction de l’investissement étranger peuvent en effet avoir de graves répercussions sur les échanges internationaux. L’enjeu consiste à répondre aux objectifs d’action tout en conservant les avantages procurés par les échanges.

Les technologies numériques et les nouveaux modèles économiques qui s’y rapportent modifient aussi la manière dont s’accomplissent les échanges. La transformation numérique réduit le coût de la participation aux échanges internationaux, met en relation un plus grand nombre d’entreprises et de consommateurs à l’échelle mondiale, contribue à diffuser les idées et les technologies et facilite la coordination des chaînes de valeur mondiales.

Même s’il n’a jamais été aussi facile de prendre part aux échanges, les opérations commerciales internationales deviennent beaucoup plus complexes et entraînent des difficultés inédites pour les entreprises, les individus et les pouvoirs publics. D’autres transformations se profilent avec les technologies nouvelles comme l’impression en 3D.

Dans cet environnement en mutation rapide, l’enjeu consiste à veiller à ce que les opportunités et les avantages attendus des échanges se concrétisent et soient partagés dans une perspective plus inclusive. La manière dont s’effectuent les échanges entre les pays compte beaucoup.

Règles de conduite : le système commercial international

Le système commercial multilatéral résulte du désir de paix formulé par les États au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, qui les a conduits à créer les mécanismes d’une coopération économique plus étroite. C’est ainsi que l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) a été signé en 1948 par 23 membres fondateurs.

Au fil des ans, les cycles successifs de négociations multilatérales ont abouti à des réductions supplémentaires des droits de douane, et de nouveaux membres ont rejoint le GATT. Le cycle d’Uruguay s’est achevé en 1993 et a débouché sur la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui a remplacé le GATT comme structure de gestion du commerce mondial. À la naissance de l’OMC en 1995, de nouvelles procédures de règlement des différends ont été mises en place, ainsi que les premières règles mondiales se rapportant à l’agriculture, aux échanges de services et à la propriété intellectuelle.

Les membres de l’OMC ont lancé en 2011 le Programme de Doha pour le développement (PDD) dans le but de faire avancer les règles commerciales et l’ouverture des marchés, en particulier dans le domaine de l’agriculture, de l’accès aux marchés de produits non agricoles et des services. Après plus de 10 ans d’impasse, ils sont parvenus en 2013 à un Accord sur la facilitation des échanges (AFE).

Malgré la lenteur des progrès observés, le système commercial multilatéral reste indispensable à la prospérité mondiale. Les règles de l’OMC ont empêché les pays de basculer dans une guerre commerciale comme celle des années 30 qui aurait gravement exacerbé la crise économique mondiale il y a dix ans. Les évolutions de l’économie mondiale et le ralentissement des échanges appellent un renforcement de l’OMC. Des efforts sont en cours pour la consolider et la moderniser, en particulier dans ses fonctions de suivi et de surveillance ou de règlement des différends, ainsi que ses fonctions de négociations visant à garantir des conditions équitables aux entreprises qui se livrent concurrence, où qu’elles se trouvent.

L’OMC continue aujourd’hui de fixer les règles de base des échanges internationaux dans plus de 160 pays, alors que s’appliquent en complément un nombre croissant d’accords commerciaux bilatéraux et régionaux (ACR) qui comprennent souvent des engagements plus profonds et plus larges d’intégration des marchés. En fait, plus de 290 ACR notifiés à l’OMC sont en vigueur aujourd’hui et plus de 30 autres accords sont en cours de négociation.

 

Bien que les ACR se développent parallèlement aux accords multilatéraux de l’OMC, beaucoup vont au-delà des règles multilatérales qu’elle a instaurées et forment un écheveau complexe d’accords préférentiels. Les domaines couverts par de nombreux ACR – investissement, mouvement de capitaux et de personnes, concurrence ou commerce électronique – sont des enjeux essentiels dont il faut tenir compte sur les marchés interconnectés d’aujourd’hui. Dans la mesure où ils vont au-delà des engagements pris auprès de l’OMC et restent ouverts à d’autres pays déterminés à se conformer à leurs règles, les ACR peuvent compléter le système commercial multilatéral.

Les États ont déployé beaucoup d’efforts au cours des 70 dernières années pour créer et maintenir un ensemble de règles commerciales mondiales qui ont conduit progressivement à l’ouverture des marchés et à une plus grande intégration économique. En savoir plus sur les raisons de l’importance de l’ouverture des marchés pour mieux comprendre leurs motivations.

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