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Environnement

Déclaration de M. Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE à l'occasion de la Journée mondiale de l’eau 2020

 

Journée mondiale de l'eau, 22 mars 2020
Déclaration de M. Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE

 

L’eau et le climat sont les deux faces d’une même médaille. Cette année, la Journée mondiale de l’eau a pour thème « L’eau et les changements climatiques » et offre ainsi l’occasion de mettre sans équivoque ces questions inextricablement liées dans le viseur des décideurs.

 

Le changement climatique a des répercussions à tous les stades du cycle de l’eau. À l’échelle mondiale, l’aggravation des sécheresses et des inondations et l’augmentation de leur fréquence ont des effets dommageables sur les moyens de subsistance et le bien‑être des personnes. La demande d’eau devrait avoir augmenté de 55 % en 2050, date à laquelle, d’après les projections, environ 40 % de la population mondiale vivra dans des bassins hydrographiques soumis au stress hydrique. À force de reporter à plus tard une action plus énergique contre le changement climatique, le monde s’expose à une inévitable accentuation de ces phénomènes et à une urgence accrue.

 

La pandémie de COVID‑19 nous confronte aujourd’hui à une crise sanitaire mondiale et, dans le monde entier, les pouvoirs publics s’efforcent d’y réagir. La santé d’innombrables personnes, en particulier parmi les plus vulnérables, est en danger. L’eau et l’assainissement sont essentiels dans le combat d’aujourd’hui, une hygiène élémentaire et le lavage des mains étant les principales mesures protectrices. Ceux pour qui l’eau est très rare, souvent dans les pays en développement, se trouvent donc dans une situation particulièrement préoccupante. Deux milliards de personnes n’ont pas accès à une eau saine, la qualité de l’eau se détériore dans beaucoup d’endroits du monde et 4.6 milliards de personnes ne bénéficient pas d’un assainissement approprié.

 

Les interactions entre l’eau et la santé sont loin d’être les seules dont il faille tenir compte pour déterminer quelles politiques sont les plus efficaces. Il importe également de se pencher sur les synergies et les liens entre l’eau, d’une part, et l’utilisation des terres, l’agriculture, l’énergie et les villes, d’autre part.

Ces enjeux entremêlés ont d’autres conséquences diverses. Dans beaucoup de pays, ce sont les filles et les femmes qui doivent aller chercher l’eau dans huit ménages sur dix qui n’y ont pas accès sur place. Comme le dit l’ONU‑Eau, sans une eau saine, sans un assainissement adéquat et sans installations d’hygiène à domicile, sur le lieu de travail et dans les établissements d’enseignement, il est infiniment plus difficile pour les femmes et les filles de rester en bonne santé, et d’être productives et en sécurité.

 

Quel que soit le domaine, nous devons nous attacher à inscrire la résilience dans les politiques et investissements qui ont une incidence sur l’exposition aux risques liés à l’eau et sur la vulnérabilité face à ceux‑ci. Pour renforcer la résilience vis‑à‑vis des défis de l’eau et du climat, nous devons remettre en question les pratiques, politiques et institutions du passé ainsi que la conception des infrastructures et les mécanismes de financement et d’exploitation fondés sur les tendances historiques.

 

A bien des égards, il découle du changement climatique que, dans le domaine de l’eau, l’avenir sera différent du passé, et que nous devons adopter une manière de voir nouvelle et porteuse de transformations. Dans cette optique, nos actifs naturels doivent avoir une place de premier plan dans notre action. Les forêts et la végétation, par exemple, peuvent concourir à la gestion des eaux pluviales en les absorbant et en les filtrant ; les champs agricoles peuvent servir de plaines d’inondation, en complément des ouvrages classiques comme les égouts, les réseaux de drainage et les réservoirs ; et les zones humides saines jouent le rôle de filtres, retirant de l’eau les sédiments, les éléments nutritifs et les polluants, tout en piégeant du carbone. Et nous pouvons nous réjouir que des innovations apparaissent sans cesse dans le secteur de l’eau - leur nombre a presque triplé ces trois dernières décennies -, ce qui nous offre la possibilité de déployer des technologies plus résilientes.

 

Une action vigoureuse en faveur de l’eau doit aller de pair avec une action vigoureuse face au changement climatique. Pour que l’avenir soit meilleur dans ces deux domaines, il faut des efforts collectifs qui transcendent les différents secteurs de l’action publique ou l’action individuelle des pays. Nous devons unir nos forces, maintenant.

 



Vidéo : construire un avenir meilleur pour l'eau et le climat (en anglais)


Pour en savoir plus sur les travaux de l’OCDE relatifs à l’eau : www.oecd.org/water.

En tant qu’organisation pluridisciplinaire, l’OCDE juge important de mettre en relation les questions relatives à l’eau et les problématiques institutionnelles et stratégiques connexes, dont celle du climat. Certains de nos travaux les plus récents sur l’eau et le changement climatique portent sur l’agriculture (Water Risk Hotspots for Agriculture), les villes (Water and Cities: Ensuring Sustainable Futures et Water Governance in Cities), la gouvernance des inondations (Applying the OECD Principles on Water Governance to Floods) ou les stratégies d’adaptation (L'eau et l'adaptation au changement climatique ; Hausse du niveau des mers). La Recommandation du Conseil de l’OCDE sur l’eau constitue un cadre général.

L’OCDE formule des orientations sur l’action à mener dans le domaine de l’eau à l’intention de ses membres et des non‑membres. Cette activité s’appuie sur une collaboration intensive avec un éventail de partenaires et de parties prenantes rassemblés au sein des organes de l’OCDE ou de plateformes spéciales telles que la Table ronde sur le financement de l’eau, l’Initiative sur la gouvernance de l'eau et le Groupe de réflexion sur l’adaptation au changement climatique. L’OCDE apporte aussi son appui au G7 et au G20, qui encouragent à faire plus de place à la question de l’eau dans l’action conduite au niveau national.


Coopérant avec plus d'une centaine de pays, l'OCDE est un forum stratégique international qui s'emploie à promouvoir des politiques conçues pour améliorer le bien‑être économique et social des populations dans le monde entier.

 

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