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Commerce et genre

Comment le commerce peut-il contribuer à l’autonomie économique des femmes ?

La question de l’égalité des genres est passée au centre du débat public dans de nombreux pays. Si l’attention se concentre à juste titre sur le travail, les questions sociales et d’autres domaines dans lesquels l’action publique est un instrument de premier ordre pour renforcer l’autonomie économique des femmes. Les retombées que le commerce peut avoir sur les femmes suscite aussi un regain d’intérêt. Derrière ces préoccupations se profilent à la fois le souhait de promouvoir un système commercial plus équitable, dans lequel les bienfaits seraient plus partagés avec un plus grand nombre, et la possibilité pour le commerce de contribuer a des objectifs politiques plus « progressiste » ainsi qu’a des objectifs sociaux.

Aider les gouvernements à comprendre comment le commerce peut contribuer à renforcer le pouvoir économique des femmes suppose de s’interroger au préalable sur la façon dont les femmes participent au commerce en tant que chefs d’entreprise, négociantes ou employés, sur les conséquences de l’ajustement commercial pour les femmes et sur les avantages qu’elles retirent du commerce en tant que consommatrices. Cette réflexion devrait aider à dégager des priorités pour la négociation en mettant en lumière les secteurs ou les réformes susceptibles d’avoir un impact plus important (positif ou négatif) sur les femmes, ainsi que les politiques intérieures nécessaires pour que le commerce ouvre des possibilités aux femmes.

Les données continuent de poser un problème. Dans certains cas, celles dont nous disposons sont relativement bonnes, mais elles ne sont pas toujours definies par genre. Dans d’autres cas, nous manquons de données en général, en particulier sur les aspects qui sont peut-être les plus importants pour étudier les relations entre les femmes et le commerce.

Les négociantes : des femmes invisibles

D’après les données dont nous disposons, l’emploi des femmes se concentre généralement dans les petites et moyennes entreprises (PME), secteur qui n’est pas toujours traité séparément dans les statistiques du commerce. Cela dit, nous savons que les PME se heurtent à des obstacles particuliers lorsqu’elles participent aux échanges et qu’elles bénéficient de réformes qui abaissent les coûts commerciaux et facilitent les échanges.

De plus, beaucoup de PME participent au commerce international de façon indirecte : elles fournissent des biens ou des services à d’autres entreprises du marché domestique qui exportent elles-mêmes leur production à des partenaires de leur chaîne de valeur ou à des consomateurs étrangés. Les PME – et par conséquent les femmes – sont donc peut-être plus nombreuses qu’on ne le pense à prendre part aux échanges mondiaux.

La même remarque vaut peut-être aussi pour le secteur des services, où la féminisation de l’emploi est très forte. Etant donné l’importance croissante des services en tant qu’intrants utilisés dans le processus de production – ils représentent environ un tiers de la valeur des exportations de produits manufacturés et environ un quart de celles de produits agroalimentaires –, il se peut que davantage de femmes participent aussi aux échanges par l’intermédiaire des services fournis à des entreprises nationales qui exportent sur le marché international.

Enfin, à mesure qu’elle réduit les coûts, la numérisation offre sans doute aux femmes de nouvelles possibilités de participer aux échanges. Mais, pour le moment, la mesure des activités fondées sur le numérique est un projet encore inachevé.

Les employées : des femmes qui prennent part (à leur façon) aux chaînes de valeur mondiales

L’évolution du commerce mondial a des répercussions sur les femmes qui travaillent, notamment sur

Pour de nombreuses femmes, le commerce est synonyme de pouvoir économique et de hausse des revenus. Dans les pays en développement, les femmes sont souvent concentrées dans les secteurs tournés vers l’exportation, tels que l’habillement, le textile et la fabrication de matériel électronique. En tirant parti des possibilités offertes par les échanges, les femmes ont pris le contrôle d’une plus grande partie des ressources du ménage, ce qui a un effet positif sur l’investissement global dans la santé et l’éducation des futures générations.

Mais les femmes sont aussi très nombreuses dans plusieurs secteurs où des ajustements et des changements continuent de s’opérer du fait de la libéralisation des échanges, comme l’agriculture et le textile. Il faudrait de nouveaux travaux pour savoir comment évolue la situation des femmes durant les périodes d’ajustement.

Les consommatrices

En dehors de certains biens et services spéciaux, il n’est pas sûr qu’il soit justifié de considérer les femmes comme un groupe de consommateurs particulier. Certes, ce sont souvent elles qui font les achats alimentaires, mais on peut considérer que c’est le rôle qu’elle jouent au sein du ménage. La question qui se pose est plutôt celle-ci : dans la mesure où les ménages ayant à leur tête une femme sont probablement surreprésentés parmi les ménages à faible revenu, peut-on en conclure qu’ils sont aussi davantage touchés par les restrictions commerciales du fait de la hausse des prix qu’elles entraînent pour des biens essentiels comme la nourriture et l’habillement ? Là encore, des travaux supplémentaires sont nécessaires pour en savoir plus à ce sujet.

Initiatives en cours en faveur de la participation des femmes au commerce

Nos travaux à l’OCDE ont pour but d’aider les responsables à mieux comprendre comment mettre les échanges et la politique commerciale au service de l’autonomisation des femmes, mais aussi, de plus en plus, d’intégrer la dimension de l’égalité des genres dans nos autres domaines d’activité lorsque les données le permettent.

Plus généralement, en 2017, les Membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont adopté une Déclaration conjointe sur le commerce et l’autonomisation des femmes qui vise à accroître la participation des femmes au commerce. Sans être juridiquement contraignante, cette déclaration prévoit le partage d’informations sur la problématique hommes-femmes dans le cadre du mécanisme d’examen des politiques commerciales, elle vise à réduire les obstacles qui limitent la participation des femmes aux échanges et rappelle que l’initiative de l’Aide pour le commerce peut aider à mettre au point les outils nécessaires pour concevoir des politiques commerciales plus soucieuses de l’égalité hommes-femmes. Un certain nombre d’accords commerciaux bilatéraux et régionaux récents contiennent aussi des dispositions concernant le commerce et les femmes.

Actualités

Commerce et genre: Un cadre d'analyse

Faire progresser l’objectif de l’émancipation économique des femmes exigera une action politique dans un large éventail de domaines, notamment en augmentant leur participation au commerce international. Bien que les politiques commerciales ne soient pas discriminatoires de jure, elles ont un impact différent sur les femmes et les hommes en raison de conditions initiales différentes.

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