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Examens par les pairs des membres du CAD

Grèce (2006), Principales conclusions et recommandations du CAD

 

Examen des  politiques et programmes de la Grèce en matière de coopération pour le développement

 Voir également l'aide de la Grèce - aperçu synthétique (En anglais pour le moment)

                        

Le cadre général et les nouvelles orientations

Donneur bilatéral depuis dix ans, la Grèce a adhéré au CAD en décembre 1999. Depuis cinq ans, elle a progressé dans l’organisation de son système de coopération pour le développement et augmenté son volume d’aide, mais elle a encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs qu’elle s’était fixés vis à vis du CAD et de l’Union européenne (UE). Comparée aux autres membres du CAD, la Grèce est un donneur relativement modeste qui a d’importants défis à relever sur le plan du perfectionnement de sa stratégie du développement, du renforcement de son système d’aide et de son adaptation aux nouveaux instruments de l’aide. Ce doit être désormais sa priorité, car l’engagement pris par la Grèce d’atteindre l’objectif européen de 0.51 % du revenu national brut (RNB) affecté à l’aide publique au développement (APD) implique qu’elle évolue vers un programme de plus de 1 milliard USD, soit trois fois le niveau de 2004 en termes réels. Pour cela, elle peut faire fond sur une volonté politique forte et une fonction publique motivée. En tant que membre le plus récent du CAD, la façon dont la Grèce va réagir aux difficultés et aux possibilités d’une adaptation à un contexte de l’aide en pleine évolution tout en accroissant son effort sera d’un grand intérêt non pas seulement pour le CAD, mais pour les nouveaux donneurs en général.

La situation géographique de la Grèce dans la région des Balkans explique la forte orientation régionale de son programme d’aide. Pays stable et développé environné d’un certain nombre de pays en situation d’après-conflit et/ou de transition économique, elle est confrontée à des défis particuliers illustrés par l’importance des flux migratoires et par des problèmes croissants de trafics illicites. C’est pourquoi la promotion de la démocratie et d’un développement économique durable dans la région est un axe essentiel de la politique grecque de coopération.

Depuis 2002, la Grèce joue un rôle croissant dans la communauté internationale, comme en témoignent son effort particulier de promotion de l’esprit olympique dans le monde à l’occasion des Jeux Olympiques de 2004, sa participation actuelle au Conseil de sécurité des Nations Unies et la part beaucoup plus active qu’elle prend aux activités de l’OCDE depuis deux ans (où elle a notamment assuré la présidence de la réunion ministérielle en 2006). S’agissant de son programme d’aide, elle a pris des mesures pour renforcer son cadre stratégique par un deuxième programme de coopération à moyen terme (2002-06) aligné sur les Objectifs de développement du millénaire. Comme indiqué ci-dessus, la Grèce a également réaffirmé sa volonté politique d’atteindre en 2010 l’objectif européen de 0.51 % pour le rapport APD/RNB. Son effort considérable dans le domaine de l’assistance humanitaire d’urgence (notamment à l’occasion du tsunami de 2004, du tremblement de terre au Pakistan de 2005 et de la crise au Liban de 2006) est largement reconnu. Avec un leadership politique actif pour la conception et la promotion de son programme d’aide, et le potentiel de soutien accru de l’opinion publique dont témoigne la mobilisation pour le tsunami, l’intérêt pour l’aide au développement devrait se renforcer, ce qui ouvre des perspectives optimistes au moment où la Grèce est confrontée à des défis importants sur ce plan.

Pour réaliser la forte augmentation escomptée de son volume d’aide, la Grèce a besoin de définir une approche stratégique qui prenne en compte deux dimensions : premièrement, sur le plan quantitatif, le gouvernement doit convaincre le pays de la nécessité de la très forte augmentation qu’implique l’engagement européen auquel la Grèce a adhéré. Deuxièmement, sur le plan de qualitatif, un programme d’aide plus important, plus diversifié et reposant davantage sur les initiatives des pays bénéficiaires nécessitera pour la Grèce de remanier profondément son système d’aide, notamment en terme d’approche stratégique, de gestion de l’aide et de ses modalités d’acheminement.

Faire accepter au plan national une forte augmentation de l’aide est difficile à un moment où le gouvernement est confronté à un défi majeur de mise en conformité de son budget avec le critère de Maastricht d’un déficit inférieur à 3 % du produit intérieur brut (PIB), ce qui implique une pression sur les dépenses publiques. Une autre complication tient à l’éventuel relèvement de 25 % du PIB de la Grèce proposé par Eurostat en septembre 2006. Si cette révision confirmée, elle ramènerait le déficit public en dessous des 2.6 % du PIB actuellement envisagés, mais elle augmenterait encore les dépenses supplémentaires à prévoir pour atteindre les objectifs européens de l’APD pour 2006 et 2010. L’opinion publique est très sensible aux problèmes humanitaires, mais lui faire accepter la priorité de l’aide au développement pose problème, d’autant que la Grèce va devoir envisager de se dégager progressivement des pays voisins du fait qu’à terme ces derniers ne seront plus éligibles à l’APD. La sensibilisation de l’opinion et la continuité du soutien politique et public vont être déterminantes. Les efforts actuels devront être amplifiés par une stratégie de communication renforcée. A cet égard, un enjeu majeur pour la Grèce sera de réaliser l’équilibre entre la nécessaire visibilité de son programme d’aide et de ses résultats et la perspective du développement à plus long terme qui implique de promouvoir l’initiative des pays bénéficiaires et de renforcer leurs capacités.

La Grèce est donc incitée à profiter de la préparation de son troisième programme à moyen terme pour élaborer un cadre stratégique basé sur une vision à long terme de son programme d’aide. Tout en réaffirmant l’importance centrale de la réduction de la pauvreté, ce cadre devra préciser ses objectifs et ses principes et les traduire en priorités et programmes, avec une stratégie géographique et sectorielle et les moyens correspondants, tout ceci dans le respect des critères d’efficacité de l’aide. La Grèce devra profiter du lancement de son prochain programme à moyen terme pour annoncer une stratégie claire pour son aide. Cette déclaration pourrait aider à mobiliser et à renforcer l’appui de l’opinion, ce qui est indispensable  dans la perspective de la forte augmentation du financement nécessaire d’ici 2010. La poursuite d’un dialogue plus actif avec le Parlement sur le programme d’aide de la Grèce en accroîtrait la visibilité et la transparence et renforcerait le soutien politique en faveur de la coopération grecque au développement.

Recommandations

  • Il conviendrait qu’à l’occasion du lancement de son prochain programme à moyen terme la Grèce définisse une stratégie d’aide qui lui serve de cadre et qui détermine, en fonction de ses avantages comparatifs, les priorités par pays et par secteur et la répartition entre les différents circuits de l’aide.
  • Avec les changements de dimension, de focalisation géographique et de modalités d’acheminement de l’aide de la Grèce, la transparence va devenir essentielle. Le CAD préconise un développement du dialogue avec le Parlement afin de renforcer le soutien politique à la coopération de la Grèce pour le développement. La Grèce doit aussi sensibiliser davantage son opinion aux questions de coopération pour le développement et poursuivre ses efforts pour s’assurer l’appui du public.

Volume et répartition de l’aide

L’aide de la Grèce a augmenté en termes réels entre 2001 et 2004. En 2004, ses décaissements d’APD nets se sont élevés au total à 321 millions USD, soit 0.16 % de son PNB, moins que la moyenne du CAD qui s’établit à 0.26 %.

Il y a lieu de remarquer que la Grèce fait face par ailleurs à des frais très importants – 0.07 % de son RNB en 2004 – pour accueillir dans son enseignement secondaire de nombreux élèves en provenance d’Albanie et d’autres pays en développement – même si selon les directives de notification du CAD ces dépenses ne peuvent pas être classées dans l’APD.

L’important soutien apporté aux élèves albanais du secondaire fait partie d’une politique d’ensemble de la Grèce vis à vis de l’Albanie, qui comprend la construction dans ce pays d’établissements scolaires de niveau européen et le retour des jeunes Albanais dans leur pays à 21 ans ou à l’issue de leurs études supérieures. La Grèce voit dans cette stratégie globale un test de la façon dont les donneurs peuvent s’engager auprès de pays voisins démunis. Elle estime que les dépenses qu’elle consacre aux élèves albanais du secondaire devraient pouvoir se classer dans l’APD et elle a l’intention de proposer au Groupe de travail du CAD sur les statistiques un amendement dans ce sens aux Directives applicables.

Satisfaire à l’engagement prix par l’Union européenne d’atteindre un ratio de 0.51 % d’ici 2010 va représenter un défi pour la Grèce. Compte tenu de la croissance économique, cela impliquerait que le volume net d’APD de la Grèce fasse plus que tripler entre 2004 et 2010, pour atteindre 1.2 milliard USD, ce qui implique d’élaborer et d’inclure dans le prochain programme à moyen terme un plan précis de réalisation de cet objectif, avec des objectifs annuels.

Focalisation géographique et sectorielle

Le programme d’aide bilatérale de la Grèce est centré sur 21 pays prioritaires, essentiellement situés dans la région des Balkans et de la Mer Noire. A moyen terme, certains de ces pays ne vont plus être éligibles à l’APD s’ils accèdent à l’Union européenne ou au CAD. De fait, la Grèce envisage déjà la possibilité d’accroître son activité d’aide au développement au Moyen Orient et en Afrique subsaharienne (en partie dans le cadre de l’Initiative/Programme MENA de l’OCDE et du NEPAD). Hellenic Aid devra élaborer une stratégie de ciblage. Cela impliquera de définir des critères appropriés pour la sélection de nouveaux pays partenaires en tenant compte de l’avantage comparatif de la Grèce, ainsi qu’une stratégie de communication pour expliquer au public ce déplacement géographique progressif de son aide. Ce faisant, la Grèce devra appliquer avec rigueur le concept de pays prioritaires afin que ses programmes d’aide soient efficaces. A mesure que le budget d’aide de la Grèce augmentera, les ressources supplémentaires devront être consacrées à un noyau dur de partenaires qui bénéficieront d’une part élevée de l’APD totale.

Le programme bilatéral de la Grèce est centré sur un nombre limité de priorités sectorielles conformes à son objectif global de réduction de la pauvreté. Lorsqu’elle envisagera de s’engager dans de nouveaux pays, la Grèce devra prendre en compte ces secteurs prioritaires de façon à assurer le maximum de cohérence dans son programme.

Aide multilatérale

La part de l’aide multilatérale a été progressivement réduite depuis quatre ans, et ramenée à 50 % en 2004. En dehors de la Commission européenne, qui représente 90 % de son APD multilatérale, l’aide de la Grèce est fragmentée entre de multiples organisations multilatérales, ce qui ne lui permet pas de faire entendre sa voix dans les organismes en question. Pour que la montée en puissance de son effort soit gérable, la Grèce devra affecter une part accrue de ses ressources d’aide aux circuits multilatéraux et développer une approche plus stratégique de l’aide multilatérale. En accroissant son programme multilatéral, elle devra être plus sélective. Elle devra également choisir d’affecter davantage de fonds au budget central des organisations multilatérales ou à des fonds fiduciaires multi-donneurs déjà en place, plutôt que de créer de nouveaux fonds fiduciaires ad hoc qui seraient assujettis aux intrants de source grecque.

Recommandations

  • Il faut que la Grèce s’attaque d’urgence au défi de la concrétisation de son engagement politique à atteindre d’ici 2010 l’objectif de 0.51 % pour le rapport APD/RNB. Elle devra pour cela inclure dans son nouveau programme à moyen terme un plan de croissance de son APD qui en précise à la fois le volet ressources et le volet dépenses.
  • La Grèce est incitée à élaborer une stratégie géographique à moyen terme pour sa coopération pour le développement. Ce faisant, elle devra faire attention à réaliser un équilibre entre la continuité avec ses partenaires clés dans la région et l’impératif d’ajuster progressivement son portefeuille pour tenir compte du fait qu’à terme certains de ses partenaires actuels ne seront plus éligibles à l’APD, tout en s’assurant la continuité de l’appui du public.
  • Il faudra que la Grèce continue de concentrer son aide en fonction de son avantage comparatif, afin d’en maximiser l’efficacité, et qu’elle concentre ses ressources sur un noyau dur de pays partenaires.
  • Afin de maximiser l’efficacité de son aide tout en en accroissant le volume, il faudra que la Grèce étende la part multilatérale de son aide au delà de l’UE à d’autres institutions. Ce faisant, elle devra se montrer plus sélective et adopter une approche stratégique de l’aide multilatérale.

Cohérence des politiques

La Grèce est de plus en plus consciente de la nécessité d’une cohérence des politiques en matière de développement ; elle a d’ailleurs mis en place un dispositif gouvernemental efficient dans des secteurs qui ont d’importantes ramifications sur son territoire, tels que les migrations, le trafic d’êtres humains et le blanchiment d’argent, mais aussi dans le secteur de l’environnement, suite à son adhésion à la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification. Dans ces domaines, la Grèce possède déjà des structures interministérielles en place et la coordination s’est nettement améliorée.

Dans le prolongement de la recommandation qu’il a formulée lors de son dernier examen, le CAD recommande à la Grèce de renforcer la cohérence de ses politiques de développement en tant qu’objectif du gouvernement dans le contexte de la nouvelle stratégie à moyen terme en préparation.

En s’inspirant de l’expérience des mécanismes de cohérence des politiques qu’elles ont déjà instaurés, les autorités grecques devraient envisager de mettre en place pour assurer la cohérence des politiques du développement au sein du gouvernement un cadre formel systématique de coordination. Le Comité interministériel peut être l’instance appropriée et son mandat pourrait être élargi dans ce sens. La Grèce devrait également envisager les moyens de renforcer la capacité d’Hellenic Aid pour lui permettre d’aborder des questions complexes et fournir au Comité le soutien voulu en matière d’analyse, soit en augmentant ses moyens en personnel spécialisé, soit en renforçant ses liens avec les instituts de recherche ou les universités. Ce cadre renforcerait aussi le rôle de la Commission parlementaire de la Défense et des Affaires étrangères dans la vérification de la cohérence de la législation avec l’objectif de réduction de la pauvreté.

Recommandations

  • La Grèce est encouragée à faire de la cohérence des politiques de développement un objectif fort. Son affirmation comme axe déterminant de la stratégie à moyen terme constituerait un fondement solide pour la mise en place d’un cadre formel de coordination interministérielle systématique.
  • La Grèce devrait adapter ses structures existantes de façon à susciter une attention plus systématique et plus sélective à la cohérence des politiques pour le développement. Elle pourrait envisager d’élargir à la cohérence des politiques le mandat de son Comité interministériel. Pour effectuer les travaux d’analyse nécessaires, Hellenic Aid devrait être dotée de moyens suffisants pour accéder aux informations des autres ministères, de l’UE et d’autres sources.

Gestion et mise en œuvre de l’aide

Implications pour l’organisation et la gestion d’une augmentation majeure de l’aide

Depuis cinq ans la Grèce a poursuivi ses efforts pour renforcer ses capacités institutionnelles et techniques et progresser vers plus d’efficience et de cohérence du système avec la création d’un Comité interministériel (EOSDOS) qui, sous la présidence du ministre des Affaires étrangères, fixe les orientations stratégiques du programme d’aide, la coordination de sa mise en œuvre étant assurée au sein du ministère des Affaires étrangères par Hellenic Aid. Le renforcement du rôle d’Hellenic Aid et sa professionnalisation accrue, l’amélioration des mécanismes de l’aide –– comme en témoignent notamment le processus révisé d’appel d’offres et le nouveau système de notification statistique –– ainsi qu’une plus forte présence sur le terrain constituent des progrès importants qui contribuent à améliorer l’acheminement de l’aide.

L’accroissement prévu de l’aide de la Grèce nécessitera un renforcement supplémentaire de son système de coopération pour le développement, afin qu’elle soit en mesure d’ici 2010 de gérer un programme d’un million de dollars. Malgré la réorganisation institutionnelle de 2002, le programme reste fragmenté : 17 entités appartenant à 12 ministères interviennent dans l’acheminement de l’aide bilatérale. De plus, différents ministères gèrent des circuits bilatéraux ou multilatéraux sans qu’il y ait entre eux un dialogue suffisant. Il faut que la Grèce rapproche davantage les principaux acteurs de la coopération, afin de générer davantage de synergies et de limiter les chevauchements de compétences. Les autorités devraient examiner, en tenant compte de l’expérience des autres membres du CAD, les différentes possibilités d’y parvenir, soit en faisant appel aux moyens des différents ministères, soit en créant une agence d’exécution. Le CAD recommande qu’Hellenic Aid, créée en 2002 en tant qu’organisme de coordination de la coopération grecque pour le développement, se voit confier un rôle accru au sein du système.

Ceci impliquera d’en renforcer la capacité. La structure organisationnelle définie en 2002 n’étant pas encore totalement en place, la priorité doit être l’entrée en service effective de toutes les directions et sections et la mise en place d’une Unité d’évaluation indépendante et la mise en place de la Direction des services techniques dans les meilleures conditions possibles de coût efficacité. La structure organisationnelle et les procédures demandent à être encore davantage rationalisées, comme le prévoit d’ailleurs la nouvelle loi en préparation sur l’organisation du système grec de coopération pour le développement. Hellenic Aid doit renforcer ses effectifs, qui comptent actuellement moins de 40 personnes, à la fois en nombre et en compétences. A cet égard, la Grèce devrait adopter une approche stratégique de la gestion des ressources humaines d’Hellenic Aid, sur le plan du recrutement, de la formation et de l’évolution de carrière du personnel en place à Athènes et dans les pays partenaires, afin de pouvoir compter sur le niveau et la gamme des compétences appropriés et assurer la continuité de l’exécution du programme d’aide.

Alignement des modalités d’acheminement sur les critères d’efficacité de l’aide

En dehors du programme pour les Balkans, la clé de voûte de l’acheminement de l’aide bilatérale grecque est la procédure annuelle d’appels d’offres. Cet outil est certes utile dans le cadre d’une aide projets, mais il n’est pas adapté aux dispositifs à plus long terme et aux programmes à plus grande échelle qui s’imposent si l’on veut assurer une meilleure prédictibilité de l’aide et la mise en place de capacités durables dans les pays partenaires. Ce système génère par ailleurs des coûts de transaction élevés, et risque de se traduire par une approche basée sur l’offre plutôt que sur la demande des pays partenaires. Dans la perspective de l’augmentation du volume de son aide, il faut que la Grèce envisage, à côté du mécanisme d’appels d’offres, une nouvelle approche de sa coopération pour le développement. Elle devrait à cet égard s’appuyer sur l’expérience du Plan hellénique pour la reconstruction économique des Balkans (HiPERB ou programme des Balkans).

La Grèce devra en outre approfondir le processus d’application des critères d’efficacité qui découlent de la Déclaration de Paris à laquelle elle a souscrit. Elle aura intérêt pour cela à se référer au Plan d’action pour la coordination et l’harmonisation qu’elle a publié en novembre 2004. Elle devra pour chaque pays prioritaire établir un programme stratégique basé sur les stratégies du pays partenaire, afin que celui ci puisse se l’approprier. Pour définir son aide, la Grèce doit aussi tenir compte non seulement de son avantage comparatif mais aussi de l’intervention des autres donneurs dans le pays partenaire. De même, elle devra revoir ses modalités de programmation et d’acheminement de l’aide, afin de faciliter le processus d’alignement et d’harmonisation. Cela impliquera de participer davantage à des programmes multi donneurs ainsi qu’aux approches sectorielles et de mettre en place une programmation financière pluri annuelle. Des délégations de compétences en matière de coopération sont aussi une possibilité à envisager, car ce pourrait être un bon moyen d’économiser des coûts de transaction lors de la montée en puissance du programme grec.

La Grèce est encouragée à poursuivre ses efforts de décentralisation par de plus larges délégations de compétences au niveau du terrain, en renforçant les effectifs de spécialistes de l’aide et en s’appuyant davantage sur les capacité locales au sein des ambassades de Grèce. Cela facilitera le processus d’harmonisation et d’alignement au niveau de chaque pays.

Les ONG restant un important partenaire pour l’exécution de son programme d’aide, la Grèce devra encore simplifier l’acheminement de l’aide par leur intermédiaire. Cela pourrait se faire d’abord en concluant des partenariats à plus long terme avec une sélection d’ONG à la fois efficaces et efficientes. Deuxièmement, Hellenic Aid pourrait renforcer les critères d’éligibilité et simplifier les conditions de notification applicables aux ONG qui reçoivent des fonds publics, de façon à assurer à la fois le respect des règles de transparence publique et un suivi administratif gérable pour les ONG comme pour Hellenic Aid. La Grèce pourrait à cet égard demander conseil à d’autres pays membres du CAD ; elle est par ailleurs invitée à renforcer son dialogue avec les ONG ; elle pourrait se servir pour cela de la Commission consultative nationale pour les questions d’ONG.

L’Unité d’évaluation qui doit être mise en place dans les mois qui viennent devrait permettre à la Grèce de dépasser une approche basée sur les intrants et axée sur le suivi des projets, pour adopter une approche axée sur les résultats, avec des évaluations ex post. Pour tirer le parti maximum de ce changement d’approche, la Grèce devra mettre en place des mécanismes garantissant la prise en compte, dans la gestion des connaissances et par conséquent dans la direction des programmes, des enseignements de l’expérience. Elle devra en priorité évaluer son programme dans le domaine de l’éducation pour s’assurer que cette composante importante de son programme bilatéral est un moyen efficient de construire une capacité durable dans les pays partenaires.

Recommandations

  • La Grèce devra poursuivre l’intégration de son système de coopération pour le développement.
  • Afin de renforcer sa capacité, Hellenic Aid doit mettre en place toutes les composantes de la structure organisationnelle définie en 2002 et rationaliser ses procédures. Elle devra adopter une stratégie de gestion de ses ressources humaines sur les plans du recrutement, de la formation et de l’évolution des carrières, et détacher des spécialistes de l’aide au développement dans les ambassades auprès des pays prioritaires.
  • La Grèce est encouragée à définir de nouvelles modalités de programmation et d’acheminement de son aide, en complément d’un système d’appel d’offres amélioré. Conformément aux critères d’efficacité de l’aide, elle devra établir pour chaque pays prioritaire des programmes basés sur les stratégies propres des partenaires et revoir les instruments qu’elle utilise afin de faciliter des stratégies communes avec les autres donneurs et d’accroître la prédictibilité de son aide. Les efforts de décentralisation de son programme et de délégation de compétences doivent être poursuivis.
  • La Grèce est encouragée à élaborer pour son programme d’aide une approche axée sur les résultats. Une Unité d’évaluation devra être mise en place, ainsi que les mécanismes voulus pour constituer un système de gestion des connaissances lié à la direction du programme. Eu égard à l’importance des systèmes de bourses pour l’enseignement supérieur dans le programme d’aide de la Grèce, la priorité devra être de revoir l’utilité et l’impact de ces systèmes pour le développement.

Aide humanitaire

L’aide humanitaire bénéficie d’une priorité élevée dans le programme grec de coopération internationale pour le développement, qui lui-même est considéré par le gouvernement grec comme un volet important de sa politique étrangère. La réponse rapide et massive de la Grèce aux conséquences du tsunami au Sri Lanka et dans les Maldives, qui a permis au Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan de qualifier la Grèce de “puissance humanitaire mondiale”, a illustré la volonté du gouvernement d’assurer une réponse humanitaire “dans tous les lieux du monde qui en ont besoin”. La Grèce a profité de sa récente présidence du Conseil de sécurité pour insister sur les questions humanitaires, en rappelant la priorité qu’elle attache à l’action humanitaire, qu’elle considère conforme au caractère, à l’expérience et aux valeurs du peuple grec.

L’action humanitaire de la Grèce, qui, en 2004, a concerné 25 pays, fait intervenir toute une gamme d’organismes publics et d’acteurs de la société civile. La mise en œuvre est coordonnée au niveau du ministère des Affaires étrangères par Hellenic Aid. La Grèce s’est engagée à réduire la part relative consacrée aux pays voisins et à augmenter sa réponse aux besoins humanitaires d’autres régions. Pour cela, elle devrait envisager de renforcer la capacité de ses ambassades à contribuer à l’action humanitaire dans les régions où sévissent des crises prolongées.

En tant que nouveau donneur, la Grèce peut exploiter sa propre expérience directe et relativement récente à la fois de bénéficiaire d’aide humanitaire et de fournisseur d’assistance aux pays voisins en conflit, en reconstruction ou en transition. A cela s’ajoutent d’autres avantages comparatifs : sa petite taille, sa rapidité et sa souplesse d’action.

 L’aide humanitaire grecque présente plusieurs caractéristiques : un grand sens de l’engagement public, l’implication étroite des autres administrations et un mode informel de collaboration. Amplifier la réponse humanitaire tout en maintenant les aspects positifs de ces spécificités va représenter un défi important en termes d’organisation, de partenariats et de systèmes. Dans ce contexte, tout en améliorant le système de gestion de l’aide humanitaire, il faudra tout faire pour préserver la flexibilité et l’engagement qui caractérisent aujourd’hui la réponse humanitaire grecque.

Recommandations

  • L’extension de la réponse humanitaire de la Grèce nécessite de mettre au point des systèmes de coordination plus formels aussi bien au sein du gouvernement qu’avec les acteurs extérieurs.
  • La mise au point d’une stratégie humanitaire globale explicite permettra de faire en sorte que tous ceux qui contribuent à la montée en puissance de la réponse le fassent en fonction d’une définition claire de la politique suivie et des priorités. Cette stratégie offrirait aussi des orientations claires sur la manière d’évaluer les coûts d’opportunité des différentes interventions.
  • Il serait opportun de renforcer encore la capacité des ambassades à contribuer à l’action humanitaire dans les régions où sévissent des crises prolongées.
  • Si, comme prévu, les ONG deviennent des partenaires plus actifs de la mise en œuvre de l’aide humanitaire de la Grèce, il faudra encore simplifier les procédures et renforcer les capacités pour permettre d’assurer une réponse plus étendue.

Le rapport complet du Secrétariat est à venir.