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Corée

La Corée devrait accélérer ses réformes du marché du travail et de la protection sociale pour conforter une croissance qui soit inclusive

 

12/03/2018 - Grâce à son essor économique des 40 dernières années, la Corée a rattrapé le niveau de bien-être de la plupart des pays de l’OCDE. Il lui faut à présent poursuivre et accélérer les réformes de son marché du travail afin de donner un maillage plus étroit au filet de protection sociale, créer des emplois de meilleure qualité et doper la croissance inclusive, d’après un nouveau rapport de l’OCDE.


Le rapport Connecting people with jobs: Towards better social and employment security in Korea nous apprend que les organismes de protection sociale assurent aujourd’hui un revenu minimum et un accompagnement vers l’emploi à des millions de ménages dans le besoin. Emplois de piètre qualité et couverture sociale insuffisante restent cependant le lot de nombreux travailleurs en raison d’une mise en œuvre souvent déficiente des politiques et règlements. La réglementation du travail et les accords d’entreprise, au surplus, sont axés sur la protection des emplois à durée indéterminée et ne sont, dans bien des cas, d’aucune utilité à ceux qui ont un statut professionnel plus précaire.


Du fait de la segmentation du marché du travail coréen, certaines mesures demeurent sans grand effet pour les travailleurs et les chercheurs d’emplois qui en auraient le plus besoin. L’assurance-chômage, pour prendre cet exemple, n’étend sa couverture qu’à la moitié environ des travailleurs du secteur privé. En sont notamment privés 5.7 millions de travailleurs indépendants, 1.2 million de personnes employées par des proches mais aussi 4 millions de salariés qui ne sont pas affiliés alors qu’ils devraient l’être, dont beaucoup appartiennent à de petites entreprises ou au secteur informel.


À cela s’ajoute que la Corée n’assure dans les faits aucune garantie de revenu minimum aux travailleurs qui souffrent de problèmes de santé, à la différence de la quasi-totalité des autres pays de l’OCDE. Les travailleurs malades peuvent, dans certaines circonstances, percevoir des prestations d’assurance-chômage mais doivent pour cela quitter leur emploi, ce qui ne fait qu’ajouter aux difficultés de bon nombre d’entre eux et retarder la reprise d’activité. Il n’existe en Corée ni responsabilité civile de l’employeur à l’égard de ses salariés malades ni aucune forme d’aide sociale légale en cas de maladie, une double carence qui porte préjudice à des millions de travailleurs chaque année et qui est actuellement trop méconnue des responsables politiques.


Le gouvernement coréen se montre résolu à améliorer l’aide sociale et à faire en sorte que les demandeurs d’emploi et les familles actives aux revenus modestes reçoivent le soutien qui leur est nécessaire. L’OCDE lui recommande de poursuivre sur cette voie au moyen des mesures suivantes :

  • Améliorer et étendre la couverture de l’assurance-chômage, et pour ce faire :

‒ Trouver des moyens efficaces de couvrir les travailleurs indépendants en rendant l’affiliation obligatoire et élargir le bénéfice de la garantie de revenu aux personnes quittant volontairement leur emploi, une minoration des prestations venant se substituer dans leur cas à la privation pure et simple de droits, de rigueur actuellement

‒ Appliquer plus énergiquement la réglementation en vigueur de sorte que tous les travailleurs qui devraient être couverts par l’assurance-chômage lui soient bien affiliés par leur employeur. Il pourra être nécessaire à cet effet d’investir les inspecteurs du travail de pouvoirs de contrôle supplémentaires ; de renforcer la procédure d’arbitrage permettant aux travailleurs lésés de faire valoir leur droit avec effet rétroactif ; de croiser diverses sources de données administratives disponibles de manière à révéler des lacunes spécifiques en pratique

  • Améliorer la situation des travailleurs qui ont des problèmes de santé, et pour cela :

‒ Instaurer en droit une indemnité maladie patronale versée pendant 2 à 5 semaines par an pour les travailleurs réguliers, comme c’est le cas dans la plupart des pays de l’OCDE

‒ Introduire un nouveau dispositif d’assurance sociale prévoyant le versement de prestations d’assurance-maladie en espèces aux travailleurs qui font face à un problème de santé imprévu. La Corée pourrait intégrer ce dispositif à son système d’assurance-santé, ce qu’a fait le Japon ; à son système d’assurance-chômage, à l’instar du Canada ; ou en faire un dispositif autonome, à l’exemple de plusieurs autres pays de l’OCDE

‒ En parallèle à la mise en place de ces nouvelles formes de garantie de revenu, porter une attention toute particulière au rétablissement des travailleurs et à la reprise rapide de leur activité

Le gouvernement coréen peut en outre améliorer très sensiblement le sort des familles pauvres et des travailleurs pauvres du pays s’il adopte les mesures suivantes :

  • Assouplir les conditions requises pour bénéficier du Programme de garantie du minimum de subsistance en supprimant par étapes l’obligation de soutien familial, cause aujourd’hui de la non prise en charge des personnes modestes qui sont à même de recevoir une aide de leurs enfants ou de leur parents – peu importe la réalité de cette aide. Les estimations montrent que cette mesure est susceptible de faire doubler le nombre de ceux qui peuvent prétendre au minimum garanti

  • Veiller à ce que le crédit d’impôt au titre des revenus d’activité soit bien appliqué à l’égard de tous les ayants droit, de manière à améliorer ainsi leur niveau de vie et mieux récompenser le travail

 

Pour en savoir plus sur les travaux de l’OCDE concernant les stratégies d’activation et les politiques actives du marché du travail : http://www.oecd.org/fr/emploi/activation.htm.


Les journalistes sont invités à s’adresser à Christopher Prinz, de la Direction de l’emploi, du travail et des affaires sociales de l’OCDE, ou à la Division des médias de l’OCDE (tél. : + 33 1 45 24 81 18).

 

L’OCDE est un forum mondial qui œuvre, aux côtés de plus d’une centaine de pays, à l’élaboration de politiques visant à améliorer le bien-être économique social des populations du monde entier.

 

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