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Développement

Lutter contre la pauvreté, c’est lutter contre le sexisme

 

Il n’existe aucun endroit sur terre où les femmes ont autant d’opportunités – économiques, sociales ou politiques – que les hommes. Pour que nos engagements au titre des Objectifs de développement durable comptent, nous devons commencer par là.

Lorsque les Nations Unies ont adopté les Objectifs de développement durable (ODD) en septembre dernier, il était évident que 2015 serait une année clé pour le développement. Aujourd’hui, il est temps de transformer ce plan en action, notamment sur un élément crucial. L’une des promesses les plus importantes des ODD est la promesse d’égalité à l’égard de 50 % de la population mondiale : les femmes.

Avant tout, il faut des données plus nombreuses et de meilleure qualité. Les dirigeants du monde ne peuvent pas s’engager à « ne laisser personne de côté » si l’on ne sait pas où chacun se trouve et comment il vit. Lors de la Journée internationale des femmes, ONE a publié son deuxième rapport La Pauvreté est sexiste, présentant un index des 20 pays où il est le plus difficile d’être une femme, en tête duquel figurent le Niger, la Somalie et le Mali. L’index se fonde sur des données récentes, avec un taux de couverture des indicateurs de 80 % à travers tous les pays. Pourtant, une trentaine de pays n’ont pas pu être inclus en raison de données incomplètes. Nous sommes confrontés à une crise des données sexiste – les données ventilées par sexe sont indispensables pour savoir où et comment les femmes et les filles sont laissées de côté.

Nous savons déjà qu’elles le sont dans deux domaines : la santé et la nutrition. Si une femme ne bénéficie pas, sa vie durant, d’apports nutritionnels adéquats et de prévention contre les maladies, un cercle vicieux se crée, qui se répercutera sur son enfant. Trop d’enfants naissent sans être en pleine santé ; ils sont laissés de côté dans la course pour une vie prometteuse et prospère avant même de l’avoir commencée. Pourtant, si tous les besoins nutritionnels des femmes enceintes étaient couverts, plus de 800 000 décès de nouveau-nés pourraient être évités chaque année, et des millions d’autres pourraient vivre une vie meilleure – leur mère aussi, naturellement.

Une mauvaise nutrition dans la petite enfance n’est pas la seule menace pour les enfants. Après son cinquième anniversaire, une fillette sera encore fréquemment menacée par des maladies évitables. Dans la seule Afrique du Sud, plus de 800 filles de 15 à 19 ans sont infectées chaque semaine par le VIH. C’est pourquoi, en 2016, ONE défend la santé et la nutrition pour les femmes et les filles. L’accès aux soins et à une nutrition appropriée sont vitaux, et nous devons dépasser les obstacles s’y opposant (finance, attitudes culturelles, distance).

Pour progresser dans la lutte contre les maladies évitables (sida, tuberculose, paludisme), il faudra des investissements financiers avisés, ciblés en fonction du sexe. Il est crucial d’encourager les États africains à financer ces programmes sur leur propre budget et à s’attaquer à la corruption, qui peut paralyser les services de santé. Cependant, les donateurs internationaux ont encore un rôle à jouer. Au cours des 15 prochaines années, tandis que le secteur du développement lancera de nouvelles campagnes et exploitera de nouvelles technologies, nous devons prendre exemple sur ce qui fonctionne, comme le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Cette organisation aura vraisemblablement sauvé 22 millions de vies d’ici fin 2016, autant de personnes qui auraient sinon été perdues pour l’humanité.

Pour protéger les femmes et les filles de ces trois maladies mortelles, les dirigeants de la planète doivent renforcer leur soutien au Fonds mondial : environ 60 % de ses investissements ciblent spécifiquement les femmes et les filles. C’est pourquoi la réussite de la reconstitution des ressources du Fonds mondial, cette année, sera l’un des premiers véritables tests des Objectifs de développement durable.

Bien sûr, aucune organisation, aucune intervention, ne peut garantir à elle seule la réussite des ODD. Mais en travaillant de concert, nous pourrons voir la fin de la pauvreté, de l’inégalité entre les femmes et les hommes et des maladies évitables d’ici à 2030. C’est un défi stimulant que la société civile, les États et les entreprises peuvent relever, en travaillant ensemble. À ONE, nous sommes tous partants. Rejoignez-nous.

Voir www.one.org/fr 

Références

Black Robert E. et al. (2013), « Maternal and child undernutrition and overweight in low-income and middle-income countries », The Lancet, Elsevier Ltd

Lake Anthony et Michael Sidibé (2015), « To End the AIDS Epidemic, Start Focusing on Adolescents », www.unaids.org

The Global Fund (2015), « Le lien entre le VIH et la violence à l’égard des femmes  », www.theglobalfund.org

ONE (2016), La pauvreté est sexiste 2016, www.one.org/fr

 

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‌‌‌‌Michael Elliott

Michael Elliott
Président et directeur général, The ONE Campaign

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