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Examens par les pairs des membres du CAD

La Norvège (2004), Examen du CAD par les pairs : Principales conclusions et recommandations

 

Voir également l'aide de la Norvège - aperçu synthétique

 

La Norvège, un exemple pour l’ensemble des membres du CAD

Avec un rapport APD/RNB de 0.92 %, la Norvège se classe au premier rang des membres du CAD pour 2003 et n’est pas loin d’atteindre l’objectif de 1% fixé par son gouvernement pour 2005. En 2000, elle a été le premier pays créancier à effacer la totalité des dettes des PMA éligibles à l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Ces remises de dette n’ont pas été financées sur le budget de l’APD, auquel elles se sont donc ajoutées. La Norvège est aussi devenue l’un des principaux fournisseurs d’aide humanitaire, domaine dans lequel son action fait figure d’exemple.

Depuis l’examen de 1999, le gouvernement a renforcé son ciblage sur la lutte contre la pauvreté, en utilisant les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) comme référence. La Norvège s’est par ailleurs investie d’un rôle pilote dans les efforts d’harmonisation des pratiques des donneurs et d’alignement sur les stratégies nationales de lutte contre la pauvreté des pays partenaires en développement. Elle adopte progressivement des modalités d’aide qui font davantage place à la coordination entre donneurs, à l’efficacité de l’aide et à l’appropriation locale dans le contexte de stratégies arrêtées par les pays partenaires. Le gouvernement a en outre entériné les Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire.

Nouvelles évolutions et stratégie d’ensemble

La lutte contre la pauvreté, axe central de l’action norvégienne

Pour ce qui est de l’orientation de l’action, plusieurs documents importants centrés sur la lutte contre la pauvreté ont été diffusés depuis le dernier examen. Les principaux sont le plan d’action paru sous le titre Fighting Poverty: The Norwegian Government’s Action Plan for Combating Poverty in the South Towards 2015 (2002) et le récent livre banc intitulé Fighting Poverty Together, a Comprehensive Development Policy (2004). Trois autres documents d’orientation ont également été élaborés, sur le VIH/sida (2000), l’éducation (2003), et la construction de la paix (2004) ainsi que deux plans d’action (2004) concernant, respectivement, l’allégement de la dette et l’agriculture. Tous ces documents fournissent des indications utiles sur les principes guidant l’action de la Norvège, l’orientation de cette dernière et ses objectifs.

La Norvège s’oriente vers une approche du développement fondée sur les droits pour faire reculer la pauvreté. Elle aider les pays partenaires à tenir compte de leur obligation d’assurer le respect des droits humains (économiques, sociaux et culturels aussi bien que civils et politiques), y compris dans leurs stratégies nationales de lutte contre la pauvreté. Les pouvoirs publics continueront certes d’apporter leur appui aux organisations de la société civile qui ont vocation à surveiller de près la performance gouvernementale, mais leurs concours iront uniquement aux prestataires de services qui alignent leurs activités sur les cadres d’action nationaux, notamment les cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté (CSLP).

La réorganisation de l’administration de l’aide norvégienne, un chantier encore inachevé

En 2004, la planification, la mise en oeuvre et l’administration des activités de coopération pour le développement ont été intégrées dans les attributions du Ministère des affaires étrangères (MAE) et la prise des décisions a été encore décentralisée au profit des instances de terrain. Outre qu’elles se chargent de mettre en œuvre les programmes de développement, les ambassades sont maintenant investies d’un rôle central pour ce qui est de l’amélioration de la coordination et de la cohérence des efforts bilatéraux et multilatéraux. Les attributions de NORAD ont été modifiées, et couvrent désormais l’évaluation, l’assurance de la qualité, la gestion des connaissances et l’administration des dons au profit des organisations de la société civile et du secteur privé. En sa qualité de direction technique relevant du MAE, NORAD assume aussi un rôle de conseiller auprès du ministère et des ambassades, en tant que de besoin.
Il est encore trop tôt pour apprécier l’impact de la réorganisation. Elle a été motivée par la nécessité, d’une part, d’établir des liens plus étroits entre les politiques, la stratégie et la mise en œuvre et, d’autre part, de préciser la répartition des tâches entre le MAE, NORAD et les ambassades. Les pouvoirs publics souhaitaient en outre réduire les doubles emplois et atténuer la fragmentation des interventions d’aide, se donner des moyens accrus de nouer des liens avec tous les acteurs intéressés au niveau des pays et renforcer le ciblage sur les résultats. Il semble par ailleurs qu’une approche plus intégrée de la lutte contre la pauvreté et du développement s’imposait, de même qu’une administration de l’aide mieux adaptée aux nouvelles modalités et à la tendance au resserrement de la coordination et à la décentralisation.

Le soutien du public pour l’aide au développement ne se dément pas

En Norvège, la coopération pour le développement suscite un large consensus à l’échelon national, qu’il s’agisse du niveau des financements aussi bien que de la priorité accordée aux OMD, et peu de divergences de vues se manifestent au Parlement à propos du rôle de la Norvège sur la scène internationale. Les débats sur les questions en rapport avec le développement sont largement relayés dans les média. Parmi les questions qui y sont régulièrement abordées figurent celles relatives aux réfugiés et demandeurs d’asile, à l’annulation de la dette, au VIH/sida, au déliement de l’aide et à la responsabilité sociale des entreprises norvégiennes. Dernièrement, la publication du livre blanc du gouvernement sur la politique de développement a stimulé les échanges de vues sur les résultats du développement, l’harmonisation, la fixation des priorités et le rôle des ONG.

Recommandations

  • Le gouvernement norvégien devrait continuer de s’interroger sur les retombées que la mise en œuvre de son approche du développement fondée sur les droits pourrait avoir pour le dialogue avec les pays partenaires prioritaires de la Norvège, concernant notamment les stratégies définies localement.
  • Dans un esprit d’apprentissage mutuel, la Norvège pourrait faire profiter les autres donneurs des enseignements qu’elle a tirés de la réorganisation de son administration de l’aide.
  • Les autorités norvégiennes devraient continuer de renforcer leur ciblage sur les résultats dans le cadre des efforts collectifs des donneurs, surtout compte tenu de la place accrue accordée à l’approche sectorielle et au soutien budgétaire. Cela pourrait contribuer à asseoir le soutien du public norvégien pour la coopération pour le développement.
  • Étant donné l’accent mis dans le livre blanc sur le développement du secteur privé, la Norvège pourrait élaborer des stratégies novatrices propres à mobiliser tout le potentiel du secteur privé, en particulier dans les pays prioritaires.
  • La Norvège devrait réfléchir aux moyens d’éviter que la prise en compte systématique de la dimension égalité homme-femme ne se traduise par une perte de visibilité. Les autres donneurs seraient vraisemblablement intéressés par les enseignements qu’elle a pu tirer de sa longue expérience dans ce domaine.

Volume et répartition de l’aide

La Norvège affiche une excellente performance pour ce qui est du rapport APD/RNB…

La Norvège se classe au premier rang des 22 pays membres du CAD par la part de son RNB qu’elle consacre à l’APD. En 2003, son APD nette a totalisé 2.04 milliards USD. Après avoir fléchi au cours des années 90, sous l’effet en partie de modifications dans la méthode d’évaluation du RNB, puis à nouveau en 2000, le rapport APD/RNB de la Norvège est passé de 0.76% en 2000 à 0.92% en 2003. Le gouvernement en place a manifesté l’intention de maintenir l’objectif de 1% pendant toute la législature 2005-2009 et même au-delà. La part du RNB que la Norvège affecte à l’APD est certes bien supérieure à la moyenne du CAD - 0.41% pour 2003 - mais reste inférieure à ses niveaux du début des années 90, où elle atteignait 1.17%.

… mais son aide reste dispersée, au plan géographique aussi bien que sectoriel

L’aide bilatérale a représenté 72% de l’APD norvégienne en 2003 et s’est répartie entre 120 pays. Sur ces derniers, on comptait sept « principaux pays partenaires » (tous des PMA), contre onze jusqu’en 2001, et dix-sept « autres pays partenaires » (dont cinq étaient des PMA). Sur le total de l’aide bilatérale, 48 % sont allés à l’Afrique subsaharienne, 17 % à l’Asie du Sud et du Centre, 12 % à l’Europe, 13 % au Moyen-Orient, et 6 % à l’Amérique latine. Les apports en faveur des PMA se sont élevés à 55 %, contre 30 % pour la moyenne du CAD. Parmi les sept principaux pays partenaires, deux (le Mozambique et la Tanzanie) figurent dans liste des cinq premiers bénéficiaires de l’aide norvégienne, en volume, pour 2002-03.

La part des principaux pays partenaires dans l’APD bilatérale n’a cessé de diminuer depuis une dizaine d’années. En 2002-03, les cinq premiers bénéficiaires (dont trois sont des PMA) ont reçu 27 % de l’APD bilatérale norvégienne, contre 30 % en 1997-98. Les 20 principaux bénéficiaires s’en sont quant à eux partagés 67 %, contre 68 % toujours en 1997-98. Au cours des dix dernières années, la part de l’APD bilatérale allant à d’autres bénéficiaires a été élevée (60 % en 2002), et le nombre de ces pays a augmenté. Elle recouvre des concours multi-bilatéraux, des apports d’aide d’urgence et de secours (y compris le coût d’entretien des réfugiés pendant leur première année de séjour en Norvège), des activités à l’appui de la construction de la paix et de la démocratisation et d’aide à la transition ainsi que des programmes visant des pays du Sud-Est de l’Europe, du Caucase et de l’Asie centrale. Le nombre globalement élevé de bénéficiaires est expliqué par l’éparpillement géographique des projets des ONG, de l’origine des étudiants étrangers et des actions humanitaires.

Aucune stratégie formelle ne régit le choix entre les différents canaux d’acheminement de l’aide (bilatéral, multilatéral, ONG). Les critères déterminants sont les efforts déployés par les pays eux-mêmes pour atteindre les OMD « et d’autres objectifs de développement et droits  importants ». L’accent est mis sur la qualité de l’aide et sur l’obtention de résultats, et aussi sur le soutien apporté par l’activité considérée aux stratégies nationales de lutte contre la pauvreté et au renforcement des institutions et organisations nationales ou locales. Les secteurs d’intervention sont également dictés par les processus d’harmonisation en place dans un certain nombre de pays partenaires.

Le soutien de la Norvège s’oriente en priorité vers des domaines où il peut contribuer efficacement à faire reculer la pauvreté, à savoir l’éducation, la santé, la lutte contre le VIH/sida, le suivi des initiatives en faveur de l’eau, de l’énergie, de l’agriculture et de la diversité biologique, et les droits des groupes vulnérables. La Norvège tient également compte dans une certaine mesure de sa capacité de mettre à disposition des compétences spécialisées en la personne d’experts nationaux. Parmi les domaines où elle estime pouvoir le faire figurent la gouvernance, le développement du secteur privé et les échanges, le développement durable et la gestion des ressources naturelles, le renforcement des capacités, et la construction de la paix. En 2001 02, l’aide destinée aux infrastructures et services sociaux a absorbé 55 % de l’APD bilatérale, et 50 % en 2003-04, contre 35 % pour la moyenne du CAD. En dépit de l’importance que la Norvège déclare accorder au développement des échanges et du secteur privé, les dépenses notifiées pour ces catégories restent peu élevées.

Les institutions multilatérales bénéficient d’un vigoureux soutien

La Norvège est un ardent défenseur du système multilatéral et joue un rôle actif au sein des instances de direction des organisations multilatérales dont elle est membre. En 2003, l’aide multilatérale a représenté 28 % de l’APD norvégienne totale. La Norvège attend des organismes des Nations unies qu’ils entreprennent les réformes qu’appellent les nouvelles modalités, coordonnées, de coopération pour le développement. Elle s’unit à d’autres donneurs pour faire pression sur les instances multilatérales et inciter ces dernières à modifier leurs procédures afin de pouvoir s’associer aux dispositifs de programmation conjointe et de mise en commun de fonds instaurés dans le cadre des CSLP. En 2003, la Norvège est le pays qui a apporté la contribution la plus importante, au regard de son produit intérieur brut, aux appels mondiaux des Nations unies pour l’action humanitaire.

Le rôle et les attributions des ONG évoluent

Une des spécificités de l’APD norvégienne tient à la part très importante de cette dernière qui transite par les ONG : 22 % du total, d’après les estimations, en 2002. La Norvège a largement recours aux ONG norvégiennes pour l’acheminement de l’aide, humanitaire en particulier.
La réorganisation de l’administration de l’aide norvégienne et la tendance à l’harmonisation entre donneurs et à l’alignement sur les CSLP nationaux ont avivé le débat sur le dilemme créé par la dépendance des ONG et l’évolution du rôle de ces dernières. Plusieurs de ces organismes ont manifesté des doutes quant à leur possibilité d’exercer une influence au sein des instances multilatérales. Certaines estiment que leur aptitude à exploiter leur avantage comparatif se trouve limitée lorsqu’elles sont tenues de se plier à d’ambitieux dispositifs tels que celui mis en place en Zambie à l’appui d’une harmonisation effective. Pour ce qui est de la lutte contre la pauvreté, le rôle des ONG consistera de plus en plus à améliorer la capacité des groupes marginalisés de combattre la pauvreté. Certaines d’entre elles sont conscientes qu’elles devront vraisemblablement adapter leurs méthodes aux conditions socio économiques et politiques complexes qui prévalent dans les régions les plus démunies du monde. Quelques ONG norvégiennes voient là une ‘ouverture’ et ont entrepris de réfléchir à la manière dont elles pourraient se doter des moyens, des connaissances et de la détermination nécessaires pour aider au mieux ces groupes.

Recommandations

  • Le gouvernement norvégien mérite d’être loué pour sa détermination à consacrer 1 % du RNB à l’APD. Il est encouragé à étudier la possibilité d’une programmation pluriannuelle de ses engagements financiers pour les sept principaux pays partenaires afin d’améliorer la prévisibilité des apports à ces pays.
  • La Norvège est incitée à accroître la proportion de son aide à long terme qu’elle affecte aux pays partenaires et à évaluer l’avantage comparatif des divers canaux et modalités d’acheminement de l’aide au regard des objectifs de réduction de la pauvreté.
  • Une stratégie claire pourrait être définie pour les relations entre les pouvoirs publics et les ONG. Celle-ci devrait tenir compte des rôles divers remplis par les ONG, qu’il s’agisse de prestation de services ou de sensibilisation, et encourager cette diversité. Les critères d’attribution de ressources aux ONG et par leur intermédiaire pourraient être précisés et leur être communiqués. Il conviendrait de s’attacher davantage à évaluer la contribution apportée par ces organisations à la lutte contre la pauvreté.

Cohérence des politiques au service du développement

Globalement, les bases d’une amélioration effective de la cohérence des politiques au service du développement se mettent en place. Le livre blanc fait expressément de cette dernière un objectif. Celui-ci pourrait certes être plus étroitement raccordé aux priorités de l’ensemble de l’administration grâce à un exposé clair de la contribution qu’apporterait la cohérence des politiques à l’amélioration de l’efficacité de l’APD norvégienne. Un dialogue sur la cohérence des politiques s’est engagé dernièrement entre quatre ministères, qui pourrait être étendu à d’autres en s’inspirant de la liste indicative de conditions essentielles à la cohérence des politiques au service du développement figurant dans les Lignes directrices du CAD La réduction de la pauvreté.  Un réseau d’agents occupant des postes clés dans les différents services de l’administration a été créé, qui a pour mission d’examiner les problèmes de cohérence des politiques au service du développement.

Les autorités norvégiennes s’emploient activement, au sein des instances internationales, à rendre plus efficaces les dispositifs multilatéraux d’allégement de la dette et ont elles-mêmes mis en place pour les pays sortant d’un conflit un dispositif permettant des allégements immédiats. La Norvège soutient également sans réserve les activités visant à lutter contre la corruption. Afin de promouvoir un comportement éthique de la part des entreprises, elle a établi de nouvelles lignes directrices interdisant le recours à des entreprises qui ont contrevenu aux droits de l’homme, qui se sont compromises dans des actes de corruption ou qui ont commis des atteintes à l’environnement. Elle élabore actuellement un rapport, à l’intention de l’Assemblée générale des Nations unies, sur l’avancement de la mise en œuvre de la Déclaration du millénaire et entend pérenniser cette pratique. Elle mérite aussi d’être félicitée pour sa décision de juillet 2002 d’accorder l’accès au marché norvégien, en franchise de droit et de contingent, à tous les produits en provenance des PMA, décision qu’elle pourrait étendre à d’autres pays en développement.

Recommandations

  • Le gouvernement norvégien pourrait rendre régulièrement compte des mesures qu’il a prises pour améliorer la cohérence de ses politiques et étudier la possibilité de tenir compte des OMD dans ses décisions relatives à des domaines tels que les échanges, l’agriculture, l’environnement, la sécurité, les migrations et la politique économique. Il pourrait aussi mettre en place un mécanisme associant l’ensemble de l’administration pour renforcer la cohérence de ses politiques au service du développement.
  • Dans le cadre de ses nouvelles attributions, NORAD pourrait se voir confier pour mission de conduire des évaluations en matière de cohérence des politiques au service du développement.
  • La Norvège devrait revoir les niveaux très élevés de protection qu’elle applique pour les produits agricoles en provenance de tous les pays à l’exception des PMA ainsi que les clauses de sauvegarde associées à son système généralisé de préférences, de manière à consolider et à rendre plus durables les débouchés offerts aux pays en développement.

Gestion et mise en œuvre de l’aide

Vers un renforcement du rôle politique et stratégique des ambassades norvégiennes ?

La réorganisation de l’administration de l’aide offre l’occasion au MAE de simplifier ses structures et d’améliorer ses procédures de délégation de pouvoir de même que la répartition des tâches au sein du ministère et entre les ambassades et les services centraux. A mesure que le nouveau système se met en place, les ambassades devraient jouer un rôle grandissant dans la planification stratégique et dans le suivi des efforts d’harmonisation et d’alignement des donneurs, comme cela se passe déjà en Zambie. Elles pourraient aussi être amenées à aborder des sujets nouveaux (soutien budgétaire, construction de la paix, intégration régionale) et délicats (droits de l’homme, égalité homme-femme, action humanitaire). Du fait de l’élargissement de leurs pouvoirs, les ambassades pourraient voir leur obligation de rendre compte renforcée, à l’égard aussi bien des gouvernements partenaires que des autorités norvégiennes.

De nouveaux défis pour NORAD

Même avec la réorganisation, la NORAD dispose toujours d’une masse considérable de compétences spécialisées. Cela dit, certaines lacunes, liées en particulier à son rôle de conseil auprès des ambassades, risquent d’être difficiles à combler maintenant qu’un certain nombre de ses agents hautement qualifiés ont été transférés au MAE. Il conviendrait par ailleurs de préciser ce que recouvrent les fonctions d’évaluation, d’assurance de la qualité et de gestion des connaissance et le lien qui existe entre elles afin d’aider à mieux comprendre comment elles se complètent et se renforcent mutuellement.

Trouver le bon assortiment de compétences

La réorganisation a entraîné un redéploiement du personnel, principalement de NORAD vers le MAE et les ambassades, sans augmentation nette des effectifs ni licenciement. Il conviendra de veiller en permanence à la bonne adéquation entre les attributions de NORAD et l’éventail des compétences de son personnel. Au MAE, un certain nombre de postes nécessitent de plus en plus des compétences thématiques ou sectorielles, par exemple en matière de développement du secteur privé ou de genre, en plus de celles requises pour la conduite d’un dialogue et pour la notification. De son côté, le personnel des ambassades doit associer qualités diplomatiques, connaissances macro-économiques et expertise en matière de politique, en plus de pouvoir défendre la politique norvégienne et débattre de la position des autres pays au sein des instances de coordination. En Zambie, cela ne semble pas avoir posé problème : l’intégration des tâches en rapport avec la politique étrangère et le développement s’est jusqu’à présent bien passée, encore qu’une plus grande attention pourrait être portée à la dimension politique.

Vers l’instauration d’une culture axée sur les résultats

C’est maintenant le MAE qui assure le suivi des résultats. Il a ainsi la possibilité d’améliorer son aptitude à opérer un suivi, à raccorder les moyens mis en œuvre avec les activités et les résultats obtenus, à concentrer son attention sur l’impact de l’action engagée et à intégrer les enseignements de l’expérience dans le processus de prise des décisions. Cette solution a aussi ses inconvénients pour ce qui est de la prise en compte des résultats des évaluations réalisées par NORAD dans les orientations futures et la mise en œuvre des programmes et projets à venir, et d’une manière plus générale au niveau du renforcement du processus d’apprentissage à l’échelle du système. Le ministère et NORAD sont tous deux confrontés à un défi : trouver comment partager l’information et assurer une bonne gestion des connaissances.

De nouvelles méthodes de travail dans le contexte de l’harmonisation et de l’alignement

En tant que membre du Groupe nordique plus , la Norvège a été l’un des premiers pays à promouvoir des réformes de nature à réduire les coûts de transaction pour les pays partenaires et à accroître l’efficacité de l’aide. Elle a joué, et joue encore, un rôle constructif, au niveau bilatéral aussi bien que multilatéral, dans l’harmonisation des pratiques des donneurs et l’alignement sur les stratégies nationales de lutte contre la pauvreté.

La Norvège prévoit de mettre en place un plan pour l’harmonisation et l’alignement qui sera opérationnel à compter de janvier 2005. Y seront abordées les procédures de communication, entre le MAE et les ambassades en particulier, ainsi que la collaboration et l’harmonisation avec les institutions multilatérales. En Zambie, les autorités norvégiennes ont apporté une contribution déterminante à l’élaboration d’un plan d’action sur mesure pour l’harmonisation des pratiques des donneurs, et la première phase du processus a produit un certain nombre d’enseignements utiles. L’expérience engagée en Zambie sera présentée, de même que d’autres exercices pilotes, au Forum de haut niveau prévu en mars 2005.

Sous l’effet de l’harmonisation et de l’alignement sur les CSLP, le personnel des ambassades est de plus en plus amené à participer à des consultations avec, le plus souvent, des représentants de haut rang des ministères des finances et du plan des pays partenaires et des autres donneurs, et de moins en moins à intervenir dans la gestion au jour le jour des activités. Si on ne peut que s’en féliciter au niveau de l’appropriation locale, dans la pratique cela implique toutefois que le personnel des ambassades a du mal à rester en contact avec les réalités locales.

La volonté de changement manifestée par la Norvège au niveau de ses instruments d’action fait une réelle différence

La Norvège participe désormais à des approches sectorielles et à des initiatives de soutien budgétaire direct lorsque les conditions s’y prêtent. En Zambie, dans le secteur de l’éducation, elle a mis en commun ses ressources financières et son assistance technique avec celles d’autres donneurs, sans exigence spécifique quant à leur emploi, ce qui ne l’empêche pas de recourir aussi à des accords de jumelage. Ses lignes directrices pour le soutien budgétaire aux pays en développement, approuvées en août 2004, permettent de se faire une bonne idée des conditions dans lesquelles cette forme d’aide est susceptible d’être utilisée.

La Norvège possède aussi un portefeuille de projets et recourt de plus en plus souvent pour leur mise en œuvre à des accords de ‘participation silencieuse’, par exemple en Zambie, ou de coopération déléguée, par exemple au Malawi. Elle utilise également le jumelage entre des institutions norvégiennes et leurs homologues dans les pays partenaires, de même que la conclusion d’accords-cadres avec des organisations professionnelles norvégiennes, à la demande de NORAD. Dans le cadre d’une participation silencieuse ou d’une coopération déléguée, la contribution de chaque donneur est moins visible du fait qu’elle est mise en commun avec celle d’un autre donneur qui effectue aussi les versements. Rendre compte au public des accomplissements, en termes de résultats ou d’impact, par rapport aux OMD en particulier, est alors très difficile pour le gouvernement norvégien, comme d’ailleurs pour celui de tout autre pays donneur.

Recommandations

  • Les autorités norvégiennes pourraient préciser comment les ambassades procéderont pour mettre en œuvre l’approche fondée sur les droits.
  • Le ciblage sur les résultats devrait par ailleurs être clarifié. Il convient de s’attaquer au problème de l’amélioration du processus d’apprentissage à l’échelle du système en veillant à assurer la circulation permanente de l’information entre le MAE et NORAD et une bonne gestion des connaissances pour l’un comme pour l’autre.
  • Les autorités norvégiennes devraient veiller à ce que le système d’aide soit doté de l’assortiment de compétences voulu et de ressources suffisantes pour apporter des conseils et un appui efficaces, sur toutes les questions occupant un rang élevé dans l’échelle des priorités de la Norvège, par exemple le développement du secteur privé, et pour exploiter le vigoureux soutien dont bénéficie le genre en Norvège. Le plan d’action récemment paru sous le titre Action Plan on Fighting Poverty through Agriculture permettra d’expérimenter des conceptions et des instruments novateurs dans ces deux domaines.
  • Les pouvoirs publics devraient s’assurer que NORAD bénéficie des ressources appropriées pour s’acquitter de ses nouvelles fonctions.
  • La gestion des ressources humaines devrait être revue pour tenir compte des exigences découlant de l’utilisation du soutien budgétaire et sectoriel, de l’application d’une approche fondée sur les droits ainsi que de la nécessité de plus en plus fréquente et importante d’entretenir un dialogue avec les autres donneurs et les gouvernements des pays partenaires. Il conviendrait d’envisager de mettre en place des mesures propres à inciter le personnel à renouveler, actualiser et élargir ses connaissances, y compris par la constitution de réseaux et l’exploitation du savoir des autres.
  • La Norvège pourrait inciter tous les donneurs à œuvrer au renforcement des capacités et des compétences disponibles localement afin de faciliter le suivi par les gouvernements partenaires des efforts d’harmonisation et d’alignement des donneurs.

Action humanitaire

Une bonne performance en matière d’aide humanitaire…

La Norvège joue un rôle de premier plan dans le domaine de l’action humanitaire et apporte une contribution majeure aux opérations multilatérales dans ce domaine, par l’intermédiaire de la procédure d’appel mondial des Nations unies et du mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge. Les Nations unies, les autres organisations internationales et les ONG la considèrent comme un donneur flexible qui sait réagir au moment où il faut.

L’expérience accumulée par la Norvège dans le domaine de l’action humanitaire et de la participation à des processus de paix a contribué à renforcer le lien qu’elle établit entre paix et développement et à mettre en évidence la nécessité d’une démarche rigoureuse en matière d’aide à la transition et à la construction de la paix. Cela l’a conduite à mettre en place une ligne budgétaire spéciale pour les périodes de transition. Un cadre stratégique pour l’intégration des considérations de construction de la paix dans la coopération pour le développement a par ailleurs été élaboré

… mais un document exposant sa stratégie globale serait utile…

Il n’existe pas de document d’orientation exposant la politique humanitaire de la Norvège, en dehors de la proposition de budget soumise chaque année au Parlement. Il est en conséquence d’autant plus difficile de savoir comment sont déterminées les priorités de la Norvège et comment est garanti, dans l’action humanitaire de cette dernière, le respect des principes d’humanité, d’impartialité, de neutralité et d’indépendance lorsque plusieurs objectifs peuvent sembler entrer en  concurrence.

…et une coordination pourrait être opérée…

Les structures de gestion et les procédures liées à l’administration de l’action humanitaire demeurent complexes, ce qui rend d’autant plus indispensable une coordination efficiente. Comme de nombreux autres donneurs, la Norvège se heurte à de grandes difficultés pour optimiser la coordination, entre ministères et à l’intérieur de chacun d’eux, de ses interventions d’aide humanitaire et d’aide à la transition afin d’en garantir l’efficacité et la cohérence.

… afin de mieux répondre aux besoins émergents

Au niveau international, il a été entrepris d’améliorer les évaluations des besoins humanitaires de telle manière que les décideurs soient mieux informés des actions humanitaires à financer. Lorsque ces efforts auront porté leurs fruits, les donneurs pourront veiller à ce que les financements correspondent aux besoins et fonder leurs décisions sur des bases plus objectives.

Des solutions plus adéquates doivent être trouvées, d’une manière générale, pour associer les bénéficiaires à la conception, à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation des réponses humanitaires et cet impératif doit être mieux pris en compte dans les politiques et procédures des donneurs.

L’intensification de la coopération civile et militaire en Irak et en Afghanistan suscite, pour toutes les parties intéressées, des préoccupations majeures au regard des critères d’impartialité, d’efficacité et de sécurité. Cela ne doit pas compromettre la poursuite des objectifs et principes humanitaires ni entamer la capacité d’apporter une réponse humanitaire efficace.

L’examen de l’aide de la Norvège confirme que le manque de données pertinentes dans les systèmes statistiques du CAD rend difficile un suivi de la performance en matière d’aide humanitaire. L’absence de définition commune de l’action humanitaire et l’imprécision des notifications constituent un sérieux obstacle à l’harmonisation des pratiques des donneurs et à l’amélioration de l’efficacité.

Recommandations

  • Le gouvernement norvégien pourrait envisager d’élaborer des orientations stratégiques complètes pour son action humanitaire, y compris les interventions en rapport avec les catastrophes naturelles (en particulier celles visant à aider à les prévenir et à s’y préparer), qui garantissent le respect des principes et bonnes pratiques qu’il a entérinés en la matière. Ces dernières devraient également aborder la question de l’association des bénéficiaires.
  • La Norvège se doit d’assurer une coopération intra et interministérielle afin d’optimiser sa réponse aux crises humanitaires ainsi que ses décisions de financement d’actions humanitaires. 
  • La Norvège pourrait renforcer ses procédures afin de garantir le respect des Directives de 1994 sur l’utilisation des ressources militaires et de la protection civile dans le cadre des opérations de secours en cas de catastrophe et des Directives de 2003 sur l’utilisation des ressources militaires et de la protection civile à l’appui des activités humanitaires des Nations unies dans les situations d’urgence complexe. Étant donné qu’il n’existe pas encore de bonnes pratiques dans le domaine complexe de la coopération civile et militaire, la Norvège est bien placée pour jouer un rôle actif dans l’examen de ces questions au sein des instances internationales.
  • Afin de contribuer à améliorer le suivi financier de l’action humanitaire à l’échelle mondiale, la Norvège pourrait participer à des initiatives visant à rehausser la précision et l’actualité des données fournies par les donneurs sur leurs actions humanitaires.
    Visitez le site web de l'OCDE consacré à la Norvège.

 

 

 

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