06/07/2021 - S'ils veulent mieux reconstruire, les pays en développement doivent réagir à la vague de mécontentement apparue avant la pandémie de COVID-19, selon Perspectives on Global Development 2021: From Protest to Progress? Le nouveau rapport, lancé aujourd'hui, soutient que la reprise peut créer des sociétés plus justes et des modèles économiques plus durables à condition que les gouvernements écoutent, s'engagent et autonomisent les groupes marginalisés jusqu'à lors. À défaut, le rapport s'attend à ce que le mécontentement revienne fortement au lendemain de la pandémie.
La septième édition du rapport Perspectives on Global Development révèle que le nombre de manifestations a doublé dans le monde au cours de la décennie qui a suivi la crise financière mondiale de 2008-09, en particulier dans les pays à revenu intermédiaire. Après un pic de manifestations violentes en 2019, la pandémie de COVID-19 a vidé les rues en 2020, mais seulement temporairement. Au cours de la même période, la confiance dans les gouvernements, dans la démocratie et la participation électorale ont diminué dans de nombreuses régions.
Le rapport analyse les nombreux facteurs à l'origine de ce mécontentement croissant dans les pays en développement. Joindre les deux bouts était la principale préoccupation de nombreux individus : malgré trois décennies de croissance économique quasi continue, une grande partie de la population des pays en développement avait du mal à s'en sortir, avant même que la pandémie ne frappe. Les gens exigent également de meilleurs services publics, moins de corruption et une plus grande voix au chapitre dans la gestion de leur pays, ainsi qu'une plus grande action contre le changement climatique. En outre, le rapport montre que la qualité de la démocratie se détériore dans le monde.
Nombre de manifestations par région, 1991-2019
Source: Clark, D. and P. Regan (2021), "Mass Mobilization Protest Data", Harvard Dataverse (base de données).
Le rapport constate que le mécontentement émerge de l'interaction de ces griefs avec la fragmentation des sociétés : partout dans le monde, la confiance entre les gens diminue, l'engagement civil s'affaiblit et des guerres culturelles émergent. Il examine également les facteurs politiques à l'origine de l'émergence des mouvements populistes et explique pourquoi ceux-ci sont généralement incapables de relever les défis auxquels les sociétés sont confrontées. Le rapport met en lumière les liens complexes entre les inégalités et le mécontentement, et il examine l'impact des technologies numériques, qui ont tendance à exacerber ces tendances dans le monde réel.
L'effondrement de la cohésion sociale et les ruptures du contrat social rendront extrêmement difficile une meilleure reconstruction. Le rapport soutient que les gouvernements doivent s'engager auprès des citoyens pour réparer ces lignes de faille, tracer une voie commune et créer des espaces pour le changement. Il décrit comment des approches inclusives et participatives pour transformer l'économie, renforcer les institutions, lutter contre la pauvreté et faire face à la crise climatique peuvent aider à reconstruire les sociétés après la pandémie et relever les défis de développement à plus long terme, à condition qu'elles soient bien conçues et soutenues par un véritable transfert de pouvoir et de ressources.
Pourtant, les pays en développement ne peuvent relever ces défis à eux tous seuls. Comme l'explique le rapport, le mécontentement est à bien des égards un phénomène mondial. Les pays en développement sont très vulnérables à des facteurs dépassant leurs frontières, comme l'ont démontré les récentes crises économiques, les catastrophes environnementales et, bien sûr, les pandémies. La coopération internationale est essentielle pour faire face à ces menaces, mais les institutions multilatérales sont confrontées à des doutes quant à leur légitimité et leur efficacité, en particulier pour répondre aux besoins des pays en développement.
La pandémie de COVID-19, qui continue de s'aggraver dans de nombreux pays en développement, a souligné la nécessité de nouvelles approches de la coopération internationale. À court terme, la communauté internationale a un rôle crucial à jouer pour garantir que les pays en développement accèdent aux vaccins et aux autres moyens dont ils ont besoin pour lutter contre la pandémie, éviter les crises humanitaires émergentes et coordonner l'allégement de la dette. À plus long terme, les Objectifs de développement durable et l'Accord de Paris sur le climat donnent la feuille de route pour s'attaquer aux nombreuses causes de mécontentement identifiées dans ce rapport, mais ne peuvent être atteints sans des institutions mondiales véritablement inclusives, à la hauteur de leurs ambitions universelles.
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