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Développement

Les pays en développement représenteront près de 60% du PIB mondial en 2030

 

16/06/2010 - La croissance rapide des économies émergentes a conduit à un recentrage du pouvoir économique : les prévisions fondées sur les analyses d’Angus Maddison, économiste de renom récemment décédé, suggèrent que le poids économique agrégé des pays en développement et des pays émergents est sur le point de dépasser celui de l’ensemble des pays développés.

Selon Perspectives du Développement Mondial : le basculement de la richesse, une nouvelle publication du Centre de Développement de l'OCDE, la crise financière et économique a accéléré cette transformation structurelle de l'économie mondiale. Les prévisions à plus long terme suggèrent que les pays en développement et les pays émergents sont susceptibles de représenter près de 60% du PIB mondial en 2030.

Figure 1 - Contribution au PIB mondial, pourcentage en parité de pouvoir d'achat


Alors que les années 90 ont été une décennie perdue pour une bonne partie du monde en développement, les taux de croissance ont augmenté de façon significative dans les années 2000, et le nombre de pays en développement convergeant fortement avec les pays de l'OCDE est passé de 12 à 65 (figure 2). Les bonnes performances de la Chine et de l'Inde ont eu un retentissement significatif sur le reste du monde en développement.

Pour répondre à cette tendance, l'OCDE tend à consolider ses relations avec les majeures économies émergentes. L’organisation consolide ses liens avec le Brésil, la Chine, l'Inde, l’Indonésie et l’Afrique du Sud, elle a récemment accueilli le Chili en tant que 31ème membre, et étendu des invitations à l’adhésion à l’Estonie, Israël et la Slovénie. La Russie est aussi en négociation actuellement pour devenir membre.


Que signifie donc la croissance des grands pays en développement pour le développement ?

Dans les pays convergents
Depuis 1990, le nombre de personnes dans le monde vivant avec moins d'un dollar par jour a diminué de plus d’un quart – soit approximativement de 500 millions. Cependant, jusqu'alors ces réductions ont été concentrées principalement dans un pays : la Chine. D’autres pays ont fait des progrès, toutefois à un rythme insuffisant pour contrer l’effet de la croissance démographique. La réduction de la pauvreté représente encore de nos jours un défi majeur pour le monde en développement. L'inégalité des revenus a également augmenté, notamment dans beaucoup de pays en développement en croissance rapide. "Grâce à la croissance rapide des économies émergentes, leurs gouvernements peuvent se permettre désormais d'augmenter les dépenses publiques dans un secteur tel que la protection sociale. Il s’agit d’un puissant outil pour réduire l'inégalité", selon Angel Gurría, Secrétaire général de l'OCDE (lire le discours intégral en anglais). "Investir dans l’infrastructure sociale peut également contribuer à diminuer la propension à épargner de ces économies, contribuant à une économie plus équilibrée."

Dans les pays pauvres et les pays en difficulté
En raison de leur croissance rapide et de leur taille, l’Inde et la Chine influencent les variables macroéconomiques clés pour les pays pauvres : les taux d'intérêt, les cours des matières premières, et les niveaux de salaire pour les emplois peu ou pas qualifiés. Ces pays ont aussi des impacts majeurs sur le commerce mondial et la configuration des investissements. Les pays pauvres et les pays en difficulté auront besoin de stratégies de développement nationales qui répondent à ces tendances globales afin de garantir leur prospérité dans une économie mondiale dans laquelle la Chine et l’Inde ont davantage de poids.

Le rapport constate qu’il est possible de tirer parti davantage des liens économiques entre les pays en développement. Ces "liens sud-sud", commerciaux, d'aide au développement et d'investissement, sont une source de savoir et de financement de plus en plus importante pour le développement. Par exemple, les gains potentiels dus à une réduction des tarifs douaniers entre les pays en développement – jusqu’aux niveaux prédominants pour le commerce entre les pays du nord – doubleraient presque les gains potentiels d’une réduction équivalente sur le commerce entre le nord et le sud (figure 3).

Somme toute, le basculement de la richesse est une bonne nouvelle pour le développement et une bonne nouvelle pour l'économie mondiale. "Alors que beaucoup d'observateurs pourraient voir l‘essor du monde en développement comme une menace à la prospérité ailleurs dans le monde, cela devrait être perçu plutôt comme une opportunité pour que l'économie mondiale passe à la vitesse supérieure" a commenté M. Gurría.

 

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