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Investissement pour le développement

Sommet du G20 : Cadre pour une croissance forte, durable et équilibrée

 

Déclaration d’Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE, aux dirigeants du G20

 

Pittsburgh, 25 septembre 2009

 

Merci Monsieur le Président

 

 Angel Gurría, OECD Secretary-General, and Barack Obama, US President    

Je suis très honoré de participer à cette troisième édition du G20, et je tiens à remercier le Président Obama de nous avoir invités à vous rejoindre pour contribuer à ces importantes discussions. Je viens présenter les résultats des travaux que vous nous aviez confiés lors des Sommets précédents, dans les domaines de l’investissement international, des politiques du travail, de la fiscalité – domaine dans lequel, nous avons créé le Forum mondial sur la transparence fiscale qui compte 90 membres – et du financement des exportations.

 

Nous sommes prêts à poursuivre nos travaux sur ces questions et sur les autres thèmes qui nous serons  confiés par le présent Sommet. L’OCDE a élaboré une Réponse stratégique à la crise que nous mettons aussi à votre disposition.

Dans mon intervention, je souhaite toutefois mettre l’accent sur l’adoption du Cadre pour une croissance forte, durable et équilibrée. C’est là une excellente initiative et une forte contribution du G20 à l’économie mondiale. L’OCDE est prête à appuyer ce projet.   Comme l’a démontré l’action concertée opportune et efficace déployée face à la crise par les grandes économies représentées autour de cette table, beaucoup peut être fait lorsque les options et les stratégies de croissance sont mises en commun et examinées collectivement.
 

Je voudrais attirer votre attention sur le volet structurel de ce projet.  Vous êtes parvenus à un consensus sur une stratégie macroéconomique et sur la façon de réformer et de renforcer les marchés de capitaux. A mesure que nous progressons dans ce domaine,  il nous faut trouver de nouvelles sources de croissance, mais aussi de nouvelles sources de création d’emplois, et cela ne peut se faire qu’avec des politiques structurelles appropriées. La tâche est particulièrement difficile car nous luttons encore pour sortir de la récession; nous sommes confrontés à des problèmes de viabilité budgétaire, à l’augmentation du chômage, et nous savons que la crise aura des effets permanents sur nos économies, avec une baisse de la croissance et de la production potentielle.


Toutefois, même dans ces circonstances défavorables nous pouvons espérer plus de croissance et plus d’emplois si nous réalisons un dosage approprié des politiques. L’OCDE a mené des travaux approfondis sur les liens entre les politiques structurelles et la croissance ; les éléments que nous avons recueillis montrent que certaines mesures ont un impact indéniable sur le potentiel de croissance. Selon notre analyse, réformer les systèmes éducatifs pourrait entraîner une progression très sensible des niveaux de vie. Ainsi, une année supplémentaire d’études devrait accroître le PIB par habitant de 4 à 7 % dans le long terme. Une amélioration des rouages du marché du travail, par son effet stimulant sur l’offre effective de main-d’œuvre, est également susceptible de raffermir nettement le niveau de vie de nos économies.  Un programme de mesures favorisant l’activité et l’adaptabilité des marchés du travail pourrait accroître les taux d’emploi de plusieurs points de pourcentage. Dernier point, et non des moindres, un pays industrialisé type qui alignerait sa réglementation des marchés de produits sur les meilleures pratiques en usage pourrait accroître son PIB (à long terme) de 2.5 %.


Les politiques structurelles relèvent des calendriers nationaux, mais elles ont aussi beaucoup à gagner d’une approche internationale commune. Apprendre les uns des autres, définir des pratiques optimales entre pairs, mais aussi prendre en compte les effets externes des politiques structurelles menées dans un pays ou dans un groupe de pays, tout cela concourt à améliorer l’impact de ces politiques sur la croissance et la création d’emplois.  La toute première étape sur cette voie consiste à s’entendre sur des objectifs internationaux communs, tout en laissant aux pays le soin de décider de priorités d’action spécifiques, en fonction de leur niveau de développement et de leur situation propre. Cela signifie qu’il faut  identifier les domaines les plus prometteurs pour promouvoir la croissance.



Je  propose que les domaines communs  soient l’innovation et la croissance verte, et je  souhaite exposer quelques principes essentiels relatifs à ces deux domaines. Bien qu’aucun d’entre eux n’apporte d’élément  nouveau  pour traiter les problèmes de développement, ensemble ils se renforcent mutuellement, et deviennent  d’autant plus importants en raison des défis que nous affrontons aujourd’hui.  Ils pourraient devenir l’axe majeur pour l’élaboration du volet structurel du Cadre du G20. Ils pourraient même être développés sous la forme d’un plan d’action à adopter par les dirigeants du G20,  parallèlement aux accords sur la coordination macroéconomique et des réponses à court terme à la crise.
Pour mettre l’innovation et la croissance verte au coeur de nos stratégies économiques, il nous faut également  une combinaison appropriée de politiques macroéconomiques, réglementaires et structurelles.


L’innovation et la croissance verte sont des thèmes majeurs suffisamment vastes pour que chaque pays puisse adopter certaines mesures qui tiennent compte de sa situation et de ses capacités propres. Promouvoir l’innovation, ce pourrait être dans un pays réorganiser le système d’enseignement supérieur  et mieux le relier au monde de l’entreprise, et dans un autre pays améliorer la couverture et l’efficacité de l’éducation de base. Un troisième pays pourrait rencontrer davantage de problèmes du fait de son cadre de concurrence, ou pour accroître ses investissements en infrastructures.  A vrai dire, le débat se pose au niveau national, mais il y a des leçons à tirer ensemble et des questions à débattre pour optimiser ces priorités d’action.


Les politiques structurelles sont également pertinentes à d’autres fins. A terme, nous devons veiller à ce que les déséquilibres de balance courante soient soutenables. Nous savons tous que ces déséquilibres sont dans nombre de cas le symptôme de déséquilibres intérieurs, qui se traduisent par  une forte asymétrie entre l’épargne et l’investissement. C’est là que des politiques structurelles ciblées sur les problèmes du vieillissement et de la viabilité sociale peuvent avoir un rôle à jouer.
La croissance ne sera pas durable si  elle ne s’accompagne pas d’une réduction des inégalités. Les politiques structurelles, en responsabilisant les individus grâce à une meilleure éducation, en élargissant l’accès aux services de base, dont la santé, en offrant des filets de protection sociale plus efficaces, constituent autant d’ingrédients essentiels d’une stratégie pour une croissance plus équitable. Cela implique la prise en compte des besoins des économies en développement, qui auraient également besoin d’un soutien des pays du G20 pour élaborer un programme d’action adapté à leur situation. Il s’agit là encore d’un domaine où les analyses et les conseils de l’OCDE peuvent se révéler utiles.


Enfin, et surtout, les politiques structurelles peuvent apporter une contribution cruciale à la réalisation de la viabilité budgétaire.  Dans la mesure où elles accroissent la production, elles contribuent vigoureusement à modeler la dynamique de la dette et imposent une discipline aux politiques publiques, renforçant ainsi l’ éfficacité du secteur public.  De plus, les mesures structurelles rendent l’ajustement budgétaire plus crédible.  


Toutefois, comme vous le savez, les politiques structurelles exigent un gros investissement politique. Les retombées bénéfiques ne sont perceptibles qu’après un cerain temps, alors que les coûts se font sentir souvent immédiatement. La réalisation d’un consensus sur les politiques structurelles peut être facilitée si l’on fait apparaître clairement les résultats en termes de gains de PIB et de création d’emplois. Souvent, on peut y parvenir en étudiant l’expérience acquise par d’autres pays. C’est ce que fait aussi l’OCDE lorsqu’elle examine l’économie politique de la réforme, ou, comme nous disons à Paris, les moyens de “réussir les réformes”.


En conclusion, nous pouvons apporter une contribution essentielle au Cadre pour une croissance forte, durable et équilibrée en vous offrant de partager l’acquis de plus de 50 ans de travaux sur l’élaboration de politiques, domaine dans lequel l’OCDE détient un net avantage comparatif. Oui, nous pouvons le faire. De fait, nous le faisons déjà pour chacun des pays présents autour de cette table à l’exception de l’Argentine et de l’Arabie saoudite, mais cette lacune peut être comblée sans délai. Notre souhait est de pouvoir travailler ensemble sur cet important programme.

 

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