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Migrations et développement

Notes aux médias : La Côte d’Ivoire gagnerait à intégrer la migration dans ses stratégies de développement nationales et sectorielles, d’après un nouveau rapport conjoint du Centre de développement de l’OCDE et du CIRES

 

La Côte d’Ivoire gagnerait à renforcer les actions qu’elle met actuellement en œuvre pour faire de la migration un élément à part entière de sa stratégie de développement. C’est la conclusion d’un nouveau rapport conjoint du Centre de développement de l’OCDE et du Centre ivoirien de recherches économiques et sociales (CIRES), intitulé Interactions entre politiques publiques, migrations et développement (IPPMD) en Côte d'Ivoire.

Le rapport a été lancé aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, en présence de Madame Nialé Kaba, Ministre du Plan et du Développement, Madame Daniela Rofi, Chargée d’affaires a.i. de l’Union européenne auprès de la Côte d’Ivoire et de représentants des ministères de l’Emploi et de la Protection sociale, de l’Éducation nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, de l’Agriculture et du Développement rural et de l’Économie et des Finances ainsi que de l’Organisation internationale des migrations (OIM).

IPPMD en Côte d'Ivoire analyse les effets de la migration sur les composantes essentielles des politiques publiques : le marché de l’emploi, l’agriculture, l’éducation, l’investissement, les services financiers, la protection sociale et la santé. Par ailleurs, il examine l’influence des politiques adoptées dans ces secteurs sur tout un éventail de résultats migratoires, tels que la décision de migrer, l’utilisation des transferts de fonds, la migration de retour et l’intégration des immigrés.

Le rapport est le fruit de quatre années de travail de terrain, d’analyse empirique et de dialogue incluant la collecte de données auprès de 2 345 ménages ivoiriens, soit 13 337 individus vivant en Côte d’Ivoire et 630 émigrés. Ses résultats s’appuient sur une méthode innovante d’enquête auprès des ménages qui, pour la première fois, associe des questions sur les migrations et sur les politiques publiques. Il s’inscrit dans le cadre d’un projet comparatif plus vaste, cofinancé par l’Union européenne, qui porte également sur neuf autres pays : l’Arménie, le Burkina Faso, le Cambodge, le Costa Rica, la Géorgie, Haïti, le Maroc, les Philippines et la République dominicaine.

Les migrants et les fonds qu’ils envoient contribuent au développement de leur pays d’origine. En Côte d’Ivoire, les immigrés représentent environ 10 % de la population du pays (60 % environ viennent du Burkina Faso). Les émigrés de la Côte d’Ivoire représentent quant à eux environ 4 % de la population (plus de la moitié vivent au Burkina Faso). Leurs transferts de fonds s’élevaient à seulement 1 % du produit intérieur brut (PIB) en 2015, soit le taux le plus bas parmi les dix pays partenaires du projet.

Le rapport relève que les immigrés en Côte d’Ivoire sont moins susceptibles de bénéficier d'une protection sociale et d'aller à l'école que les personnes nées en Côte d'Ivoire, ce qui rend difficile leur intégration économique et sociale. Néanmoins, dans le cas de la Côte d’Ivoire, l’immigration favorise la diversification et l’expansion des activités agricoles. Par ailleurs, les programmes de formation professionnelle tendent à intensifier l’émigration hors de la Côte d’Ivoire, vraisemblablement parce qu'ils favorisent l’acquisition de compétences plus utiles sur le marché du travail international que sur le marché domestique. Cependant, malgré leur faible taux, les transferts de fonds contribuent tout de même à l’éducation.

Pour exploiter davantage ce potentiel, les politiques publiques gagneraient à prendre en compte systématiquement les conséquences multiples des migrations, de même que les effets des politiques sectorielles sur la migration. Ainsi, depuis 2014, la Côte d’Ivoire travaille sur une stratégie nationale de politique migratoire, et organise systématiquement des fora pour sa diaspora. Selon les recommandations du rapport, cette stratégie gagnerait à prévoir que chaque ministère examine les stratégies sectorielles sur l’ensemble du territoire national, et que des spécialistes des migrations participent aux débats.

Pour atteindre cet objectif, les autorités nationales devraient viser à instaurer un environnement dans lequel les ivoiriens ne quittent pas leur pays faute d’opportunités mais par choix, ceux qui émigrent peuvent contribuer au développement de leur pays d’origine et ceux qui immigrent contribuer au développement de leur pays d’accueil.

 

 

Pour de plus amples informations sur le projet IPPMD, veuillez consulter la page : http://www.oecd.org/fr/dev/migration-développement/ippmd-fr.htm.

Toute demande d’interview ou d’exemplaire du rapport doit être adressée à Jason Gagnon (jason.gagnon@oecd.org, +33 (0)1 45 24 98 94) du Centre de développement de l’OCDE.

 

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